Chez Denise, la crise du logement

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C’est un vrai bonheur de voir les étrangers se serrer sur les tables  de ce restaurant historique des Halles. Ils viennent de relire encore l’article d’un guide. Ils savent qu’ils seront alignés dans la salle en couloir. Ils regardent comme un enchantement les nappes à petits carreaux. On ne leur a pas menti : c’est Paris, les Halles, les dessins et les lithos de Moretti accrochés aux murs, le coude à coude authentique (en clair, cela veut dire que des gens sont à votre table). Les serveurs sont virils, expéditifs mais savent expliquer en anglais ce que sont des <couteaux en persillade>. D’habitude, c’est plutôt débrouillez vous, on pas que ça à faire. Sur les tables voisines, on admire avec une timidité effarée les portions, il n’y a pas à dire, chez Denise, ce n’est pas la crise.

La terrine du patron. Ouah, quelle portion ! On se croirait chez l’Ami Louis. Cela dit, à y regarder de près, il y a beaucoup de porc et de gras, peu de foies de volailles et l’ensemble ne vole pas franchement haut à l’instar des rillettes, compactes, plates. Mais abondantes.

Côtelettes d’agneau. Alors qu’à toutes les tables, on se tape la cloche (grosse côte de bœuf) avec des assiettées bigrement délurées, arrivent notre tartare et les côtelettes. Pour une fois, c’est moi qui aie bien choisi : un tartare de plus de 400 grammes, relevé avec caractère et non au napalm. Les frittes font leur boulot dans le coin et arrivent en jolie petite colline. Mon vis à vis à plus de mal avec ses côtelettes. Il plisse du nez et me fait goûter. C’est vrai, elles sont étrangement légères, comme si on avait donné à manger des pops corns aux bestioles. Sans mâche, ni goût, elles sont d’une telle transparence que le malheureux, bercé par les discours ambiants, claironne discrètement : <Elles ne sont pas françaises !>. Bah, oui mon gars,  rien n’est écrit sur les murs, encore moins sur le front des serveurs.

MAIS ENCORE…

Le service. Déluré, décidé et à son affaire : ça va ! Le patron passe de temps en temps vérifier le remplissage.

Est ce cher ? La terrine à 15 €, c’est limite, les côtelettes à 26 € également, les mousses au chocolat passent pour 9 €.  Avec une bouteille de bordeaux à 25 €, cela nous fait 117€, c’est franchement pas donné. Il faudrait juste une animation spectacle : le patron en train de rire par exemple, ou un faux client chantant la Marseillaise et Mimi peau de chien.

Faut-il y aller ? Avec trois copains bien allumés, oui, sinon pour un dîner de rupture.

À la Tour de Montlhéry, Chez Denise, 5, rue des prouvaires, 75001 Paris (01.42.36.21.82). EN SAVOIR PLUS MAP

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  • Alain de Rungis
    4 octobre 2010 at 11 h 40 min

    Denise ( elle est toujours au comptoir ) c’est les Halles comme je les ai quitté en 1969. On y retourne pour l’ambiance , le coude à coude et les ripailles . Cest vrai c’est pas toujours au top ( la tête de veau est meilleure chez Drouant le jeudi et le haricot de mouton sent parfois un peu le réchauffé ) un bon point toutefois pour l’onglet et le rognon entier ,les frites sont acceptables , le brouilly abordable et le baba au rhum/chantilly peut se manger à quatre …Alors on pardonne les inperfections , on y va entre potes et on passe un bon moment, on sort rassasiés , l’oeil humide et l’esprit heureux