Au bonheur de la crêpe de rue

8 Crêpe
 
 Les crêpes des coins de rue appartiennent à un univers étrange, une sorte de hors-champ culinaire. Mêmes les guérites sont flanquées dans une encoignure de brasserie, comme si on se bouchait le nez, une sorte d'extraterritorialité.

Question goût, c'est pareil, ce n'est pas franchement de l'aristocratie de la crêpe, au coeur moelleux, à la dentelure craquante. Prenez celle fanfaronnant, à l'ange du boulevard Poissonnière et de la rue du Faubourg-Montmartre, son enseigne Aux Meilleures Crêpes de Paris. Vous demandez aux deux bonshommes qui tiennent leur cahute d'où ils tiennent leur titre de champion du monde. « Des gens », vous répond-t-on benoîtement. Et voilà, c'est ainsi.

C'est autre chose que Gastroland avec ses ronds de jambe et ses lettres anglaises, ses prébendes, ses attentes papales. Ici, c'est la gouaille, la rue. On est culotté, on prend et c'est aussi bien ainsi. Du reste, la crêpe n'est pas si nulle que cela, un vrai pansement bourratif, bien chaud ; une sorte de tunnel de serviette-éponge, un tuyau dans lequel on se verrait presque claironner. C'est la gastronomie des non-croyants, celle qui réchauffe le coeur lorsqu'on a faim. Le reste du monde, on s'en moque ! (photo F.Simon).

  • pradoc
    20 avril 2010 at 10 h 48 min

    J’ignorais qu’il y avait un ange entre le boulevard Poissonnière et la rue du Faubourg-Montmartre…
    Il faudrait lui ajouter un « L ».
    Sinon, ces crêpes sont monstrueuses, la jambon-fromage pèse environ 500 grammes. Question goût, par contre, c’est du plâtre. C’est la crêperie préférée des rappeurs et des banlieusards. Le Samedi, il y a vingt mètres de queue. Les gens en veulent pour leur argent, ils veulent de la quantité et ils sont servis. Mais c’est comme de mordre dans un énorme chewing-gum. Il faut mastiquer et au final, ce n’est pas très bon.

  • Claire
    20 avril 2010 at 15 h 36 min

    Je rêve de trouver une de ces cahutes proposant des galettes …

  • cécile Cau
    20 avril 2010 at 16 h 25 min

    Autant aller juste en face chez Chartier. Un tout petit peu plus long mais dans le genre champion du monde de l’abattage du nombre de couverts sur le nombre d’années multiplié par le nombre de mètres de nappes en papier puissance oeufs mayo (notés sur la dite nappe en papier). Autre chose que gastroland là aussi et visiblement d’aucuns y croient

  • rod
    21 avril 2010 at 14 h 30 min

    Mégas crèpes chez Candeborde à l’Avant comptoir qui fait aussi bar à tapas. Odéon

  • Insane
    22 avril 2010 at 0 h 31 min

    J’aime le ton de ce billet
    « C’est la gastronomie des non-croyants, celle qui réchauffe le coeur lorsqu’on a faim. Le reste du monde, on s’en moque ! »

  • Ariane
    22 avril 2010 at 8 h 34 min

    Je n’ai pas encore trouvé une vraiment bonne crêpe de rue mais les rares fois où j’en prends une pour caler une bonne faim(toujours une simple beurre-sucre), j’exige qu’elle soit faite sur l’instant pour au moins ne pas en avoir une qu’on réchauffe depuis un temps indéterminé.