Ach, le Michelin dingue d’Allemagne !

Micehlin allemagne 
  

Imaginez un instant ce moment surréaliste. En additionnant toutes les étoiles, du guide Michelin Allemagne 2010, les inspecteurs ont bien du un moment être  confronté à leur logique machinique, et à leur diabolisme d’écolier : voici donc l’Allemagne deuxième pays européen en nombre d’étoiles. Cela peut paraître étrange pour un pays pas forcément porté sur la gastronomie mais plutôt sur le curry wusrt. Mais le guide nous a habitué à être fasciné par  tables sérieuses comme des papes. Ils sadisent le milieu avec  le gastronomiquement correct, source intarissable de plats d’un ennui carabiné et de chefs perdant leurs cheveux. C’est plus fort qu’eux, une sorte d’ivresse pneumatique qui s’émeut plus du labeur que du talent.

Une des meilleures adresses de la ville se nomme Nero. Elle se situe dans un château poétique, l’Hugenpoet (www.hugenpoet.de).   Cette table irréprochable a été récompensée d’une étoile. Et personne ne trouvera à redire à la cuisine d’Erika Bergheim. Elle  a du se promener à travers le monde pour nous ramener  des plats studieux sans fausse note, plaisant mais pas de quoi grimper au donjon du château : crème de  topinambour avec œuf poché et truffe noir, soupe de pince de homard avec crème au thym safrané, puis un loup de mer et fenouil confit pour terminer acec une crème brûlée aux épices orientales et une crème glacée à la bière brune. Seul petit clin l’œil à l’esthétique locale avec un biscuit en équilibre rappellant dans son oblique, une rampe de concassage, celle la même revue par Rool Kolhass, à Zilverein (photo ci dessous),. Tout cela dans le style contemporain propre à l’Europe actuellement : ménageant plus les effets que travaillant la clarté et la simplicité. Service lent à dessein sans doute pour souligner l’importance du dîner à l’image d’une clientèle bourgeoise carrée et prospère, un brin compassée et ne riant que par salves contenues.

Finalement, il faudrait juste descendre l’échelon pour rencontrer plus de vie. Prenez par exemple le Huggenpottchen, l’annexe, peut très bien faire l’affaire avec menus intéressants, cuisine vive, vins attrayants.  Autre adresse réunissant le tout, le Kokerei Café situé sur le site de Zollverein. Un peu planqué mais valant le coup pour sa <carte de la mine> (authentique !) et délivrant un inattendu boudin noir aux pommes bigrement solides agrémenté d’un tumulus de purée (style coron) pour mater les derniers interstices de votre faim (photo ci dessus). Cadre post industriel avec escalier de fer, grandes tables de bois. Parfois on se croit à Sing Sing, d’autre fois chez les marteaux et les enclumes mais au bout d’un moment, car la bière est fraîche, on rigole. Une adresse béton. Hugenpoet est l’étape idéale pour séjourner. J’avais été un peu effrayé par les prix proposés en réservant la table (370 euros) mais en revenant quelques jours après et en demandant le prix de la chambre la moins chère, on m’avait proposé une à 175 euros, annoncée comme toute petite.Mais par le hasard d’un surclassement, j’ai hérité d’une chambre plaisante bien qu’empestant le tabac froid, au dernier étage sous les combles. Petit-déjeuner sérieux  et solide, de quoi s’alimenter pour la journée. Accueil de bonne volonté et foncièrement gentil.

Michelin Allemagne3

  • defaix daniel etienne
    22 décembre 2009 at 10 h 30 min

    je comprends et je suis !

  • Alan Bloom
    22 décembre 2009 at 10 h 57 min

    Cher François Simon,
    Je regarde toujours votre nouvelle émission sur direct8 ou direct8 replay depuis la rentrée. Il me semble que vous avez trouvé votre rythme et maintenant « les dessous de tables » a son équilibre comme le jockey qui dans la ligne droite équilibre sa monture pour aller chercher la victoire. Votre émission est votre monture et vous êtes un formidable gagnant en cette fin d’année. Merci.

  • sopadeajo
    22 décembre 2009 at 19 h 28 min

    C´est dans la décadence (industrielle ou autre)que l´on devrait trouver les cadences de la cuisine,du loisir, de la culture…pour compenser. C´est à Venise que l´on ne peut bien manger.

  • alain
    22 décembre 2009 at 20 h 40 min

    L’ancienne patronne du guide Allemagne ne serait elle pas devenue la nouvelle patronne du guide France ?
    Est ce une promotion ?

  • Françoise
    23 décembre 2009 at 9 h 28 min

    Ah j’ai vécu en Allemagne ,il y a de ça bien longtemps…dans les années 70/80…Dusseldorf et Hamburg , d’excellents souvenirs ,une très belle qualité de vie et de belles rencontres. J’ai connu Hugenpoet,c’était déjà bien,contente de savoir que « ça tient encore la route »…
    Mais penser à l’Allemagne ,seulement,avec les würst…c’est comme dire que l’on mange mal chez nos amis anglais….Non la bonne cuisine n’est pas l’apanage des cuisiniers français !
    Vive les voyages qui ouvrent l’esprit et …l’appétit !
    Bonnes fêtes à vous .

  • Julot
    27 décembre 2009 at 18 h 30 min

    Le Michelin est sans doute fasciné par l’extrême sérieux, mais le sérieux, ça a du bon parfois. Surtout quand on vient d’un pays si certain de sa supériorité culinaire que ses plus grandes tables n’ont, semble-t-il, aucune honte à présenter des cuissons approximatives et des ingrédients médiocres. Et de vous donner du « Monsieur n’est peut-être pas familier de la grande cuisine? » quand on leur fait remarquer.
    Bau, Wissler, Amador, Wohlfahrt, même Winkler — on mange plutôt mieux dans les grands restaurants allemands que dans les français. C’est en somme le côté courageux, audacieux même, du Michelin que de consacrer ainsi la haute gastronomie allemande sans se laisser impressionner par les idées convenues des faiseurs de modes gastronomiques.

  • jo
    28 décembre 2009 at 12 h 44 min

    Rem koolhaas