Caffé Tréo, l’hypnose marchande

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Dans le Figaroscope

Parfois, en se promenant dans les grands magasins, on se retrouve devant ce genre de <corner> dont on ne sait pas quoi penser…Vitrine commerciale,  table virtuelle, prétexte…On évite, parfois à tort car se planquent des formules toutes simples, certes gorgées de marketing habile (faire connaitre une marque) mais cela passe. en me baladant dans le Lafayette Gourmet qui m'a toujours laissé indécis, incertain (le vrac du RER, l'alternance du bon et du moins bon,du cheap et du chic). Le Figaroscope m'y a envoyé l'autre jour, résultat des courses…

Vous connaissez sans doute cette douce torpeur qui vous envahit lorsque vous vous promenez dans un grand magasin. Il y a comme une gangue qui vous enrobe, vous fait marcher comme porté par des angelots ; un tapis volant, une somnambulation douce. Pour un rien, on basculerait dans une fièvre acheteuse, une frénésie de pic vert. Il doit y avoir des élastiques invisibles qui vous font voleter comme le volant du badminton.

Lorsqu’on ressort, on est franchement étrange. Au bout de ses doigts, des sacs ; dans son porte feuille, pourtant, il y a les mêmes billets, mais la carte magique est passée par là. Presque pas de traces, c’est la nouvelle hypnose marchande, l’impunité des cartes de crédit dont on signe les reçus comme des milliardaires improvisés. Les nourritures des grands magasins appartiennent sans doute à cette galaxie soyeuse. Elles glissent en nous avec quiétude, presqu’impunément. C’est tout juste si l’on se souvient. Pourtant dans votre poche, il y a un reçu : souvenez-vous, il y a quinze minutes, vous étiez attablé au Caffé Tréo.

Ce traiteur importateur de produits italiens s’est installé dans l’un des temples du goût parisien : le Lafayette gourmet. Vous êtes là flottant dans un océan de victuailles et de saveurs, happés par les odeurs et les néons. De temps à autres, quelques petits stands vous apaisent de leur hospitalité. On se juche sur leurs hauts tabourets. C’est parfait. La carte est donc ici axée sur les pates et les charcuteries, avec jambons, mozzarella et bien entendu la traditionnelle composition légumière. L’assiette est franchement abondante, un peu empilée mais convenable dans ses produits. Légumes variés, assaisonnement un peu trop discret mais roquette fraîche et accrocheuse ; mozzarella paisible. C’est parfait pour un repas, le genre de plat de l’impuni, quasiment défacturé, indolore, sain et vertueux.

Clientèle de cadres commerciaux du coin en gyrophare de drague, vendeuses faussement inattentives, touristes épuisés, passants et grignoteurs.  Service plaisant, et bien sur épatant en tout début de service avec les coulisses en voix live, les commentaires sur les clientes, les remarques du supérieur à ses collaborateurs. Extra ! Est-ce cher ? L’assiette de légumes avec mozzarella 13,20, ce n’est pas donné. Mais les produits sont corrects. Faut-il y aller ? Si vous êtes dans le magasin, à la limite.

Caffé Treo, Lafayette Gourmet, 48, bd Haussmann, 75009 Paris (01.40.23.52.67). Du lundi au samedi.

  • Lucia
    14 octobre 2010 at 12 h 33 min

    Mah, cher François, pour moi Tréo contribue à donner une idée un peu quelconque des produits italiens… C’est pal mal, sans plus.
    Alors que une « vrai » mozza, duvrai bon jambon de parme…beh c’est VRAIMENT autre chose e vous le savez, cela ne fait aucun doute.
    Alors la question que je me pose est la suivante: Pourquoi les traiteurs italiens ne se efforcent pas de faire mieux?
    Et encore: pourquoi ici in Frace il n’y pas « eataly » qui a pourtant fraîchement débarqué à Nex York? Ecco.