Hummm… l’appétit est un animal étrange

Bien souvent, on survole les questions de la table avec une désinvolture singulière. Après tout, il ne s’agit que de table, de ventre : du trivial. Du reste, avez-vous remarqué qu’on survolait quotidiennement l’ensemble de ce qui nous concerne. Les choses de la ville, du monde, comme si trop d’informations nous insensibilisaient. On marche dans un tunnel, ne voyant pas les mendiants dans la rue, alors que notre regard leur importe ; même pas les jolies filles.

Cette démarche assourdie se continue presque dans notre intimité. Les sentiments, la passion, un être aimé…Bouh, en ce samedi vaillant, l’objet de ce rendez-vous n’est pas de faire tourner la manivelle de la mélancolie mais plutôt de faire tournoyer les limonaires. L’appétit est un animal étrange. On ne sait pas franchement comment il fonctionne. Il appelle, on arrive comme un petit chien. Serions-nous donc l’animal étrange de notre appétit. Celui-ci veut grignoter, nous grignotons. Pourtant, à qui sait bien l’écouter, un dialogue savoureux peut se déclencher. Travaillons donc aussi à l’instinct. Ecoutons ce qu’il veut vraiment : du frais, du tonique, de l’amer, du doux, du terrible, du soyeux ? Alors dirigeons nous vers l’exacte réponse. Pas celle toutes faites du petit-déjeuner, déjeuner, dîner. Non, écoutez le bien. Laissez le quasiment chercher à tâtons dans les allées du marché. Vous verrez, il vous étonnera. Jouez à fond le jeu et ouvrez votre panier au retour. Vous découvrirez de nouveaux partenaires. Des jus d’agrumes, des salades, des poissons, des pommes, des poires et des scoubidous, ouah !

En fait, ce que voudraient dire ces lignes, c’est ceci : ne vous martyrisez pas trop avec la table. Les nourritures ne doivent pas être l’ennemi. L’idéal, serait de s’arrêter précisément lorsque nous n’avons plus faim. Avant le dessert, avant le fromage. Même juste après une entrée. Vous verrez alors un authentique bien être s’emparer de vous. Il fera doux. Et sain. Équilibrez pour mieux accueillir les excès, pacifiez ! L’idéal, c’est que vous puissiez ralentir votre façon de manger, de mâcher longuement. Et surtout, surtout quitter la table non point rassasié mais encore vif, avec un très léger petit creux.

Ceci est la première leçon du plaisir à table. Rassurez vous, je ne vous écris pas ce petit mot, assis en lotus, avec d’admirables tablettes en chocolat sur l’abdomen. En fait je suis de votre côté, un peu absurde, oublieux : mais cette expérience me tente bien.

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