Hola ! Une adorable adresse en Bourgogne, le Cochon Ventru…

Il y a des fois où ma vie est à la limite aussi absurde que savoureuse. Jeudi dernier, j'ai pris le TGV pour le Creusot, puis j'ai sauté dans une voiture de location, bombé comme un crétin sur des routes superbes dans leurs entrelacs. Aussitôt arrivé dans un petit restaurant recommandé par notre ami steward, j'ai avalé le menu à 12,50€, essuyé mon bec, puis à nouveau 50 minutes à la Fangio pour sauter dans le TGV…Et zou, adresser le texte au Figaro…Paru ce samedi dernier dans le cadre du croque note…

La France (hélas) invisible

 

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C'est à peine croyable ce paysage du Morvan à l'automne radieux. On se croirait en Suisse, en Ecosse, les prairies sont célestes, les vaches épanouies, il ne manque plus que Steve Mac Queen sautant sur sa moto (une Triumph TR6 « métissée>) les barrières des pâturages (<La Grande Evasion>, 1963). La route quant à elle, tourne autour du pot, elle tisse son canevas, une sorte de roulis, à droite, à gauche. Un versant puis un autre. A l'heure du déjeuner, il n'y pas pas un chat, ni une voiture, juste quelques corbeaux outrés qu'on les dérange. Ca gazouille sec. Dans le petit village de Thil sur Arroux, les quelques 160 habitants doivent être en train de manger. Il n'y a personne dans les rues. On devine les tablées à travers le carreau des fenêtres. Il y a un seul bistrot. Il porte un nom débonnaire : le Cochon Ventru. Il se réclame de la cuisine bistronomique. Un couple venu de Paris, à ce qu'on dit, est venu s'installer ici, histoire de respirer harmonieusement et délivrer une cuisine bienheureuse.

C'est désarmant de simplicité à l'instar de ce menu à 12, 50 euros. Logiquement, il est dit qu'en France, ces zones de tarifs sont des terres désertées par la gastronomie. Bien souvent, on y glisse par dépit, un aileron de poulet, une crème caramel pensant que le chaland se rabattra sur les formules plus distinguées. Il faut croire que non. Qu'il existe encore des lieux simples et sans calcul. Dans ce menu du déjeuner, voici donc une terrine de pâté avec sa confitures d'oignons, un sauté de bœuf, jolie carotte, petits légumes puis fromage ou dessert. Ce sera une salade de fruits. On craint alors la monotonie de petits cubes interchangeables. Erreur, ici, on cuisine jusqu'au bout : fruits émincés, confiture d'ambiance. C'est frais, adorable. On imagine alors ce que doit avoir la carte sous le pied : escargots de Bourgogne, agneau du coin et un tutti quanti épaulé par les flacons de la Bourgogne. Le décor est rustique, dépouillé avec la partie bar. L'accueil et le service de la patronne sont aussi du même métal : charmant, enjoué. On se dit alors qu'il existe une France planquée, juteuse, savoureuse. Celle là même que nous essayons de débusquer dans ces colonnes…

 

Au Cochon ventru,le Bourg, Thil sur Arroux 71190. Tel. : 03.85.54.26.21.