Logiquement, il est presque trop tard : l’iceberg vous arrive droit devant, il ne vous reste que quelques heures avant de réagir, sinon si la collision est inévitable. Ne venez pas vous plaindre après… Finalement, nous sommes tous les mêmes. Et logiquement, ce soir, qui sait, nous allons nous frôler, qui sait nous rencontrer car le 31 a cette faculté gentiment débile de tout mélanger : les alcools, les chocolats, les huîtres et les êtres humains. Le plus triste dans cette histoire ; c’est que cette satanée soirée risque de vous pourrir le premier jour de l’année. Il suffira de marcher dans les rues demain matin et de croiser les défenestrés de l’intérieur, les cabossés de la nuit, les cœurs en mille morceaux. Voici pourquoi avant de partir nous planquer, voici quelques règles élémentaires de survie… Ce n’est pas compliqué. Enclenchez la marche arrière, coude sur le dossier du fauteuil, nous allons vous sortir de ce fichu guêpier. 1. Dire « non », la dialectique à l’usage de tous. Quelle volupté! Vous pouvez commencer maintenant. NON. Ou naaaan!. C’est un peu primaire mais il n’y a que comme cela que ça marche. Ne cherchez pas d’excuses alambiquées, tout le monde fait la même chose (le oui et sa ouate asphyxiante ). Soyez original, ne dites rien. Juste non. Au début, c’est étrange, on se sent seul sur son canapé. On peut s’entraîner devant un miroir ou un collègue de bureau. C’est souvent la meilleure façon de débroussailler, d’écarter les branchages. Au bout d’un moment, on traverse la croûte de nuages : ciel bleu. Non à quoi, à propos ? A ce qui vous arrivait droit sur le museau. Prenez le contrepied, quelqu’il soit. A la limite, si vous plantez votre soirée, sachez que ce soir là, vous ne serez pas le seul. 2. Jouez solo. Facile à dire, plus difficile à faire. Si vous êtes en couple ou en famille, bien sur, cela risque de faire désordre. Difficile de s’échapper, sauf mentalement, construire virtuellement un quant à soi, une petite muraille de poche. En revanche, si la vie a décidé de vous laisser seul, arborez cette solitude solaire, n’en faites pas un boulet. N’écoutez pas votre tête, laissez vos pieds, vos mains réfléchir. Elles vous mèneront ailleurs. Faites votre cette phrase de Friedrich Nietzsche : « Ne pensez pas ». Toujours bon à sortir, si vous sortez des clous. 3. Démarrez vite, appuyez sur la touche cocktail. Question, gestion des fluides, il va falloir gérer le dossier avec beaucoup de vertu. Vous êtes sourd mais nous vous le répétons: il faut absolument éviter les mélanges. Débutez avec une note chaude (l’idéal un pho vietnamien, bien régénérant) ensuite, allez droit dans vos addictions sans suivre celle des autres. Si vous êtes lent au démarrage, faites sonner un cocktail (citron vert, vodka, ginger ale, glace pilée) ; ça va vous allumer toutes les diodes. Au préalable, planquez vos clés de voiture et ensuite, buvez de l’eau le plus souvent possible. 4. Cassez vous. Dans ces moments souvent désolants, mieux vaut épargner aux siens, le spectacle de votre désarroi existentiel. Fuyez la ville, allez n’importe où. Prenez le premier train venu, évitez les aéroports français (à se flinguer). Fuyez en bonne compagnie (livre, musique, être humain, animal). Enfermez vous dans un hôtel (notre recommandation). 5. Faites vous livrer. Pour les misanthropes, il est sage de ne pas sortir au risque de sangloter immédiatement. Enfermez vous, faites vous livrer, choisissez une belle robe de chambre, de profondes pantoufles, des boules Quies et zou pour une nuit réparatrice. le lendemain, les villes sont souvent fraîches, l’année est là et vous êtes dans les premiers à le savoir, loin de la vase. 6. Embarquez vous dans un livre. La meilleure fuite, c’est souvent la lecture. Orhan Pamuk , « le musée de l’innocence », c’est la garanti d’un voyage formidable. Ouvrez en même temps un grand cru, et quittez la terre. Zéro tracas.
7. Soyez snob. Dans son bréviaire du snobisme, relisez Antonius Moonen : " Pour le réveillon de Noël, écrit il négligemment, vous le passez sobrement avec trois cents grammes de caviar en provenance directe de la mer Caspienne, de renne fumé, quelques bouteilles de château margaux et une eau de source suédoise…Vous pouvez aller patiner sur n lac frison ou finlandais (propriétés privées)…Si le temps le permet, faites une petite cure dans un établissement étranger ou occupez (avec le sans gêne nécessaire) la villa en Sardaigne de vos parents (personnel minimum). Vous trouverez certainement dans les environs des basin déserts où tous les employés seront à votre disposition. Pour le réveillon du Nouvel An, mêlez vous à la masse populaire. Avec votre mien enviable, votre regard naturellement pétrifiant, votre ensembleencachemire élégamment froissé, vous aurez comme toujours, beaucoup de succès " 8 Sécurisez la place. Ce n’est pas le tout de dire non, encore s’agit-il de ne pas se retrouver tout seul dans la rue, ivre mort, incapable de se souvenir du code de la porte d’entrée. Dire non, c’est enclencher la survie dès à présent. Nous sommes à quelques heures du coup de maillet sur la tête, réunissez les sacs de sable et murez vous dans votre « Sam suffit ». Débrancher le téléphone (on vous croira à Gstaad), prévenir que vous partez (à Zermatt), baissez les rideaux et les lumières.
9. Munitions de bouche. Faites tonique : huîtres, caviar à la rigueur, cœur de saumon. En fait, il faudrait éviter de clapper ce soir là ; juste contourner la canonnade générale, grappiller quelques quartiers de mandarine, avaler une soupe et rester l’esprit agile, le corps délesté. Rien de plus pitoyable que de voir les otaries sortir de banquer sans fin. La fin d’année doit se faire avec légèreté et percussion. Devancez les jours à venir, anticipez, cela vous donnera une force royale et une sérénité indéniable. 10. Résumons nous : on se sustente d’abord de façon spartiate (pho, soupe de udon) pour éviter toute baisse de régime, ensuite, addictions habituelles sans mélange. Il s’agit de faire péter le plombs sans couper le courant. A vous de jouer maintenant. Nous? Nous reculons d’un pas (room service dans un hôtel). |
Buffali Groll
31 décembre 2011 at 13 h 00 minBonjour, petit problème de mise en page, non ? Le texte est raboté à droite et donc difficilement lisible (en tout cas sur Safari 5.1.2). Dommage.
Francisco
1 janvier 2012 at 9 h 04 minAh quel, que cest bon de commencer l année par un petit billet doux de francois simon…
Noig
5 janvier 2012 at 1 h 19 minComment peut-on écrire de telles niaiseries pédantes qui ne vantent que du vent ?
Lucien Tendret
6 janvier 2012 at 10 h 32 minBonjour, même problème que le message précédent sur Windows 7… Dommage car c’est un beau texte.