A Cour Cheverny, vite !!!

Cour, 3, ext

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Des comme ça, il n'y en a pas trente-six. Lorsqu'on est devant la façade de l'hôtel des Trois Marchands, à Cour-Cheverny, à l'orée de la Sologne, on se frotte les yeux. Il s'agit donc d'entrer et là, la deuxième bascule opère. Vous êtes dans les années cinquante. Les automobiles s'arrêtent pour la nuit. On laisse refroidir les moteurs, rajuste les niveaux. La table est prête et quelle table ! Nous tenons cette adresse de notre irremplaçable confrère Périco Légasse, dont les coups de gueule savoureux nous donnent toujours faim. Dans son guide, non réédité hélas, des 100 tables pour le plaisir, il balance des titres qui nous font grimper aux rideaux : « la preuve que le Michelin est vraiment con », assène-t-il, au détour d'une page. Et il a raison, cette table formidable a été virée du guide. Et l'on se demande pourquoi, tant ici l'assiette est prodigue, glorieuse et sentimentale

Cour, 3M, asperges serv
. Certes un peu grassouillette par moments (le boeuf Rossini), manquant de modernité (oh mon Dieu !), mais lorsque les asperges blanches arrivent dans leur cornette de bonne soeur, servies par une dame adorable, là, vous avez la larme à l'oeil et la serviette tendue comme une muleta blanche. La France fout le camp dirait notre Périco, et il a, hélas, raison. D'autant qu'en septembre, l'adresse va changer de mains. On va refaire les chambres et sans doute passer le plumeau ici et là. Mais par pitié qu'on nous laisse le turbot sauce mousseline, les terrines, les feuilletés, les fricassées, les potages et fromages. Même la mousse au chocolat est d'enfer.

Cour, 3M, asperges
Alors que nos notables gastronomiques, juchés sur leur motte de beurre AOC, cherchent à tout prix à se muséifier dans l'immatérialité du patrimoine, ils feraient mieux d'aller un peu plus près sur le terrain et sauver ces lieux de mémoire, bien matériels ; un art de vivre et de bien faire. Il s'agirait au plus vite de protéger l'émotion et le saucisson. Non mais ! Au travail ! Et nous, à table ! Après vous…

Hôtel des Trois Marchands, 60, place de l'Église, 41700 Cour-Cheverny. Tél. : 02 54 79 96 44. Chambres autour de 50 eur. Comptez dans les 30 euros à la brasserie, 50 eur au restaurant gastronomique.

 

  • caolila
    6 juillet 2012 at 11 h 03 min

    Grand fan des Mugaritz, Akrame et autres, j’adore toujours m’arrêter dans ses établissements où la cuisine de tradition triomphe dans un classicisme grandiose qui transpire la cuisine, celle qui a fait la gastronomie française et que l’on ne doit pas renier. Fini l’énorme pâté-croûte de l’Hotel de France à la Côte Saint André, fini le poulet aux écrevisses à Roman… Heureusement qu’il reste encore ces quelques restaurants bien posés, comme Le Grand Saint Léonard à Saint Léonard de Noblat…

  • Feuilly
    14 juillet 2012 at 7 h 09 min

    Il n’y a pas que Périco Légasse ! Dans mon guide « Le Feuilly 2010 » (nouvelle édition fin septembre 2012), il y a aussi l’Hôtel des Trois Marchands (page 286) et j’indique : « Le produit est roi, il est préparé par un chef qui sait si la queue de la poêle est « à gauche ou à droite », mis dans l’assiette sans fards inutiles. » Mais attention, je crois savoir que la famille Bricault, ici présente depuis 1865, quitte le navire. Hélas !

  • Juan
    28 juillet 2012 at 3 h 38 min

    Definitely go to Papier+ – the most amazing shop for pareps and journals – http://www.papierplus.com. And if you’ve never been – Angelina’s on Rue de Rivoli is a total Paris treat…imagine hot chocolate that doesn’t pour, but oozes from the pot and then glob on a huge dollop of french cream. It’s amazing!