Pierre au Palais Royal, ambiguité de la tranquilité

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 Au Figaroscope, on s'est dit que ce serait une bonne idée de réunir quelques bonnes tables assez tranquille. Pas si facile en fait, témoin cette expérience au Palais Royal…

 Pas évident de dénicher ces fameux restaurants à la fois bon et tranquille. Une sorte de déesse célibataire, un ogre au régime, un stade sans spectateurs. La perle rare. Elle existe pourtant. C’est sans doute ce genre de restaurant que l’on se met sous le coude, on le planque négligemment. Pratique honteuse, vous en conviendrez. On pourrait soupçonner au Figaroscope, par une lâcheté gourmande bien compréhensible, de nous en garder sous la semelle. Hélas, lorsqu’on s’en vient chercher de ce coté là, il n’y en a guère. Nos meilleures adresses nous vous les refilons toujours ! C’est heureusement vrai. Alors, il existe un autre rideau (le deuxième) où se nichent des tables plus que valeureuses, valables. Elles sont elles-mêmes un peu perdues parce qu’elles louvoient, se cherchent entre les deux siècles, ne savent pas sur quel pied danser. Céder à la tendance, faire des courbettes au guide, vendre son âme ? Pas vraiment leur genre. Elles rament bien souvent par bravade, courage inutile. Pierre au Palais Royal, j’y passe tous les jours devant en bicyclette, c’est exactement ce genre de restaurant qui pourrait rentrer dans cette catégorie. L’arrivée. Lorsque nous sommes entrés vers 20h20, c’était parfait, l’idéal. Juste une table.

Un couple avec le monsieur un peu dans les choux et sa femme, volontaire en diable, soliloquant la moitié du repas après avoir décrété de façon un peu sonore, au-dessus d’une coupe de champagne : ce soir, je ne vais pas boire. Très chic, partant gentiment en chips mais nickel pour la tenue de ce papier. Les nourritures. Parfaites comme ce tendron de veau aux légumes d’hiver arrivant avec bonté et générosité dans une cocotte de fonte. Ou encore ce bar poché au beurre salé de chez Jean Yves Bordier avec courgette jaune et verte à la fève tonka ; une cuisine ramassée, expressive, coloré allant de l’avant. Comme on aime. Excellent feuilleté à la vanille au dessert. Le milieu du repas. Pendant que nous avions le nez dans nos belles assiettes, le restaurant s’est garni imperceptiblement.Puis lentement.. Petit à petit, les tables se sont meublées. Nous étions seuls, nous ne l’étions plus. La marée montait. Par couple pour la plupart, puis par tablées. Pas mal de provinciaux avec des bonnes mines, la chemise sur le pantalon pour les mecs (les mains dans les poches, grand classique)et leurs compagnes ou épouses, en jean et bottes par dessus, un peu plus de classe, comme d’hab. Cela devenait drôle et ennuyeux pour ma pomme, le papier s’effritait lentement : ce restaurant allait devenir plein. Il était presque dix heures, lorsque alors sont arrivées une personne puis deux, puis trois, puis quatre, cinq, six, sept (pouvez-vous continuer ?) bref, une double douzaine de clients fonçant en colonne vers le fond du restaurant !

Dans ces cas-là, on rigole doucement, on rejoindrait presque la chenille. On soupçonnerait presque la direction d’avoir ouvert une station de métro clandestine. MAIS ENCORE… Le service. Très volontaire et souriant, clamant les plats, les questions et les sollicitations : bref, à leur affaire. Du reste, c’est le patron (Eric Sertour) qui prend les commandes c’est toujours mieux ainsi. La clientèle : vrac bourgeois du quartier, des nostalgiques des boiseries de naguère, des touristes des hôtels voisins. Est ce cher ? Formule à partir de 28 euros (un seul plat) jusqu’à 39 euros, ç’est correct. Est ce bon : oui Fait il y aller ? Oui, Pierre au Palais Royal, 10 rue de Richelieu, 75001 Paris (01.42.96.09.17).

(photo F.Simon)

  • Claire
    7 avril 2010 at 9 h 50 min

    Il manque une phrase au milieu du texte ?

  • Arnaud
    7 avril 2010 at 10 h 22 min

    Et les vins ?? Bon, Pas Bon ? Bien choisis ?

  • Paul Héluard
    7 avril 2010 at 12 h 08 min

    Oui, et les vins ?
    Eric Sertour est maître sommelier de France, tout de même !
    C’est effectivement une adresse top, coup de cœur pour moi, que ce soit vide, plein, du moment que c’est ouvert !
    Et M. & Mme Sertour sont effectivement des crèmes de gentillesse !

  • Fabrice I.
    7 avril 2010 at 23 h 07 min

    Content de lire une bonne critique car je n’avais pas trop aimé à l’époque de l’ouverture et ce malgré la gentillesse du propriétaire. Mon billet n’était donc pas élogieux. J’essaierais d’y retourner.