Au Bon Saint Pourçain, la vie est cinématographique

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Mercredi dernier, le Figaroscope a réalisé un dosseir plutôt marrant: les restaurants René Coty…une façon de célébrer ces bonnes vieilles tables désuètes… Pour ma part, j'ai réussi à décrocher le Bon Saint Pourçain, jolie petite adresse planquée…On y va ? 

Cela doit vous arriver régulièrement de pousser les portes du temps. De basculer tête en arrière dans une autre époque. Il suffit même d’un tiroir. De tomber nez à nez avec une photo, un ticket de cinéma, une clé. Les restaurants fonctionnent de la sorte. Entrer dans l’un d’eux, c’est bien souvent comme ouvrir un livre. Ce dernier peut être inintéressant, éventé. Mais il en est d’autres impayables : une atmosphère vous est alors livrée dans ses sépias, ses torpeurs, son ralenti. Nous voici au Bon Saint Pourçain, planqué dans un dédale de rues derrière Saint Sulpice. La rue est luisante de pluie, il n’y a pas un chat. On pourrait y tourner un film. Et par chance, ce n’est pas le cas. Pas de camions, de groupes électrogènes, de cafétéria improvisée et de machinistes oisifs. Quoique. Lorsqu’une équipe de cinéma s’installe dans une de nos rues, on réalise alors que nous habitons une ville magnifique, une rue singulière. Et par capillarité, le genre nous gagne : notre vie est cinématographique. 

Le restaurant. Lumières en globe, banquettes en moleskine rouge, étagères gentiment cintrées, revues, livres, photos d’époque… Quoi d’autres encore : le bazar bistrotier avec sans doute ici et là des cartes postales ouaf ouaf, des relevés EDF, des pv en souffrance. La vie quoi, un peu bordelique mais hautement sympathique. Le patron est là avec un regard terrible et des sourcils bagarreurs. Mais on n’y croit pas tout à fait car il porte un des prénoms les plus doux de la terre (François). Il tient son monde du bout du doigt, celui-ci est docile, conquis d’avance. Parfois des touristes, énamourés de tout, sursautant devant la bonté poétique du lieu.

D’autres clients ? Oui, des célibataires, le terreau des vrais restaurants, les fondements de la gastronomie. Personne ne les attend, semble t il, ils sont là oisifs et bienheureux ; faisant pivoter leurs verres, rigoler du retardataire. Celui-ci arrive dans la béatitude, l’embarras de sa gabardine. Et bien sûr des couples en autopilotage, dans la buée de leur vie.
Les assiettes. Braves, honnêtes, parisiennes : poulet rôti, poireau vinaigrette, sole meunière, blanquette de veau, sautés d ‘agneau… Elles ne sont pas non plus folichonnes, juste un peu désuètes. Ce qui en l’espèce est parfait. Ce devait être comme ça, les soles grillées, gentillettes et simplettes. Ouin, on en réclamerait Jean Nohain, Raymond Marcillac et ses labradors avachis.

MAIS ENCORE…Faut-il y aller ? Ah oui, ambiance gratinée et délicieuse. Est ce cher ? Banal,entrée à 10€, plats 25-30€…Et puis le verre de Saint Pourçain offert à chaque table ! 

10bis, rue Servandoni, 75006 Paris (01 43 54 93 63). Ouvert du Lundi au Samedi, ouvert le dimanche soir.

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