Ce fut une question terriblement concernée que l'on me posa un beau jour. Il ne s'agissait pas alors de finasser, d'envoyer dans les prunes ou de détricoter la question. Il y avait dans ce regard une interrogation fondamentale ; un vrai souci de vérité. Celui du bon goût, certes, mais bien plus encore une transversale (ou une oblique si vous préférez) qui partait comme un javelot puissamment projeté, avec le fuselage pointu et bientôt perçant.
Répondre quoi, alors ? Que la blanche est plus fine, savoureuse et fragile ? Que la jaune verse vers un côté plus ferme et juteux ? Diable, dans ces cas-là, il ne faudrait jamais trancher. L'ordre gastronomique n'est plus là avec sa doxa. Aujourd'hui, le mauvais goût est apparu comme une rébellion. Il a ressorti des légumes oubliés qui auraient dû le rester, anobli de braves hamburgers qui ne demandaient qu'à rester ploucs et rustres, propulsé des vins au goût de terre.
Il n'y a plus de juges ni de lois. L'internet débite. Naguère, on aurait tranché pour la blanche, vertueuse et noble, fière et fragile, rare et virginale. Porté un regard plus sévère sur l'épiderme de la jaune, trop vacancière et distraite, abondante et bavarde. Le soleil était encore un ennemi (il le redeviendra), on vantait La Baule comme la plage la plus ombragée d'Europe. Maintenant, nous voici face à nous-mêmes. C'est embarrassant. Il n'y a presque plus personne pour nous dire, pour nous apprendre à sucer les arêtes caramélisées des soles, localiser les sot-l'y-laisse (sous la carcasse, comme une huître endormie), la tranche d'or du melon (celle qui reçoit le plus le soleil). Alors, il faudra s'y faire. Réapprendre tout. Pour la pêche, on procédera de même avec beaucoup de sérieux et de silence. Prendre des pêches douces, mûres, à température ambiante. Et dialoguer avec elles. Les prendre, les aspirer, les détailler au canif. Localiser votre chimie et la leur. Votre goût est un continent merveilleux. Il s'ennuie. Il dort à vos pieds, à vos mains, dans notre bouche, contre les ailes de votre nez. Peut-être alors découvrirez-vous la marche suivante. La pêche de vigne. Elle arrive lorsque les vacances s'achèvent. Elle est fière et sauvage, audacieuse et acide. Peut-être réveillera-t-elle en vous cet univers endormi. Vous deviendrez un fruit. Sauvage et audacieux.
Répondre quoi, alors ? Que la blanche est plus fine, savoureuse et fragile ? Que la jaune verse vers un côté plus ferme et juteux ? Diable, dans ces cas-là, il ne faudrait jamais trancher. L'ordre gastronomique n'est plus là avec sa doxa. Aujourd'hui, le mauvais goût est apparu comme une rébellion. Il a ressorti des légumes oubliés qui auraient dû le rester, anobli de braves hamburgers qui ne demandaient qu'à rester ploucs et rustres, propulsé des vins au goût de terre.
Il n'y a plus de juges ni de lois. L'internet débite. Naguère, on aurait tranché pour la blanche, vertueuse et noble, fière et fragile, rare et virginale. Porté un regard plus sévère sur l'épiderme de la jaune, trop vacancière et distraite, abondante et bavarde. Le soleil était encore un ennemi (il le redeviendra), on vantait La Baule comme la plage la plus ombragée d'Europe. Maintenant, nous voici face à nous-mêmes. C'est embarrassant. Il n'y a presque plus personne pour nous dire, pour nous apprendre à sucer les arêtes caramélisées des soles, localiser les sot-l'y-laisse (sous la carcasse, comme une huître endormie), la tranche d'or du melon (celle qui reçoit le plus le soleil). Alors, il faudra s'y faire. Réapprendre tout. Pour la pêche, on procédera de même avec beaucoup de sérieux et de silence. Prendre des pêches douces, mûres, à température ambiante. Et dialoguer avec elles. Les prendre, les aspirer, les détailler au canif. Localiser votre chimie et la leur. Votre goût est un continent merveilleux. Il s'ennuie. Il dort à vos pieds, à vos mains, dans notre bouche, contre les ailes de votre nez. Peut-être alors découvrirez-vous la marche suivante. La pêche de vigne. Elle arrive lorsque les vacances s'achèvent. Elle est fière et sauvage, audacieuse et acide. Peut-être réveillera-t-elle en vous cet univers endormi. Vous deviendrez un fruit. Sauvage et audacieux.
emmanuelle
25 juillet 2013 at 22 h 51 minwaouhhhh c’est bien CA, dis donc. Inspiration, inspiration. Il y a de l’inspiration dans l’air et de la belle écriture!!!!
LobsterMayo
29 juillet 2013 at 3 h 56 min64 ans dont 50 passés dans la restauration de luxe,et je n’ai jamais entendu parler de la Tranche d’Or, Merci monsieur Simon c’est des choses comme cela qui me font lire votre blog chaque matin, depuis Phuket…
Claire
2 août 2013 at 8 h 48 minJoli moment de poésie, merci !