On pourrait passer devant sans même s’en rendre compte. L’Hôtel est ainsi . Ni chasseur, ni voiturier, même pas de nom. Vous continuez votre chemin, personne ne vous en voudra, l’Hôtel, rue des Beaux Arts a l’habitude de s’évaporer. C’est hôtel où les légendes se sont succédées depuis 1815. L’Hôtel a toujours été un hôtel. Il s’appela même d’Allemagne, fantaisie que l’on rectifia vite fait après la guerre de 1870. Pour devenir d’Alsace. Guy Louis Duboucheron le transforma en ce qu’il devint, l’hôtel des stars venues sur les traces d’Oscar Wilde, époque Alsace, chambre 16. Il disparut en laissant un petit mot <Je meurs au-dessus de mes moyens>. Et une violente ardoise. Bianca Jagger venue pour passer une semaine passa finalement six mois lorsqu’on lui annonça la venue d’un bébé. Venaient également lui rendre visite, les Rolling Stones. La petite rue des Beaux Arts devenait alors un long fleuve métallique. Combien de limousines, s’il vous plait ? Treize. Des anecdotes, on pourrait en écrire un livre (on en écrit des livres). Mais aujourd’hui, dans ce décor de théâtre redessiné par Jacques Garcia, on est venu pour la table (01.44.41.99.01). Cette personne rare de Hong Kong (la créatrice de bijoux, Michelle Ong) me demanda un restaurant calme et bon. Pas compliqué, ici, les prix dodus vous évitent l’empilement. C’est ce qu’on appelle un lieu civilisé. La lumière est zénithale, les velours profonds et la compagnie ne se tape pas sur les cuisses. Parfait, donc. La carte aussi a de la dentale, du chic et du dru. Notre amie, grande amatrice de pigeon, le commanda. Pour ma pomme, un saint pierre, avec une sauce mêlée d’orange de crème d’artichauts (41 euros). Plat arrivant presque sur stilettos, parfait dans son maintien, photogénique, style de composition qui doit impressionner les hommes gris du Michelin ; cuisine assujettie donc, aux ordres, au cordeau. <C’était merveilleux !> dit Michelle Ong évoquant un dîner chez Laurent. Le maître d’hôtel qui alors passait par là, dit <oh, merci Madame>. Pour le dessert, elle commanda des wild strawberries et pour ma part des fraises des bois. Petit cigare en dentelle ajouré avec les petites fraises sortant leur museau frais. Parfait. Il y eut ensuite le café, les petits-fours, l’addition disparut dans le sac d’Hong Kong. Dehors, la pluie avait enfin cessé, les couleurs étaient toutes neuves, et les piétons tout contents. On se dit alors que Paris est une ville bien étrange, capable de pluies caverneuses, de soleil d’entrain ; de repas solidement jolis et distraitement bons. On pourrait y tourner des films à toute heure. On y tourne des films à chaque seconde.
Falbalas
8 juillet 2011 at 14 h 22 minVous direz à votre amie qu’elle a une bien jolie montre.:-)
nico
9 juillet 2011 at 9 h 58 minJolie montre en effet et joli billet, à cette réserve près : « Pas compliqué, ici, les prix dodus vous évitent l’empilement. C’est ce qu’on appelle un lieu civilisé. » La civilisation à l’aune de l’argent (?!). Jacques Séguéla sort de ce corps…
Dibi
11 juillet 2011 at 12 h 19 minOscar Wilde et Bianca Jagger, si vous voulez, mais faudrait pas oublier Borges, quand même ! 😉