Boulogne-sur-mer : chronique d’un hareng voyageur

Chatillon 
Il n'y pas longtemps je suis allé me changer les idées à Boulogne…J'en ai fait une petite chronique pour le Figaro. Elle était beaucoup trop longue, je l'ai coupée mais vous ai gardé la version acoustique…

 Il suffit d’une étincelle pour déclencher un voyage. Un livre aussi simple fut-il. Il s’appelle "le hareng de nos mers" , modestement  publié par un éditeur (les Quatre chemins ; www.4chemins.net) et signé par Jacky Durand, gastronome depuis l’enfance et chroniqueur à Libération. Pas de photo, quelques dessins  à main levée de Charlotte Jankowski, et voilà.

Du coup, quelques jours après je me retrouvais dans le train régional qui lentement remonte vers le nord. Rien ne vaut les approches lentes. On se barbe. Il n’ya pas grand monde dans le train. L’horizon s’aplatit en douceur, les lumières deviennent laiteuses. On a hâte d’arriver, se dégourdir les jambes. Lorsqu’on arrive tout la haut, à Boulogne sur Mer, l’air est tout neuf et par chance, le soleil donne à fond.

 Bizarrement, une bonne douche d’eau glacée aurait été aussi bienvenue. On en aurait mieux apprécié les chambres douillettes de l’hôtel de la Matelotte, son sauna et ses tapis épais. On serait même allé, la tête rentrée dans les épaules, boire une bière, manger du hareng au bar le Chatillon (6, rue Charles Tellier ; 03.21.31.43.95. Photo Map).

Mais il faut être un Parisien pour venir un samedi après midi, en plein soleil. C’est fermé. La nuit en revanche, à partir de 4h du matin, c’est grand ouvert avec des casse dales, des omelettes, des harengs à la boulonnaise, de la raie au beurre noir.

C’était fermé mais la porte était ouverte Je suis entré, c’était superbe dans la pénombre : boiseries, longs bars, tables solides…On m’avait indiqué les bars de la ville nombreux à souhait, mais c’était le Châtillon que je désirais. On m’indiqua pour le dimanche matin le marché du Vignon. Alors que sur les quais , au pied de la rue Faidherbe, se tient un marché épatant, frais et désarmant de sincérité. Comme quoi, les habitants ne connaissent jamais bien leur ville.

La table du coin, s’appelle La Matelote, elle est attenante à l’hôtel du même nom. Vraie table de notables avec la patronne au gouvernail, amuse bouche défractionnés comme partout. La cuisine est valeureuse, travaillée mais un peu trop influencée par l’ailleurs. Les calamars en risotto ne sont pas forcément une bonne idée, à part l’exotisme mais si c’est pour dénaturer le risotto trop relevé avec les parmesan ( la grosse faute des Français : fromage et poissons) mais bon, pas franchement mauvais. Le cabillaud fonctionnait mieux avec une purée de citron, le tout restant bien compact.

Chatillon2
Lorsque j’avais vu dans le Gault-Millau que les desserts étaient un peu trop classiques, je me suis frotté les mains. Enfin, des vrais desserts. Peine perdue, le pâtissier a dû feuilleter la revue jusqu’au bout et s’est imaginé qu’en rajoutant de la fraise tagada dans sa composition, il allait retrouver les faveurs du guide.

Rien n’est plus sot que cette saveur caricaturale, si ce n’est que faire de l’effet, il y a 20 ans, chez les Parisiens, capitale, faut-il le rappeler, des gogos. Aujourd’hui, c’est descendu dans les régions comme une fuite d’eau dans l’appartement du dessous. Logiquement, on devrait se cogner l’auréole pendant une vingtaine d’années. Les assurances ne fonctionnent pas aux singeries.

Bonne atmosphère cependant avec le célibataire de service, neurasthénique et se détendant à la demi-bouteille, les familles en rires, les Anglais restituant phonétiquement les noms des grands crus. On se promène dans une ville très réussie, vivante et ventilé à souhait. On referme le livre ragaillardi et pas mécontent.

La Matelote : 80, Boulevard Sainte-Beuve, 62200 Boulogne Sur Mer. Tel : 03 21 30 17 97 Map

  • pradoc
    19 octobre 2009 at 11 h 22 min

    Joli article. Mais j’ai beau m’interroger, je ne comprend pas ce qu’est un amuse bouche défractionné…
    Vous devriez aller au Havre. C’est une ville beaucoup plus belle que ne le laisse supposer sa réputation. Et elle contient un superbe musée consacré à Eugène Boudin.

  • ritou
    19 octobre 2009 at 12 h 22 min

    Les marchés, les halles, foires … parfois juste autour sont de bons repères pour aller manger de bonnes choses.
    C’est le premier conseil que je donne aux amis étrangers quand ils viennent en France. Ainsi ils augmentent leurs chances de trouver ce qu’ils ne peuvent pas avoir chez eux.

  • gourmand
    21 octobre 2009 at 6 h 20 min

    Tout a fait d’accord avec M. Simon : la manie française de lier un risotto même au poisson avec du parmesan! et que dire de la crème et du mascarpone. L’amidon naturellement présent dans le riz doit, pendant la phase de repos après cuisson, assurer la liaison : là, vous obtiendrez un risotto à la fois digeste et crémeux.

  • beebop971
    24 octobre 2009 at 20 h 51 min

    retournez vite au Chatillon, en semaine cette fois et un midi de surcroît ! la cuisine y est terriblement authentique et le poisson y est cuit à a perfection le tout à un prix désarmant, parole de parisienne !