A Paris, Cette, bien envoyé !

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La rue s’appelle Campagne-Première. À chaque numéro ruissellent des histoires d’artistes, de photographes. Il doit y avoir des nervures, comme celles-ci, qui font que Paris est ainsi. La rue Campagne-Première est également à jamais associée au film A bout de Souffle (merci chers visiteurs). Le voyez-vous encore courant dans la rue ? Jean-Paul Belmondo est en chemise blanche. Délibérément, il va se laisser abattre. Le voici allongé sur le bitume. Le film est terminé. Voilà ce qui nous rend Paris éternellement cinématographique.
 On voudrait presque enjamber le seuil du réel, basculer dans le noir et blanc ; troquer son costume et entamer une autre vie. Passer dans la réplique, faire de sa vie un remake réussi. Mais ce soir-là, nous avions presque aussi bien à faire. Visiter une toute nouvelle table au générique bien tourné, le Sétois Xavier Bousquet et, en cuisine, un chef jap venu de L’Ourcine, Katsunori Nakamishi. La soirée était douce et, par chance, ce bistrot avait l’heur d’espacer les tables et de calmer par sa cuisine les ardeurs décibéliques.

Paris, Cette, homard
 

 Pas à dire, il va falloir se faire à cette cuisine franco-jap qui est devenue le nouvel étalon mètre de la scène parisienne. On comprend vite pourquoi : rigueur dans l’assiette, horizon habilement dépouillé et cet art de tracer droit au but, le buste droit, le front impavide. Les entrées fusent, nettes : carpaccio de veau légumes du jardin ; terrine de foie gras compotée de mirabelles, saumon d’Écosse confit ou encore homard breton rôti, vichyssoise et pomme de terre. Il y a là beaucoup d’entrain et de bonne humeur. Les plats sont du même acabit et claquent joliment : lotte-lard, girolles et trompettes de la mort ; épaule d’agneau confite jus de viande ; cabillaud et soupe de poisson. À la limite, la messe est bien dite, on pourrait repartir l’âme apaisée. Mais c’est compter sans des desserts plus que pertinents. Non point des desserts de pâtissier à l’ego inquiet, mais de vrais desserts gourmands et simples comme chou, à l’image de ce sablé aux pommes, compote et caramel, parfait glacé qui disparut sous la mitraille des petites cuillères.
C’est le patron qui quadrille la salle. Il le fait avec un scrupule aimant, pivotant de table en table selon les appels et les relances, protégeant le tout d’une bienveillance appliquée. C’est très plaisant.
 Le restaurant fait également café le matin venu avec, derrière le comptoir, une Italienne tenant son petit monde aux yeux encore collés.
 Pour les prix, c’est plus que valable : entrées à partir de 9 euros ; plats de 20 à 30 euros et desserts entre 8-10 euros.

CETTE 7, rue Campagne-Première, XIVe. Tél. : 01 43 21 05 47. Tlj sf sam. et dim.

Paris, Cette, dessert

  • J-Marc
    17 octobre 2013 at 9 h 22 min

    Cher FS
    Très bien votre critique du CETTE, mais vous faites une erreur, la scène finale avec J-Paul Belmondo est a jamais associée au film ‘A BOUT DE SOUFFLE’ et non pas Pierrot le fou !!!
    Les cinéphiles gastronomes vous pardonneront cette erreur.
    J-Marc

  • T. Tilash
    17 octobre 2013 at 13 h 03 min

    J-Marc, vous avez été plus rapide que moi…
    La scène finale de Pierrot le fou est autrement plus explosive !
    Et que dire de tous ces japonais excellant dans la cuisine française ? Merci du fond du cœur (même si l’on regrettera parfois qu’ils ne préfèrent pas mettre à l’honneur leur cuisine natale, tellement mal représentée en France…).