Dernière soirée au Plaza Athénée: snif !

Paris, Plaza, Mates

Lundi soir, le palace de l’avenue Montaigne a retenu son
monocle, soulevé sa mantille, le temps d’une larme, celle d’une courte absence.
Les grues sont déjà comme les couverts au-dessus d’un plat de pâtes. Pendant
six mois, on va agrandir l’hôtel de trois immeubles contigus (avenue Montaigne
et rue Clément Marot), passer un gigantesque coup de plumeau du sol au
plafond ; se refaire une beauté, histoire d’être de taille à affronter les
nouveaux sumos parisiens arrivant la fumée aux babines. On portera aux enchères
(le 8 octobre) vases, guéridons, tasses, fauteuils, plumards et oreillers pour
les aficionados de cette adresse culte parisienne. On voudra alors ralentir le
temps, s’accrocher à ce rocher à la façade ondulée, lui demander de freiner un
peu la vitesse. Temporiser, que l’on souffle un peu.

Paris, Plaza, soirée tablée
Du reste, la musique tend
ses filins, Werner Kuchler, le directeur du Relais Plaza, accompagné de  Serguei au piano, égraine Elton John,
C’est si bon, J’attendrai. Laurent Roucayrol, le sommelier, fait couler
lentement un somptueux vin italien : la Proprieta Sperino in Lessona. À
chacun ses filtres. Des tablées festoient avec application (Chanel, Dior),  une célébrité vérifie dans vos pupilles
que son image véhicule encore (Richard Anconina). Il y a même, murmure t- on,
l’impresario de Johnny Hallyday. François Delahaye, le directeur, veut rassurer
son monde. C’est ce qu’il fit d’ailleurs, il y a douze ans, en balançant un bar
hyper hype, dessiné par Patrick Jouin. On avait frémi. Maintenant on regarde
comme un vieux toutou sage ce bar à variation lumineuse en inox poli et verre
bombé texturé (mis aux enchères à 20 000 euros). Il diffuse cette même lumière
bleutée des écrans des portables. Ceux là même qui éclairent régulièrement des
visages de beautés incertaines, presque adolescentes, encore effrayés par leurs
silhouettes gantées (comme si cette grâce allait s’échapper). La peau
s’intercale à peine ; guère de formes, juste un trait au fusain. La nostalgie
tambourine si discrètement, l’époque va trop vite. Avant on l’accueillait, on
en faisait des chansons. Des maladies de langueur. Maintenant, on attend déjà
l’Iphone 6. Que fait-il donc ? 
Le moment a disparu, l’instant survit à peine. On voudrait la suite.

Finalement,
c’est la chose la plus sexy que l’on puisse demander à un palace.

  • Claude Polonsky
    7 octobre 2013 at 8 h 32 min

    Bonjour,
    Est il vrai que vous allez écrire un livre sur le Plaza?
    Si oui, comment pourrez vous critiquer
    Alain Ducasse?

  • Gould
    7 octobre 2013 at 16 h 05 min

    Le repose sac Chanel il fallait y penser!