Edito du printemps: dérobez vous, s’il vous plait…

Petit édito pour le Figaro Madame avec quelques photos de Tokyo…

 

 

 

"Le vol qui consiste à se dérober est permis quand il n'y a plus de merci à attendre."

William Shakespeare

 

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Nous y sommes. Vous y êtes. Le printemps a cette élégance particulière d’habiller les arbres et de dévêtir les femmes. Remonter une rue à bicyclette est sans doute l’une des dernières voluptés urbaines. Il y a là comme une accélération,un haut-le-coeur effronté et patient. Les ourlets des jupes, le pincement des chemisiers, l’entrevoyure d’un boutonnage, le poudré d’un maquillage, les cheveux en liberté ; l’effet vague et leur reflet dans les devantures. S’il n’y avait qu’elles à vous regarder, vous révéler, vous relever…

Le printemps est la saison où les femmes semblent se dérober. Elles s’allégent, ajourent leur robe, la retirent en exclusivité. Dérober, cela signifie sans doute, ravir. Vous glissez alors  dans nos fibres les plus vulnérables. Non point la mémoire (brave cétacé endormi sur la grève), pas encore le cœur (en constant ravalement). Mais l’œil et ses mensonges, ses folies et ses adorations. L’œil est sans vergogne, il ne pense pas. Il voit. Stocke. Joue. Pivote. Ausculte. Voilà sans doute pourquoi, vous allégez la monture, fuyez faussement les regards car ceux-ci vous menottent, vous fixent, vous retiennent à l’occasion. Ils sont sans vergogne, car vous n’y pouvez rien (menteuses !) et nous encore moins.  L’œil est le dernier élément libre de notre corps. On ne les fait plus baisser comme naguère. Voilà pourquoi vous accélerez le pas, les pulsations du cœur.

Les habits du printemps sont la fin d’un enmitouflage rassurant. Vous laissiez alors vous approcher, on pouvait même vous prendre dans les bras, vous secouer comme un sapin de neige, rigoler entrelacés. Maintenant , avouez le, c’est plus délicat. Nous approchons l’épiderme, le sens et l’essence. On approche le tumulte, l’effroi, le chaud. Les vêtements du printemps sont une sorte de chanson courte et entêtante. On se retourne sur vous, vous laissez un sillage et son image. Vous nous laissez traverser sur le pointillé d’une couture, le passage piéton passage au vert, puis au rouge. Mais, ce qu’il y a de plus terrible dans les rues du printemps, c’est que déjà elles préfigurent celles de l’été.

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  • Gould
    3 avril 2012 at 10 h 29 min

    Il semblerait que vous soyez retourné aux tenugui ou je me trompe…

  • françois Simon
    3 avril 2012 at 10 h 32 min

    euh oui…

  • Gould
    3 avril 2012 at 13 h 49 min

    Ah je me suis laissé tromper par l’arrière plan. Alors que le plus important est au premier…

  • pops
    6 avril 2012 at 13 h 01 min

    http://www.keisukematsushima.com/
    Tres tres bon

  • BEGUET Alice
    19 avril 2012 at 1 h 46 min

    Belle entrée en matière pour une belle saison. merci une fois de plus, pour ce texte, et pour le reste.