Buenos Aires, déjà la fin du voyage alors, fugue dans la pampa…

DSC02861

Lorsque l’emprise de la ville est trop forte, il faudrait immédiatement reculer comme devant une braise trop ardente. Prendre une voiture, un chauffeur qui bombe pour rejoindre la Bamba. Laisser la ville s’étouffer sous ses propres embrassades (le tiers de la population argentine , 14 millions, vit à Buenos Aires) et passer à l’horizontale dans la Pampa. Après deux-trois kilomètres de pistes, un portail s’ouvre, sur le domaine manucuré de Areco, une admirable demeure au « colonial luxury ». Un gaucho vous attend dès l’entrée et au galop vous ouvre le chemin. Dans un somptueux travelling, voici un domaine dédié au chevaux,  au polo, à une lente et profonde inspiration du pays. Onze chambres au luxe calme, au plancher sombre et lourd; cuisine  country chic. 

Après cela vous pouvez  repartir à l’assaut de la ville. Cette fois ci, vous commencez à savoir placer les curseurs, déceler les pliures, localiser les vertiges et l’animalité de la ville. On peut même y trouver des rythmes cinglants comme dans un rush de jazz, façon « Whiplash » (2014, Damien Chazelle), une giclée d’eau de Cologne, un verre d’eau glacée. Ce soir, au restaurant de Francis Mallmann, Patagonia Sur, il n’y a que deux tables. nous serons que trois donc, dans cette salle à manger de maison. Hauts murs recouverts de cuir, bibliothèques vitrées, vaisselle de partout et des plats au chic délassé: des pêches rôties au prosciutto et amandes grillées; viandes juste saisie avec une sauce chimichurri; joli malbec et service en creux, efficace et discret. Ensuite quelques verres au bar restaurant Dada et sa faune électrique, puis déambuler encore, rentrer à l’hôtel, cette fois la version contemporaine de Alvear Palace, Alvear Arte, dans sa verticalité arty, chambres au confort épuré, vue définitive sur la ville.

IMG_5713Il faudra alors savoir se retirer de ce somptueux traquenard urbain, ce piège irrésistible. Continuer de marcher, se porter son regard au dessus du premier étage, oublier les magasins de photocopies et flâner ainsi jusqu’à la Boca. Francis Mallmann, chef majeur américain, est là dans son canapé, sous son béret de velours bleu. Il parle de sa voix grave et belle de la ville. Evoque non sans panache  ce que fut l’une des plus riches villes au monde: « On faisait alors venir d’Europe, les maitres de chais pour procéder chaque année, au renouvellement des bouchons des grands crus ». Dans son restaurant, il n’y a que deux tables « je n’aime pas tellement la vie mondaine ». Repartir ainsi dans la chaleur des rues, ressentir ce souffle qui s’inspire de Violet le Duc à Liverpool. Et constater à l’aéroport que sur son épaule, il y a comme une morsure. La marque d’une ville, le début d’un infini sentiment.

Demain: l’entretien avec Francis Mallmann, vous verrez, un régal !

  • Vincent Wallard
    14 avril 2016 at 12 h 47 min

    Alors là, je ne savais pas que vous aviez fait un tour à Buenos aires, je vous aurais donné 2/3 adresses de camarades français qui pratiquent une restauration originale …. « A nos amours » et » Los Divinos ».
    Je fais du vin dans la région de Mendoza – Tupungato depuis 5 ans et y ai vécu 6 ans.
    A part Francis Mallman en Argentine et Mauro Colagreco en France, les portes paroles de la cuisine argentine sont peu nombreux , il y a quand même Fernando di Tomaso avec la Pulperia et Biondi, Matias de Valentini, Max Solazzo avec Cartel Ocho ….
    En tout cas, quel luxe et quel plaisir de faire de votre passion votre gagne pain !!!!!
    au plaisir
    vincent Wallard
    Cuatro Manos
    Vins de la Cordillère