Lipp, doux Jésus,, quel flop !

LIPP DESSOUS DE TABLES

Récemment, je suis allé faire un petit tour chez Lipp. je savais que la réputation du lieu n'était pas folichonne mais là, je suis resté sur le derrière. Quasiment rien becqueté…

Voici la chronique du Figaro, en version longue…

On y fait la queue, les carnations rosissent de félicité, le monde accourt et pense toucher l’esprit français au centre de la cocarde. Voici Lipp, posté sublimement au bord du carrefour Saint Germain avec sa casquette crème et carmin (01.45.48.53.91 ; 151, bd Saint-Germain, 75006 Paris).

Dans la première salle, de solides appétits désabusés saucent à tout va. Ils sont là comme une annexe du musée Grévin, des cachets de la poste. Ils font foi. On s’exclame, rouspète, s’interpelle, pas de doute, ça c’est Paris que nous aimons avec ces tronches et ces dégaines, son brouhaha surjoué. Les serveurs filent doux, les maîtres d’hôtel plastronnent. On se masse au bruit, on se faufile comme les bulles de champagne dans une flutte.

Lipp est inimitable. Du reste, personne ne cherche à le copier. Et l’on comprend pourquoi lorsque les assiettes arrivent. Les poireaux vinaigrette traînent comme de vieilles chaussettes, le poulet rôti est sec, la sauce tragiquement singée (une mer morte). Les frites sont à la ramasse, le baba au rhum a comme un bouton sur le nez. On aura presque tout laissé dans l’assiette. On devrait se plaindre, on ne le fera pas. On fait comme les touristes venus (dixit le guide Zagat).

C’est un peu comme boire du whisky pour la première fois. On se dit que c’est vraiment infect, mais tout le monde autour roule des yeux ronds et se masse le ventre. Bons chiens, nous sommes des bons chiens ne souhaitant qu’à adhérer au groupe, à la ville, à Paris, alors nous faisons de même avec une admirable bonne volonté : on roule des yeux et on se masse le ventre. Va pour cet aimable mensonge social. En fait, il y a en nous cette formidable mauvaise foi parisienne qui encense les restaurants désolants.

On se soupçonnerait presque de les entretenir ainsi dans leur médiocrité rayonnante rien que pour se moquer, d’eux, de soi. Nous rassurer. C’est de produire de tels désastres décomplexés tout en réclamant l’inscription au patrimoine mondial de l’humanité. Finalement, nous sommes incorrigibles, égocentriques et un brin cintrés, n’est ce pas ? Certes, mais on voudrait tout de même, juste pour rire encore plus fort, un vrai bon poulet rôti et des frites canon. Possible ?

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A propos, on est samedi, n'oubliez pas les " Dessous de table de Francois Simon", c'est tout à l'heure sur Direct 8 ver 11h30, rediffusion le dimanche matin à 8h35…

Brasserie Lipp 151, boulevard Saint-Germain 75006 Paris 01 45 48 53 91 Tous les jours de 12h à 0h45. Menu à la carte : 30-60 € Map

  • Ratatouille
    7 novembre 2009 at 11 h 27 min

    Jonathan Nossiter dans son dernier bouquin  » Le goût et le pouvoir » a parlé à propos de Lipp de brasserie « scandaleusement cynique ».
    Je file c’est l’heure des « Dessous de Table »

  • radicchio
    7 novembre 2009 at 11 h 29 min

    …Et en plus ils sont même désagréables. On a l’impression que si on a pas estampillé sur le front « vedette », « star du cinéma » et similia, on vous regarde de haut en bas.
    cela est supportable (c’est le cas dans d’autres restau de la capitale aussi) quand la nourriture est plus qu’impeccable. mais puisque ici ce n’est pas le cas, loin de là…!
    ps Enfin vous êtes rentré Mr Simon! damas c’est bien mais nous avions soif de nouveaux adresses parisiens. Même ceux qui sont à éviter!

  • Gould
    7 novembre 2009 at 14 h 30 min

    « QUEL » flop.
    « formidable mauvaise foi parisienne qui encense les restaurants désolants » : la même qui vous fait encenser l’Armani Caffé alors que descendrez en flamme l’annexe du Bristol avec les mêmes contre arguments ?
    La mauvaise foi parisienne finalement ce n’est ni plus ni moins que la contradiction humaine :-))

  • Sunny Side
    8 novembre 2009 at 8 h 47 min

    Vous en écrivez des tonnes sur un flop et quasi rien sur ces restaurants à Alep ou Damas qui vous enthousiasment ! Un flop = trois lignes ! un coup de coeur au moins quinze lignes … non ?

  • Syl
    8 novembre 2009 at 12 h 34 min

    Tellement exact !

  • Archie
    9 novembre 2009 at 3 h 00 min

    @ Gould : contradiction ? Pas d’accord. L’Armani Caffe a quelque chose de de très séduisant, peut-être est-ce l’ « effet Massimo », en tout cas à la grande époque c’était une table de qualité. Le genre où l’on arrive le doigt sur la gâchette, prêt à tout dézinguer, et qui vous emporte malgré vous avec un naturel désarmant, dans des assiettes simples, vives, et parfaitement troussées. Les prix ne sont pas plus absurdes que ceux des fringues, et vous pouvez espionner la « jolie clientèle » (expression détestable, non ?) sans vous cacher : ils adorent ça, ils prendront même la pose pour vous faire plaisir. Folie assumée, adresse tonique, élégante sans forcer (pléonasme). Bien sûr, ne pas y aller si l’argent compte pour vous, mais ces adresses ont leur légitimité, leur vérité. (dernière visite il y a 2 ou 3 ans cela dit)
    Alors que la brasserie du Bristol est une table moins sincère, plus forcée, entre le parti-pris du snobisme et la nécessité de séduire un maximum de gogos quand même. Ambiance cul entre deux chaises donc, assiettes hésitantes, service schizophrène, une table façon Hélène D.. Donc logiquement les gogos que nous sommes préfèrent aller voir ailleurs.
    Cordialement

  • Gould
    9 novembre 2009 at 13 h 30 min

    @Archie :
    « en tout cas à la grande époque c’était une table de qualité. » Oui, rien à voir avec ce qu’est devenue cette table aujourd’hui. Je me souviens de risotto mémorables. La cuisine, comme les lignes d’Armani, s’est modernisée pour flatter une clientèle plus jeune, plus bling bling.
    La « jolie clientèle » ? Trop de Goyard, trop de blackberry, d’avocats à la peau brûlée par les UV, d’anciennes beautés fatiguées, de littéraires mondains, mais au final pas trop d’originalité. Seule la glace turbinée a gardé de sa splendeur. Le reste est honnête sans plus.

  • e
    12 novembre 2009 at 12 h 34 min

    c’est drôle tout le monde commente sur Lipp alors que là, tout de suite, ce qui est bien c’est quand la façon dont ce papier est balancé? que Lipp soit dégueulasse on le sait depuis longtemps mais dit -enfin écrit- comme ça, c’est tellement plus savoureux.

  • Syl
    12 novembre 2009 at 16 h 59 min

    « Quelle » flop… êtes-vous sûr ?

  • françois Simon
    12 novembre 2009 at 17 h 02 min

    oh la la, vous avez mille fois raison, sorry !

  • Jean-Daniel Grossagouin
    2 décembre 2009 at 17 h 56 min

    Et si on se contentait d’une choucroute, ça n’irait pas tout de suite mieux ?
    Celle que j’y ai mangée il y a deux ans était vraiment bonne, bien confite, comme à la maison quand on la mange le lendemain. Rien à redire.
    Franchement, le poulet rôti…