Pensez vous que le monde de la gastronomie soit logique ? Pensez vous qu'un bon restaurant est il toujours plein et un mauvais, vide ? Vous avez pigé où nous voulons en venir. La réponse est hélas prévisible. Chaque soir, des adresses sont remplies jusqu'à ras bord alors qu'elles ne valent pas tripette pendant que d'autres se tordent les poignets au dessus d'un cahier de réservation maigrelet. C'est cruel mais c'est ainsi. Vous connaissez les raisons de cette douce injustice : notre propre paresse. Il suffit d'un lieu de passage, une proximité, et hop on glisse dans l'entonnoir et sur la moleskine. Dans le quartier du Marais, il suffit de remonter le soir venu la rue des Archives et de constater l'incroyable succès des terrasses. Gorgées de monde. Vous bifurquez sur la gauche, rue des Blanc Manteaux et tout à coup, la vie bascule. Il en est ainsi dans toutes villes du monde : surdensité/désert, et cela à 10 mètres près. Même plan pour la rue Git le cœur, l'autoroute piétonnier regorge sur Saint André des Arts alors que la ruelle rêve seule sous la lune.
Voici donc le restaurant de Claude Colliot. Vous vous souvenez de lui, nous l'avion adoré rue de Babylone, au Bamboche. Ensuite, il passa à la porte Maillot, avant de venir se poser ici moissonner les lauriers d'une critique unanime. Vous verrez, -car vous irez, n'est ce pas?-, sa cuisine procède de ellipse : ses plats sont éclaircis, nettoyés de tout. Un peu comme un morceau de bois que Claude Colliot aurait longuement frotté. Il y a cependant un style Colliot fait de juxtapositions, de séquences coupées, où le légumes intervient comme des phonèmes (betterave, racine, céleri, agrume, radis…).
Du coup, les compositions sont claires sans pour autant verser dans le charme poseur des restaurants en vogue. Voilà sans doute pourquoi cette table ne cartonne pas autant que les avisés en barbe de trois jours. Il y avait cependant ce soir là un superbe canard avec une purée de pomme de terré déliée avec une chantilly de lait. C'était parfait. En entrée, la capucine de veau cru , argan et daïkon appartient à ces plats méditatifs qui doit laisser sur la rive les mangeurs de base. Mais, c'est cela parfois aussi un restaurant, il doit garder une part de mystère, des clés qui vous échappent. Clientèle parsemée hélas mais bienheureuse, accueil très plaisant avec madame, connaissant les flacons sur le bout des doigts.
Claude Colliot : 40, rue des Blancs Manteaux, 75004 Paris (01.42.71.55.45). Métro : Hôtel de Ville.
Bamboleo
20 octobre 2011 at 10 h 07 minEffectivement excellente cuisine que celle de Claude Colliot.
Et pendant ce temps Aizpitarte cartonne.
Il y a quelque chose de pourri dans ce royaume.
Peut-être que le second pourrait donner au 1er le nom de son attaché(e) de presse qui visiblement assure.
shem
20 octobre 2011 at 10 h 49 minj’habite dans le quartier je connais ce restaurant, le probleme c’est la déco et l’ambiance qui s’y dégage par conséquence …
Prosper Constantin
20 octobre 2011 at 14 h 22 minOn a toujours la solitude qu’on mérite.
isidore isou
20 octobre 2011 at 23 h 07 minOn a envie de s’y pendre au porte-manteaux !
Les (bons) cuisiniers doivent cesser de se faire entuber par les mauvais décorateurs.
Lim
21 octobre 2011 at 10 h 43 minDès 50 ans, il faut penser que Colliot se copie
stephane
21 octobre 2011 at 11 h 06 minSi les clients ne viennent pas autant se rapprocher de sites comme la fourchette ou restopolitan, il faut vivre avec son temps et augmenter les canaux de distribution…
Luxeat
21 octobre 2011 at 12 h 14 minLike everything these days, high gastronomy and restaurant business is all about marketing and pr.. So nothing to be surprised about that restaurants like Le Chateaubriand (« 9th best in the world ») are always full while Claude Colliot (definitely not worse than Le Chateaubriand) is empty.
L.M.
23 octobre 2011 at 14 h 18 minC’est vrai que le client cherche surtout la facilité et il s’accomode parfois d’adresses moyennes pour ne pas avoir à chercher plus loin. Pourtant,Paris ne manque pas de connaisseurs et gourmets et tous les bons endroits qui concentrent leur énergie, temps et travail sur la recherche du vrais, du juste et du bon devraient pouvoir afficher salle pleine tout le temps. Heureusement que quelqu’un de temps en temps parle d’eux…….
pongo
30 octobre 2011 at 9 h 22 minJ’ai testé hier à midi avec le menu carte blanche et…j’ai été franchement déçu.L’accueil était certes professionnel mais froid, neutre, il manquait « un quelque chose » pour se sentir bien.Quant aux plats,je ne me suis pas dit « ouaou », bref sans plus.Je dois préféré les barbus de trois jours, toutefois la veille, j’ai déjeuner au Kei,il n’a pas de barbe mais c’était divin en tout point.