Lorsque notre ami le steward a pour mission de trouver un <bon petit gars> perdu en Province, alors là, c’est comme mettre une briquette allume-feu dans une cheminée. Pfou ! Ça démarre au quart de tour. Il fonce dans le Michelin, écarte les célébrités ronflantes, les casse noix ; localise, les bibs gourmands (ces bonnes adresses à petits prix), compte le nombre d’habitants et fatalement, tombe sur des petites pépites. Ce sera donc Chantai, près de l’Aigle, sur la départementale 926.
Depuis Paris, ce n’est pas trop compliqué : Montparnasse 3, Vaugirard. Déjà, on se décale dans le temps et l’espace, on laisse les TGV et leurs nez busqué. À tous moments, on risque de tomber dans le noir et blanc. Une bonne heure après, nous voici à l’Aigle. Un taxi nous attend et avec bonhomie nous conduit à l’Ecuyer Normand. Du coin de l’œil, le steward me surveille du coup qu’il y aurait de la molécule baladeuse, trop d’amuse bouche, des menus imposés, du curcuma et du gara gara. C’est comme un gardien du temple. Mieux, de phare. Il repère un flan à 60 mètres, et compte les bistrots ouverts. C’est son truc ça, le petit verre de vin blanc, parler avec le patron, demander si on est dans l’Orne ou en Eure et Loire ; en sous-préfecture, en chef-lieu de canton. Il aurait dû être inspecteur au Michelin. Vivre en costume passe muraille, jouer les indifférents et sonder le cœur des pâtés en croûte. Là, dans cette bonne auberge, le feu crépite, la patronne est en teinture auburn et le patron pianote sur internet. Le menu écuyer est impeccable et roule comme une fourgonnette : Coquilles Saint Jacques fraîches poêlées à l’huile d’olive et champignon farci corail aillé beurré nantais ; bar sauvage poêlé à l’huile d’olive, rizotto au safran, parmigiano-régiano ; assiette de fromages normand et pour en finir somptueusement, avec une tarte fine aux pommes pâte feuilletée au beurre, pommes Boskoop, sucre, glace caramel beurre demi-sel. Le feuilletage de cette dernière fait quasiment tomber le steward dans les pommes. Il faut lui commander un calvados. De pays, de surcroît. Puis l’emmener dans un troquet, avaler un café et un cognac. Pour s’endormir ensuite dans le train corail de 16h45.
L ‘Ecuyer Normand, 23 route de Paris, 61300 Chandai. Fermé le dimanche soir, le lundi et le mercredi soir. Menu saveur à 27 euros, Ecuyer à 41 euros.
Sylvie
2 avril 2012 at 23 h 29 minJ’adore le ton de ce billet.
Feuilly
4 avril 2012 at 16 h 18 minTiens, ce matin j’ai aperçu les commentaires des étudiants en hommage au directeur de Sciences-Po décédé à New-York. Pas glorieux du tout et irrespectueux de l’orthographe. Mais sans doute sont-ce des coquilles dont on enlève le « q » ! Un peu comme dans cette chronique – par ailleurs jubilatoire – qui nous parle de « rizotto » et de « parmigiano-régiano » !!!