Monop ‘ : strangers in the night

Monop' à paris

C'est toujours amusant de se promener le soir tard dans un magasin. Au hasard, le Monop' du boulevard Michel sur lequel m'avait missionné  le Figaroscope, il y a peu…

La nuit parisienne s’est enrichie de nouveaux oasis. Ce sont les épiceries de nuit proposées par les grandes chaînes de magasin , telle Monoprix. C’est curieux, mais cela donne aux soirées de nouvelles élasticités. Jusqu’alors, il n’y avait que l’"arabe du coin" pour dépanner avec ses standards alimentaires. Maintenant,  on peut sortir du bureau à n’importe quelle heure, on sait qu’ici et là du beurre Bordier nous attend, des yakult, du pain Poilane, des carottes bio. C’est y pas beau tout cela ?! Pour autant, les mœurs changent lentement : les retardataires courent toujours comme des dératés vers 20 heures ; après s’installe une autre faune avec des tracées plus lentes, des paraboles plus imprévisibles.

À 22 h 55, le magasin est calme. Quelques noctambules, quelques zombies respirant l'air absent, la mise incertaine. Il y a comme une torpeur palpable. Rien ne bouge, à la limite on se croirait pendant la troisième guerre nucléaire. Paris a été évacué, le gouvernement s'est retranché dans la résidence d'été de Brégançon, seule FR3 diffuse des avis gouvernementaux. Dieudonné, seul, assis en lotus, fait une grève de la faim sous la tour Eiffel. Ariane Massenet marche en robe de bure, une lanterne à la main. Paris est vide. Seules quelques personnes divaguent encore, glissant de planques en ombres ; l'armée quadrille les rues dans des blindés à chenilles. Le Monoprix du boulevard Saint-Michel est resté allumé avec une caissière insomniaque et un vigile amoureux.

Les rayons.Quelques solitudes se déplacent à pas pressés. Aucun couple. À cette heure, on évite de trop promener son regard, il y a comme une fébrilité dans l'air. Quelque chose de chatouilleux. À 20 h 30-21 heures, c'était franchement mieux : plus de célibat affiché, de paniers désarmant de signaux clairs (barquette de taboulé, yaourt light, jus de pomme…), de déambulation louvoyée. Franchement, il était plausible alors de demander une recette de café au lait sans faire sursauter le cœur solitaire. Maintenant, il faut faire attention, tousser pour annoncer son approche. À la rigueur, se munir d'une cloche à vache.

Les produits.Un peu partout, on sent les incivilités (mon sachet de pain Poilâne était entamé, manquaient trois grandes tranches). Des étagères sont chamboulées, sur le sol traîne un paquet de biscuits au chocolat.

À la caisse.La caissière bâille ostensiblement, histoire de rappeler que dans 50 minutes elle sera dehors. Elle a presque envie de prendre de l'avance sur son retour : se laver les dents, se mettre en pyjama de coton. Mais bon, il y a encore des clients traînant avec leurs paquets, des embarrassés avec leur tablette de rouleaux de papier toilette. Il y en a d'autres déjetés, ballottés dans l'ailleurs, sortant de leur journée comme une pile de linge sale.  

Est-ce bon ?Bien entendu, irrésistible dans ses solitudes à la Hopper. Vrais climats de nuit sous néons commerciaux. Est-ce cher ?Tarif habituel de jour. Faut-il y aller ?Qui vous retiendra ? 

Monoprix Saint-Michel , 24, boulevard Saint-Michel, VIe. Tlj. sf dim. de 8 h 30 à 23 h 50.


 

  • bonbec
    22 janvier 2011 at 18 h 55 min

    On se lave le c…, mais on se brosse les dents !

  • retibou
    23 janvier 2011 at 15 h 23 min

    ça change de gstaad, c’est sûr !