Café de la paix, lui, c’est le pompon !

Paris, café d ela paix
Ce qu’il y a de chouette avec Paris, c’est que, bonne fille, elle donne ce que l’on attend d’elle. Jusqu’à l’ivresse, jusqu’au bonheur mais aussi la caricature, l’excès, la nausée. Régulièrement, on sursaute. De partout, dans les grandes institutions comme dans les troquets. Au carrefour de l’Odéon, il est 20 heures, à la brasserie le Horse, personne ne vient pour le règlement de vos consommations, vous filez en salle, avisez un serveur. Celui-ci est de très méchante humeur et dans un bougonnement de dogue vous envoie balader. Il y a à Paris cette vigueur amère, ces morsures suaves, ces dagues à tout va. On pourrait aller un peu partout au hasard que la giboulée reviendrait comme une mascarade. Au hasard, et grande manufacture de contrariétés, le Café de la Paix. Même les serveurs, entre eux, se cherchent et se toisent, s’imposent et se tancent. On ne croit pas un instant au « Bonjour, monsieur », surjoué dans un foutage de gueule inimité dans le monde.
 Au début, vers midi, le service est en position pause, autour de la caisse, papotant pour enfin se retourner vers le problème majeur des restaurants : à savoir les clients. On apporte la carte, le serveur manque de se faire raboter le derrière par un malabar sortant son « chaud devant » comme un klaxon de camion. Amabilité commerciale, efficacité à la chaîne, ça file à tel point qu’un junior loupant le décollage façon hélicoptère renverse un bol de salade sur l’épaule d’un client. Pfou, ça ruisselle de partout : maïs, cubes de jambon, feuilles de salade. On aperçoit des croûtons les fesses en l’air, une frisée sans tenue, un anchois sans espoir, des câpres sans espérance. On frotte l’épaule de l’arrosé. On le palpe presque (les os sont en place), vérifie le grain du tissu comme l’aile d’une voiture éraflée. L’homme semi irrité mais bon joueur se désape ; sa veste file à la réception. Le serveur revient triomphant avec l’engin restauré, l’assistance est (vaguement) rassurée.

Paris, café d ela paix, salade
Curieuses nourritures tombées (elles aussi, décidément) du frigo, à l’instar de cette salade Café de la Paix, arrivant quasiment gelée. Du coup, paradoxe similaire avec les plateaux de fruits de mer sortant d’un iceberg, on a l’impression que c’est frais. Non, c’est froid, très froid, limite crème glacée. Ça fait drôle de boulotter ainsi son avocat comme un sorbet. Pas mauvais au demeurant, mais gentiment hostile dans une profusion aseptisée.
En fait, l’assiette ne fait que ressembler aux clients. Ils sont un peu perdus, osent à peine se raccrocher aux serveurs dont les cravates sont assorties au jaune d’oeuf. C’est un curieux climat de pension de famille en chaussures Méphisto et sac Delsey rabattu sur la poitrine comme si des hooligans allaient surgir à tous moments d’un abribus. Il y a là un désenchantement froissé, un doute sur le produit (où est passé Paris ?), une incertitude traduite dans les vêtements froissés, les mines mâchées. Les passants ne font même pas le boulot. On est loin de Saint-Germain et des dégaines désinvoltes. Ici, on saccage le travail, même pas de regard dans le reflet de la vitrine, juste un défilé de bras ballants… la neurasthénie du voyage. On est dans une fausse gravure d’époque à l’instar de cette reproduction de Manet, accrochée dans la salle à manger.
 Ajoutez à cela un café liégeois expédié pour 17 euros, c’est un peu raide, non ?
Paris, Café de la paix, liéeois
Café de la Paix, InterContinental, 12, boulevard des Capucines, IXe. Tél. : 01 40 07 36 36. Ouvert tous les jours.
  • seb
    20 juin 2013 at 13 h 04 min

    Mais quelle idée de fréquenter encore de tels endroits Monsieur SIMON. Je me demande même si vous n’êtes pas en état de récidive !
    Chassez définitivement cette adresse de votre mémoire et faites nous découvrir les vraies bonnes adresses parisiennes.

  • Claire
    20 juin 2013 at 13 h 39 min

    La réputation du lieu est effectivement execrable mais un truc a éveillé ma curiosité dernièrement : il parait qu’ils font un petit déjeuner chinois pour les clients du grand Est,vous l’avez essayé ?

  • Jean-Michel
    20 juin 2013 at 20 h 18 min

    Mr Simon à tout fait raison de faire les commentaires sur ce genre d ‘endroit car c’est malheureusement la représentation de la France pour la plupart des touristes d’ou notre réputation à travers le monde pour ce genre de comportement que j’ ai vécu à maintes reprises il faut en parler pour que cela change .Quant aux bonnes adresses Parisiennes Mr Simon les trouve et en parle réguliérement et ses commentaires sont toujours pertinents

  • LobsterMayo
    21 juin 2013 at 5 h 21 min

    Pauvre service c’est vrais, mais à qui la faute? les employés sont presque payés au salaire minimum aujourd’hui et il faut travailler le soir, le dimanche et les fêtes…Le patron lui n’as pas réduit le nombre de cigare qu’il fume par jour dans sa jaguar.

  • François
    21 juin 2013 at 18 h 36 min

    Quand on fait une critique sur un établissement, il faut aller jusqu’au bout, ce que visiblement vous ne savez pas faire.
    Que vous ayez fait un repas décevant à la « brasserie » c’est possible, bien que de mon côté j’en ai fait déjà plusieurs, excellents.
    Le côté « gastronomique » du Café de la Paix est sous la responsabilité d’un excellent chef qui s’appelle Christophe Raoux et si vous ne le savez pas, il était élève d’Alain Ducasse. Je vous conseille d’aller goûter sa cuisine, non seulement elle vaut le déplacement mais également comme le dit un guide bien connu  » vaut le détour ». Les produits sont acheminés journellement du marché de Rungis et d’une qualité et d’une fraîcheur irréprochables.
    Quand à certaines adresses que vous indiquez dans vos chroniques, pour en avoir testé quelque unes, je vous conseille de vous en tenir à l’écriture et de laisser tomber les critiques gastronomiques, c’est vraiment en tout état de cause, préférable, je n’aurai pas la méchanceté de descendre certains établissements comme vous le faite, préférant passer sous silence les « mauvaises » adresses testées et recommandées par vos soins.