Sandwich sncf, mythologie française
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C’est comme le sparadrap du capitaine haddock, qui cherche en vain à s’en séparer, le calamiteux sandwich SNCF persévère à rester une des grandes figures de la mythologie française. Il y a comme une admirable fidélité à ce petit rondin de pain désolant de médiocrité. Il a beau passer à la forme triangulaire, ça reste collé à sa semelle. On a même beau changer de prestataire (à présent, c’est un italien, Cremonini restauration), on butte toujours sur le même sillon.
On appelle cela un club-jambon fromage en pensant que l’on va glisser discrètement dans la catégorie lounge d’affaires, mais c’est toujours ce même surplace, la mâchoire partant à l’assaut du vide. Enfin presque : pain de mie, protéines de blé, émulsifiant, antooxygene, nitrite de sodium, mono et diglycérides d’acides gras, acide citrique…Il faut bien vingt lignes de lettres minuscules pour baptiser cet éternuement alimentaire. C’est à se demander même si râler automatiquement, le drapeau français planté sur la tête, on ne participe pas à ce mythe en le confortant avec une brave mauvaise foi (c’est vrai la minscule tranche de jambon faisait quelques efforts, le tiramisu du dessert était parfait dans son écoeurement).
On râle cependant légitimement parce que c’est une honte, comme sur les autoroutes de tomber nez à nez avec ces étouffes païens réfrigérés. Bonne nouvelle cependant, on nous annonce prochainement l’ouverture d’une douzaine d’antennes Mac Donald qui vont sérieusement animer les habitaches de voiture avec des débats homériques : un big cheese ou une semelle froide d’emmenthal ?J’étais en train (Biarritz Paris, dimanche dernier) de marmonner tout seul dans mon malheur, le bec enfariné (malt, flocons de blé malté 9,4%, son 2,7%, farine d’orge, agent de traitement de farine E 300) lorsque une scène m’occupa de Bordeaux Saint Jean à Tours.
Il y avait là dans l’oblique une madone blonde et face à elle son gentil mari en tenue de week end. Il avait ouvert son ordinateur et travaillait au photo shop, quelques portraits de sa douce. C’était joliment attendrissant car en un coup de pinceau, il polarisait un ciel, une barrière ; adoucissait la blondeur des cheveux de la future belle, réveillait son pull de laine vierge. C’était hypnotisant. Assez sensuel. Bref, ce type était dingue de sa meuf. Où veut-on en venir ? Juste une qualité de sentiment, un souci du mieux que confirma la scène suivante.
De son sac ciglé, notre homme sortit un sac de boulangerie et de là deux formidables sandwiches. Respect. Là, on a presque honte avec nos aliments plastifiés (10 euros la formule), notre ouin ouin neurasthénique, nos révoltes anti-mobylettes. On devrait aller s’excuser en Espagne, à Lourdes, chez monsieur et madame Mac Donald. Et vite fait, le week end suivant, faire comme eux.
Moralité : rien de sert de pleurnicher devant les programmes de télé, les mauvais sandwiches, les mauvais restaurants. Il suffit d’aller voir ailleurs si l’on y est. On y est toujours.
Une adresse de bon sandwich à Paris ? le Petit Vendome,8, rue des Capucines. Map Youpee !
Gould
21 mai 2009 at 10 h 44 minSouvenir d’un panini derrière Sorrento. Quand le soleil tape dur, se refugier dans la petite cabanne des nonne. Une petite boule de pain eventrée, de la mortadelle, une tomate, de la mozzarella et huile d’olive. Le tout provenant sans doute du supermercato local. Hummmmmmmm.
sue
21 mai 2009 at 11 h 02 minLa solution serait de se le faire soi-même, le sandwich, mais on se sent très vite bête alors qu’on essaie de dépiauter le papier alu sans se faire trop remarquer de ses voisins (ne manquent plus que les oeufs durs et la mandarine qui dégouline sur les doigts).
Alors on renonce à cette anticipation de bon sens, au nom du cool, cette plaie des temps cultivés que nous vivons.
VdS
21 mai 2009 at 15 h 47 minQuand nous étions petits ma mère prévoyait un poulet grillé que nous mangions froid avec la petite bouteille de rouge pour mes parents, des fruits, du pain et des tomates. Le bonheur. Le TGV n’existait pas il fallait tuer le temps. Il faudrait réhabiliter le pique nique ferroviaire.
OURS
21 mai 2009 at 21 h 48 minJe ne comprend pas pourquoi on continue à lire dans les articles MAC DONALD’S alors qu’avec plus de 35 000 restaurants dans le monde et des centaines de pubs télé et presse personne n’écrive correctement le nom de cette enseigne omniprésente. Allez je vous montre c’est pas compliqué : MC DONALD’S
Je pense qu’on leur doit bien au moins cela !!
Sunny Side
22 mai 2009 at 17 h 09 minMême pas en rêve ces cochonneries !!!
sue
22 mai 2009 at 19 h 01 minOurs,
Non, non, vous n’y êtes pas encore : il n’y a pas d’espace entre le Mc et le D…
(Pour être complète, je vous dirai aussi qu’une légende laisse entendre que Mac et Mc signaleraient une origine soit écossaise, soit irlandaise. Mais pas du tout – le second est l’une des abréviations du premier, à côté de M’ par exemple. Bref. On écrit donc le nom que vous savez tout attaché.)
nusul
26 mai 2009 at 23 h 30 minLe pavé de texte est aussi indigeste à lire que les sandwichs cités. Belle allégorie! 🙂
Cristina
25 octobre 2009 at 1 h 15 minJ’arrive tard avec mon commentaire (comme un train un jour de grève) mais bon,je pense que le menu SNCF n’a pas change depuis mai. Ma solution c’est un joli bento box rouge acheté dans une boutique sur Internet. Et j’adore la phase « preparation du dejeuner/diner by train » :))