Oui, mon général !

Ce que j’aime bien avec Christian Millau, c’est sa ferveur militante dans la vie. Son journal en témoigne, ses livres ponctuels frotte la vie avec une belle énergie. C’est avec lui que j’ai tout appris : le travail, l’assiduité, l’allant des adresses. Il m’avait promis, lorsqu’ai débuté dans les casseroles, qu’il m’apprendrait tout. Il ne le fit point mais me poussa négligemment dans le grand bain. J’ai du avaler quelques litres de bouillon avant de pouvoir faire la planche. Aussi lorsque ses mails s’en viennent tintinnabuler sur l’ordinateur, immédiatemnt, je suis mentalement au garde à vous, prêt à me rendre sur le quai de la gare d’Amiens , à 4 heures du matin. Cette fois ci, il n’était pas question des matinales, mais de ce qui suit :

< J’aimerais vous emmener au 122 rue de Grenelle . Il y a là depuis peu un nouveau chef excellent qui a travaillé avec Emile Jung jusqu’à la vente du restaurant .Une belle et fine cuisine sans chichis que vous  aimerez .Marche bien au déjeuner mais le soir , ils ont besoin d’un  coup de main , qu’ils méritent>.

Pas besoin de faire un dessin, dans les vingt minutes, je réservais dans la dite adresse, devançant l’arrivée papale avec Christian Millau. Dans ces cas là, tout est foutu. Les chefs s’étranglent avec le fil de leur thermomix. Le patron, renverse trois timballes, sa femme et la console d’alcools forts. Les plats défilent comme à la Foire de Paris. On se croirait sur une estrade avec les miss France, les hauts parleurs et les musiques de foire. On en ressort essoré, remerciant le ciel de ne pas avoir succombé, serrant fievreusement la louche du chef avant de tomber dans les pommes.

En devançant seul le tir, c’est bien mieux. Direct dans le buffet, en l’espèce un épatant pigeon avec un parmentier de cuisses confites, des petits légumes. C’était comme écrit sur la missive, d’une belle franchise gourmande, d’une netteté de goût. A la limite, tout avait été déminé, le maitre était passé, il n’y avait qu’à suivre les pointillés.

A vos ordres, mon général.

Cela s’apelle le 122, c’est au 122 (vous avez pigé) rue de Grenelle. Tel. : 01 45 56 07 42. A partir de 18,50€ au déjeuner, comptez 38 euros le soir. Service affable et précis.