Parfois, on est un peu sot. On imagine qu’avec une seule recette, on grimpe sur un escabeau pour caresser les étoiles.Mais c’est ainsi. Après le superbe dîner de Thierry Voisin (les Saisons, Imperial Hotel, Tokyo) donné au Lucas Carton, la semaine dernière, je me suis donc essayé à sa fabuleuse sole au beurre de gingembre. Pfuit, ce fut un gentil désastre et comme seule photo présentable, je ne puis vous livrer que cette phase banale de la recette. On réalise alors que pour réussir chaque jour un plat aussi bien, il faut l’avoir adopté, dompté, pensé, aimé, désiré. Et ce pendant des années.
Le diner fut éblouissant de clarté tonique. Des plats d’une élégance rare qu’une misérable étoile vient couronner incompréhensiblement depuis des années. Tel est parfois le Michelin enfermé dans ses arcanes mutiques. Cela dit, rien ne nous empêche de savourer ce talent, le faire notre. C’est l’étrange privilège de l’injustice.