Rien de tel qu’un restaurant à l’heure du déjeuner. Il est dans son expression la plus simple. C’est presque l’envers du décor. Les barmen sont déjà en train de préparer les jus de pamplemousse du soir, les serveurs regardent l’heure avant de rejoindre la salle de musculation… Le restaurant est dans sa simplicité, dans sa nature. À poil. Il est presque dans la péréquation avec le quartier, la rue. Lorsque cela ne marche pas, cela saute aux yeux. L’adresse est superfétatoire, de guingois, mal à propos. En dehors du réel dans son trébuchement, son hiatus. Ici, en revanche, au Café Moderne, lorsque la porte ouvre sur la rue, il y a comme une continuité. Entre Bastille et l’intérieur. Du reste, le décor est so Onzième : chaises du métropolitain parisien (toutes droites et en bois), solide bar et ses tabourets, longue salle avec, tout au fond, l’atelier en verrière grappillée naguère sur la cour. Dans l’entrée, il y a encore la guérite du marchand de tabac… Il ne reste plus qu’à s’attabler…
LA FORMULE DU DÉJEUNER. Pour 14 euros, la petite assiette de l’entrée (format dessert) est emplie d’une salade d’épinards avec oeuf mollet, lardons et noix. L’assaisonnement est plaisant et l’ensemble présente une jolie mâche, allègre et délurée. Le grand hit du Café Moderne, ce sont les boulettes. On peut les commander à toutes les sauces (quatre) et avec les garnitures en option. Va pour les frites (un peu molles, un peu grassouillettes), les boules dites « modernes » (origan, boeuf, oignons) et une sauce tapée au hasard, histoire de faire swinguer le tout : pesto. On ne peut pas dire que ce soit léger, même solidement lestant, limite écoeurant. Cela dit, c’est le propre de ce genre de restaurant de se laisser aller, de voguer avec paresse vers les nourritures du même métal. On se laisse porter avec une solide régression. Après tout, le moment du repas, que ce soit au déjeuner ou au dîner, appartient à un relâchement total. On déroge, on mord la ligne jaune, on s’embarque en dépit du bon sens.
MAIS ENCORE
LE SERVICE. Très sympa, décontracté mais efficace et à l’écoute.
LA CLIENTÈLE. Au déjeuner, beaucoup de voisins et de collègues entre eux. C’est ici une table amicale, voire conviviale, où l’on se salue entre habitués ; une sorte de cantine bonhomme et sincère. Du coup, il y a là un climat où l’on aimerait être un petit chat, planqué près du radiateur, laissant le jour filer. Atmosphère rehaussée d’une bande-son irréprochable passant du Velvet Underground, à André 3000, via la B.O. de Drive, Otis Redding… Bien !
LA CLIENTÈLE. Au déjeuner, beaucoup de voisins et de collègues entre eux. C’est ici une table amicale, voire conviviale, où l’on se salue entre habitués ; une sorte de cantine bonhomme et sincère. Du coup, il y a là un climat où l’on aimerait être un petit chat, planqué près du radiateur, laissant le jour filer. Atmosphère rehaussée d’une bande-son irréprochable passant du Velvet Underground, à André 3000, via la B.O. de Drive, Otis Redding… Bien !
FAUT-IL Y ALLER ? Oui !
EST-CE CHER ? Sincèrement la formule du midi à 14 euros (entré + plat + café) tient la route.
Café Moderne, 19, rue Keller, XIe. Tél. : 01 47 00 53 62. Fermé le lundi.
Gould
27 décembre 2013 at 8 h 47 minC.est un crève-cœur pour ceux qui ont connu le vrai Café Moderne qui siégea au même endroit pendant quelques décennies. Jadis bistrot de quartier propriété d’Omar (il reste Chez Omar rue de Bretagne maintenant), j’y mangeai régulièrement le meilleur pavé au poivre de Paris. Serveurs charmants, même décor néo-bistrot sans façon, pas de bobos attablés ou de BO branchée pour donner le change mais des familles, le tatoueur du coin…
Et puis un midi sans avertissement, juste avant de pousser la porte, j’ai senti que quelque chose avait changé: personnel rajeuni, burger ou boulettes (!) au menu sur ardoise, murs repeints couleurs orange ou ocre je ne sais plus. Ils ont quand même gardé les lustres, les banquettes, les volumes et la verrière. Je suis reparti l’appétit coupé me faire des pâtes à la maison.
Il m’a fallu du temps pour retrouver le personnel : l’un des deux serveurs a repris un bistrot pas très loin, le second est dans le XIXe et les deux cuistots a la retraite.
Suis je le seul a être nostalgique?
T. Tilash
27 décembre 2013 at 13 h 36 minNon Gould, vous n’êtes pas seul… sur mon blog j’écrivais :
Le couscous n’est plus, les tajines sont rentrés au bled… Des burgers, des tartares et des boulettes ont pris leur place.
La salade Caesar tient la route, quoiqu’un peu sucrée. Le burger est franchement pas mal, avec un bun à la fine pellicule croustillante et au cœur moelleux, et une viande de bœuf presque faisandée et intense. Les frites maisons sont un peu molles mais ça passe. Par contre les boulettes sont bien trop fermes, la sauce au champignon sans intérêt, et la polenta crémeuse prend un peu trop de place dans l’assiette.
Le tout sent un peu trop le déjà-vu, et malgré une qualité globale respectable on ne peut s’empêcher de verser une petite larme de nostalgie en relisant l’article ci-dessous… (l’article en question parlait bien sûr de l’ancien Café Moderne…)