Voici comme d'hab, la rubrique du Figaro dans son jus initial. C'était, il y a quelques temps en Bourgogne. Un aller-retour vrp avec petite chambre d'hôte, le tgv du matin, la vie est belle. La semaine prochaine, on attaque Sao Paolo: tudo azul !…
Apres Monceaux les Mines, Vierzon, Saint Just Saint Rambert, le steward savait qu’il avait à se faire pardonner ; notre dernière excursion à Angoulême fut tout de même un misérable piège où notre ami tenta laborieusement de faire passer sur le dessus de la pile le dossier d’une table de ses amis.
Pourtant notre contrat tacite est d’une clarté biblique, visiter des tables extraites de l’inconnue, planquée en huitième rideaux avec quasi-obligation de prendre l’obligation de prendre l’autocar, l’autobus quand ce n’est pas pédibus. La France regorge de ce genre d’adresses. C’est même à peine croyable de se promener dans les rues à l’heure du dîner.Tout est quasiment fermé, la France passe sous le chloroforme des couettes et de la télé. Et de temps en temps, il y a de la lumière allumée. Ce sont des restaurants improbables. Pas un chat, un village de 1000 habitants et niché dans une petite coquille, l’espoir, la passion, un travail de fou , de fourmis, quand on y pense, c’est assez miraculeux et c’est bien pour cela qu’il s’agit de sortir de Paris, et des grandes villes, allumer sa lanterne. Et raconter.
Ici, nous sommes à Marsannay, au bord de la RN 74, la route des grands crus bourguignons. Les villages vignerons se ressemblent souvent : proprets, rangés comme des rangs de vigne, discrètement prospères. On doit y vivre heureux, et de ce fait, cachés. Le restaurant vient de passer de main en main, il y avait là un étoilé, un jeune est arrivé. Connaissez-vous Romain et Agnes Detot ? Moi, non, du tout . Leur restaurant les Gourmets est inscrit dans la catégorie espoir une étoile dans le guide Michelin. Autant dire que vous tenez là des hamsters qui tournent dans la roue avec une allure vertigineuse. Ils savent qu’ils peuvent la décrocher, il leur suffit de faire tourner la roue encore plus vite. Mais attention, pas question de vider le frigo, de remettre du rouge à lèvre sur les serveuses, de tracer un héliport. Ca c’est fini.
Le Michelin aujourd’hui est imprévisible. Il peut travailler au mérite, au tout fou, au dernier cri, au petit poussin, au vieux coq. Ils ne savent plus tellement où ils sont. Ils errent aux aussi la bougie à la main. Quand on est chef, on sait tout cela.On sait en province si l’on est dans une zone sursaturée d’étoiles (il faut attendre qu’un décanille) ou s’il en manque, c’est bon, s’il y a un lectorat, style Languedoc-Roussillon, là les hommes du marketing réclame un fanion, on leur accorde volontiers. Ici donc à Marsannay, Romain et Agnes vont devoir ferrailler sec, faire des miracles discrets.
C’est pas loin d’être la cas avec notamment des œufs en meurette au marsannay ou encore avec ce pigeon à la réglisse . Une cuisine élaborée, pas trop surchargée, avançant prudemment (pas de grigris sosot), au bord de la saveur, comme l’on remonte un rang de vigne. Cuisine calme servie dans un décor convenu à la modernité azimutée : le décor des restaurants, ça reste toujours le pompon . Tout pres de là, dans la nuit acalmée, des chambres de gites proprettes et candides.
Les Gourmets, 21160 Marsannay la Cote ( 03.80.52.16.32 ). Formules à partir de 17 euros. Nathalie Georges, 3, rue Neuve, à Marsannay (03.80.58.72.20) à partir de 60 euros (03.80.52.16.32). Menus à partir de 40 euros
fabien lefebvre
6 juin 2009 at 15 h 30 minils errent eux aussi la bougie…..