Anne-Sophie Pic, le gout en héritage

"Se faire plaisir pour faire plaisir », c’est le slogan retenu par Anne-Sophie Pic pour son école de cuisine, scook, qui vient d’ouvrir à Valence. Pas folle, la guêpe aux trois étoiles ne s’en occupera pas directement. C’est son second, Aude Rambour qui devrait transmettre l’esprit de la dame et du lieu, cette adresse monumentale dont la spectaculaire enseigne (PIC) marquée au fer brossé, se découpe sur une façade taupe.

Pic

Pic, c’est juste une légende. Un résumé de France éternelle. Anne-Sophie Pic, jeune femme menue, ressemble à ce tour de force, mais elle a de surcroît cette concentration des êtres aux aguets alors que d’autres s’adonneraient au Culbuto de la renommée. Réservée, elle est sur un éternel qui-vive. Comme si le destin rôdait encore dans cette maison, comme s’il bouillonnait encore et toujours entre les murs de ce restaurant.

Il y a chez Anne-Sophie Pic comme une pliure de l’esprit qui l’a d’abord poussée à prouver à l’extérieur ce qu’elle pouvait faire à l’intérieur. La vie s’est chargée du reste, l’a rabattue comme le ressac de la marée sur le rivage de Valence. A 22 ans, elle s’est remise à la cuisine comme une apprentie. Savourant les retrouvailles avec son père. Ils déjeunent en famille – avec son mari, David Sinapian – chez Trama à Puymirol, parlant de l’avenir. Ce sera leur dernier repas ensemble. Son père meurt peu de temps après. Le choc l’a propulsée dans la suite, pas en conquérante, mais avec l’humilité, la ténacité des saumons qui remontent les rivières.

Voilà pourquoi aujourd’hui, dans sa cuisine, on retrouve tous les ingrédients de cette vie, de cette famille, de cette légende. Si vous faites attention au-dessus de l’assiette, vous retrouverez cette structure tenace, ces contre-chants (vieux rhum avec des saint-jacques rôties ; chocolat avec les asperges). Comme s’il fallait toujours trouver, juste à côté, le contrepoint, l’argument qui renforce le centre. Les assiettes d’Anne-Sophie Pic sont des livres ouverts. Un livre de lutte, de passion, de quête. Touchantes et savoureuses.

Renseignements sur www.scook.fr ou au 04 75 44 92 38. www.pic-valence.com Photo DR


  • Thierry Richard
    7 avril 2008 at 17 h 23 min

    A mon humble avis, le slogan choisi par Anne-Sophie Pic, c’est plutôt « SE faire plaisir pour faire plaisir », ou alors ce n’est pas une école de cuisine qu’elle devrait ouvrir mais un cours privé de soutien scolaire à l’orthographe… 😉
    Pour le reste, c’est un sans faute !

  • Deli
    7 avril 2008 at 18 h 09 min

    Ouhhh, ça fait mal là… Mais je suis la première à reconnaître les miennes. Un conseil, il vaut mieux en rire 😉
    Euh sinon, c’est pas pour insister, c’est pas mon genre, mais il y en a d’autres :)) Un indice ?

  • Tiuscha
    7 avril 2008 at 20 h 30 min

    Très joli hommage, à cette femme-égérie, tellement zen en apparence, qui mène de front toutes ces activités, quel punch et quelle sérénité à la fois. Mais là, scook perd un peu de son attrait…

  • François G
    8 avril 2008 at 10 h 36 min

    Nous y sommes passés début mars. Accueil et service parfait. Une très belle expérience culinaire. Plus de détails sur notre blog.

  • emmanuelle
    9 avril 2008 at 15 h 30 min

    je ne comprends pas votre remarque thierry? J’ai beau chercher? Vous éclairez ma lanterne?