Pas compliqué, c’est le restaurant en mieux. Vous trouvez un hôtel à votre goût, même près de chez vous et vous réservez et vous commandez votre repas dans votre chambre. C’est la planque idéale. Tout le monde est dehors et vous au chaud. Le room service, c’est un peu la vie en exclusivité, rien que pour vous.
Le monde peut s’arrêter, qu’importe, il y a réunis dans une chambre deux êtres qui ont toutes les raisons de s’y trouver. Au diable les restaurants et leurs transports en commun, vous êtes ici rien que pour vous et votre unique plaisir. Une fois la porte refermée, il ne restera plus que l’essentiel et son irrésistible superflu. Qu’importe vos manies et vos hantises, il y dans la chambre et son room service, comme une extraterritorialité. No dress code, vous pouvez arpenter votre suite la cravate dénouée, une chaussure à l’envers. Vous pouvez même ne rien faire (le nouvel hédonisme), penser, lire un livre allongés en cuillère, jouer avec le soufre, vous réapproprier le temps et son espace, faire ce qui vous chante.
Il y a dans le room service comme une carte blanche, une page vierge, un exercice libre. Pourtant, rares sont ceux qui utilisent ce recours aux relents sulfureux. Et parmi ceux qui l’ont utilisé, peu en parlent, car le room service appartient à ces choses indicibles dont il est difficile de rapporter en termes paisibles tous les charmes du genre.
On l’aura compris, le room service n’appartient pas aux genres mineurs. Pas question de le galvauder, de commander à la va vite, en dépit du bon sens, des nourritures à la va-que-je-te.
S’il vous plait, comme d’habitude, contentez-vous du meilleur. Si vous devez passer vingt-quatre heures dans une chambre, autant ramassée dans un angle ? La vôtre ? ! Que pouah ! Matez la map et dénichez la case qui vous semble la plus appropriée à vos séjours. Mais attention, vous n’avez guère de temps pour vous retourner.
Si l’hôtel est complet, ne comptez pas modifier votre cas ; en revanche, si vous êtes arrivés suffisamment tôt, vous aurez tout le loisir de mettre la pression sur vos hôtes. Prétextez ce que vous voulez (une chambre trop petite, le bruit, l’orientation, l’odeur de tabac…), mais exigez gentiment (toujours) une autre chambre. Dans neuf cas sur dix, on vous en propose une autre qui s’avère toujours être meilleure. Ce scénario est également valable pour une table au restaurant, un poste dans l’administration, une chaise de plage.
Ne perdez pas trop de temps et d’énergie dans cette opération, le plus important reste à venir. Dans ce séjour éclair, gardez le corps allègre et léger : pas de festin qui vous désobligerait. Juste des plats ailés, légers, piquants comme la guêpe. Des nourritures sans triple moquette, mais sensés, paisibles, ne faisant pas les intéressants, ni jouant les m’a tu vu. Que je sache, il y a deux stars dans cette chambre, et ce n’est pas un soufflé de petits pois qui va rafler l’oscar de la soirée.
Ne pensez pas qu’en appuyant sur la touche room service, la partie est gagnée. Là aussi, on peut se méprendre et se retrouver avec un dîner somptueusement loupé. Pour éviter cela, il faut vous mettre le personnel dans la poche. Réglez seul le timing de la soirée, les accessoires indispensables (bougies, seau à glacé, pain frais ou toasté…), rameutez vos manies (verres tulipés, beaucoup de glace dans le seau). Pour le choix du vin, je préfère, pour ma part, choisir soigneusement mon flacon dans une boutique adéquate ; les vins des hôtels sont souvent dispendieux et le choix mollasson. Les méticuleux et les distraits se retrouveront alors dans un délicieux usage : accrocher sur la porte le plus voluptueux des panonceaux : Ne pas déranger.
(Photo F.Simon)
Véronique Deshayes
17 décembre 2008 at 11 h 02 minBravo, bel hommage au réveillon en chambre, ce que je vais faire sous le toit d’un petit hôtel alpin, avec une bouteille de champagne -choisie par nous bien sûr, vous avez mille fois raison- bien calée dans la neige du balcon.
Babyloner
17 décembre 2008 at 11 h 37 minSans aller jusqu’à vous demander l’adresse de votre réveillon 2008 (quoique la photo en dit long pour qui suit le blog…), dans quels hôtels avez-vous le plus apprécié le room service du 31 ?
Gould
17 décembre 2008 at 11 h 47 minLe Durrant’s.
Une Ville Un Poème
18 décembre 2008 at 16 h 07 minBelle feuille pour écrire un début de roman, ou plutôt de poème !
sooishi
18 décembre 2008 at 19 h 56 minL’idée est vraiment très séduisante…
mauss
19 décembre 2008 at 4 h 02 minC’est bien du François Simon, ça ! la jouer solo à l’égoiste un jour de collectif, de pluriel.
:-)))
françoise
19 décembre 2008 at 9 h 05 minOui,oui le room service,j’adhère totalement , pour échapper au réveillon-collectif ! .
Ou alors ,seule ,avec mon Homme, à la maison ,devant la cheminée crépitante et des bulles, Pol Roger ou Ruinart ,je les aime bien en ce moment , et quelques huitres….
Bonnes Fêtes à toutes et tous.
Thierry Richard
19 décembre 2008 at 14 h 22 minMais qui va garder les enfants ??? 😉
agnex
20 décembre 2008 at 12 h 15 minc’est tellement vrai …
une petite recette à lire avant de passer commande:
Prendre un lapin, le saler.
Réserver.
Prendre un pigment bleu, le poivrer.
Faire blondir un beurre salé dans une poële, au nez.
Ajouter des rêves émincés, par petites quantités.
Séduire le lapin, ne pas le réduire.
Quand le beurre rêvé commence à chanter, Ajouter le bleu poivré.
Inviter le lapin à l’ écouter,
Et à y tremper ses oreilles.
Si le lapin décline l’ invitation,
La recette est ratée.
Vous pourrez par contre récupérer les rêves bleus En les congelant.
Ils se gardent mille ans.
Bonnes fêtes de fin d’ année
Restolovers
1 janvier 2009 at 18 h 23 minCher François
Nous avons suivi votre conseil et nous venons de passer un sublime réveillon au Trianon Palace …. avec un Dom Pérignon 2000
Quel luxe ….
Merci pour votre idée