Café Tournon, petite perle planquée

Paris, Café Tournon, exte
Tomber sur une adresse comme celle-ci, c’est comme découvrir une nouvelle librairie. C’est souvent divin. Ici, au café Tournon, juste devant le Sénat, l’Histoire est souvent passée. Et repassée. Comme le chariot d’une machine à écrire. Ca devait crépiter dans les soupentes. Dans les années 1950, ce fut le lieu rassemblement des écrivains afro-américains expatriés et des artistes, comme James Baldwin, Chester Himes, Richard Wright, William Gardner Smith, le peintre Beauford Delaney et le sculpteur Howard Cousins. Le jazz band de Duke Ellington fit ses débuts parisiens au Tournon, initiant ainsi la jazzmania qui déferla sur le quartier de St-Germain-des-Prés. L’écrivain autrichien Joseph Roth vécut au-dessus du café Tournon de 1937 à 1939, une plaque à sa mémoire est apposée sur la façade de l’immeuble. Aujourd’hui encore, les écrivains s’y retrouvent. La maison Flammarion y reçoit quotidiennement ses auteurs. Tablées avec des manuscrits raturés, échines soucieuses, regards fiévreux La renommée rode entre les tables. À laquelle va t elle s’asseoir ?

Ce soir, la salle est presque pleine : une tablée sonore climatise le restaurant le temps d’un apéro puis s’en va bruyamment fuser ailleurs ; l’assistance reste paisible avec de belles conversations. Visages intéressants, (faux) célibataires se côtoyant, devisant sur l’actualité. C’est un régal.. Des têtes vues quelque part : sur FR3, au théâtre des Deux Baudets, au Muppet show ?

Paris, café Tournon, plat
L’assiette. Parfois la clientèle soutient à bout de bras ce genre d’adresse mythique et masque des cuisines indigentes. Paris est fortiche dans le genre. On pense bien évidemment au Balzar. Ici, c’est tout le contraire. Il y a un chef qui s’active, anime ses assiettes, fait sauter ses légumes au wok, dispose. Entrecôte délurée, pommes sautant au bon endroit ; saint pierre cuit logiquement. La carte des vins est elle aussi agile et se déploie dans les vins naturels avec des flacons vifs et adroits comme les Gramenon (la Sagesse, la Mémé).

Le service n’est pas harassé, ni parisien ; mais plaisant, idoine. Compréhensif. Vous souhaitez changer de table. À la bonne heure…

MAIS ENCORE…

Est ce cher ? Tarif syndical : 120 euros pour deux. Ça passe car le moment était parfait. Grandes assiettes à partir de 18 euros

Faut-il y aller ? ah oui, c’est simple, plaisant et habité.

Comptoir Tournon, 18, rue Tournon, 75006 Paris. Tel. : 01 43 26 16 16. Métro : Odéon. Fermé le dimanche. Photo FS.

  • Antoine M
    8 mars 2012 at 10 h 04 min

    On vous a déjà connu plus percutant sur le choix de la photo ! Dommage, mais sans doute est-ce dû à la lumière.
    Lumière qui ne manque pas de nous éclairer dans vos écrits, donc ça n’enlève pas grand chose à vos justes conseils, sauf pour ceux qui ne survolent les blogs uniquement pour les photos…

  • Syl
    12 mars 2012 at 17 h 16 min

    Il y a le « théâtre des 2 ânes » et un autre lieu qui s’appelle « Les 3 baudets » dans le même quartier, il est vrai. Mais ça fait tout de même un asinus de différence…

  • Damian
    20 février 2015 at 23 h 06 min

    3 ans après votre visite les choses ont du bien changer… Quelle déception, nous avons cherché pleins de bonne volonté ce dont vous parliez mais hélas rien de tout ça. Adresse à éviter franchement…