2009, mes antivoeux les plus sincères

Il n'y a plus de temps à perdre dans cette époque de l'instantané. Plutôt que de tourner autour du pot, autant plonger directement dedans. Voilà tout ce que nous ne voulons pas pour cette année…

  • Huit pains au seigle, au sarrasin, aux céréales… Ça va, ça va. Plutôt que d'avoir le traîneau du boulanger et huit, voire douze pains potiches, mieux vaut un seul pain simple, frais et bon. De surcroît, il y a une dimension pathétique à imaginer le sort de ces jolies miches quand la moitié, voire les trois quarts, n'auront pas trouvé preneur. Bouh ! (Et hou !).
  • La gastronomie à quatre chiffres. Fini, les grands restaurants aux prix insensés ! Nous ne souhaitons pas les voir s'enfermer dans leur tour d'ivoire, rigoler de leur posture grotesque. Nous les voulons plutôt avec nous, sur terre. Avec des entrées à moins de 60 euros . Notre rêve pour 2009 : pouvoir retourner dans les grands restaurants sans finir sur la paille pour un mois.
  • Les billes de betterave. Pourrait-on laisser un peu en paix ce brave légume qui popotait tranquillement sur les buffets de restaurant d'entreprise ? Certes, la couleur est trendy dans son purple Costes, mais sincèrement, le goût n'est pas folichon.
  • Les desserts d'artistes. On l'imagine volontiers, les pâtissiers rêvent d'avoir une part d'audimat un peu plus large. Mais c'est un peu coton, sachant que les chefs du salé leur boulottent les 9/10e de notre appétit. Résultat, sur un timbre-poste, ils se sentent obligés de nous résumer les travaux d'Hercule. Nous voilà ainsi avec des desserts cérébraux immangeables, hérissés de piques en caramel et de corsets en sucre filé. Le dessert, c'est le moment de l'indulgence, pas celui de l'admiration au pas cadencé.
  • Les rythmes de grand-messe. On a compris toute l'importance du cérémonial dans les grands restaurants, mais tout de même, attendre des plombes pour découvrir son entrée, ça va ! Vive le rapport frontal avec la table. Finalement , si l'on va au restaurant, c'est parce qu'on a faim.
  • Les amuse-bouche. Ce sont des repas en trompe l'oeil. Il faudrait un jour quitter les grands restaurants après les amuse-bouche. On laisserait un pourboire, voire un billet pour ces miniatures et l'on irait dehors respirer un bon coup. Après tout, l'après-midi (la soirée) serait libre, vous seriez en pleine forme, l'estomac léger et l'âme en paix.
  • Le plat star, le client en otage. Assez aussi de ces restaurants vrillés dans leur autocélébration. On attend le plat un temps infini, on doit arrêter les conversations pendant leurs énoncés… Pfuit, rien ne vaut cette gentillesse naturelle entendue l'autre jour au bar de l'hôtel Westminster à Paris : « Madame, êtes-vous bien installée ? » En fait, c'est d'abord cela un restaurant : il faut que le client s'y sente bien. Les plats, on en fait trop souvent tout un plat.
  • Les vins sans esprit. C'est sans doute l'une des plus grandes désolations du paysage gastronomique français. La politique du prix des vins fait qu'à part dans la douce armée des bistrots gourmands, les vins proposés au restaurant sont d'une rare indigence. Souvent insipides, interchangeables, sans âme, ils arrivent à donner l'illusion que la France est un piètre pays producteur. Les bourgognes, les bordeaux se voient réduits à de pales figures d'eux-mêmes, et il faut dépasser les 80 euros pour commencer à entrer dans le vif du sujet. Vive les cartes à prix sexy, aux découvertes épatantes. Assez des cartes en toc.
  • Le Michelin va-t-il se réveiller ? C'est notre souhait le plus cher. Notre gastronomie manque cruellement d'un guide solide et à la page. Le Michelin pourrait être celui-ci. Mais il traînasse sur les routes de la facilité (Roth et Frechon annoncés pour la version 2009, : la barbe !). En espérant que la nouvelle directrice (Juliane Caspar) nous remette en vitesse l'étoile à La Mare aux Oiseaux de Saint-Joachim, au Château Saint-Martin à Vence, à l'Eden Roc au Cap-d'Antibes, deux étoiles au Sa.Qua.Na à Honfleur ; une à l'Auberge Basque à Saint-Pée-sur-Nivelle, au Paul Bert et au Comptoir de l'Odéon à Paris… Quoique, car on en vient à se demander à la longue, si c'est vraiment un cadeau à faire à ces tables que de leur accorder pareille distinction !
  • danslacuisine
    12 janvier 2009 at 14 h 40 min

    Le plat star, le client en otage. Assez aussi de ces restaurants vrillés dans leur autocélébration. On attend le plat un temps infini, on doit arrêter les conversations pendant leurs énoncés… Pfuit, rien ne vaut cette gentillesse naturelle entendue l’autre jour au bar de l’hôtel Westminster à Paris : « Madame, êtes-vous bien installée ? » En fait, c’est d’abord cela un restaurant : il faut que le client s’y sente bien. Les plats, on en fait trop souvent tout un plat.
    je suis 100% d’accord avec cette remarque !
    je fais à manger tout l’année et quand je vais au restau c’est pour passer un bon moment et je déteste que l’on braille tout fort ce que je vais avoir dans mon assiette… une bonne nourriture, simple, avec des bons produits c’est rare …

  • Maxime
    12 janvier 2009 at 23 h 19 min

    Pour la betterave je m’inscris en faux (enfin à peine, je ne m’emballe pas non plus). J’ai récemment découvert la Crapaudine, et ça n’a franchement rien à voir avec la triste betterave parquée sous plastique avec trois de ses sphériques congénères. La texture est incroyable et le goût beaucoup plus intéressant. Bon, ça reste de la betterave, c’est sûr, mais quand même ! 😉

  • Syl
    13 janvier 2009 at 12 h 09 min

    Et ça : http://sylgazette.blogspot.com/2009/01/je-vieillis.html
    !
    Amitiés et bonne année !

  • saltpepperlime
    14 janvier 2009 at 16 h 30 min

    La betterave, il faut savoir s’en servir. C’est un gout assez complexe (de fruits rouges, terre, fer, etc…)C’est peut-être plutôt les billes de toutes sortes qu’il faut condamner pour retrouver une franchise dans l’assiette.

  • Pascal Henry
    18 janvier 2010 at 20 h 54 min

    Le guide rouge ne fait qu’une seule victime,celui en bout de chaine qui tient la fourchette et règle l’addition,Le Client,c’est-à-dire vous et moi.A chaque promotion c’est +30% et c’est vérifié dans 95% des cas.Après le qui fait qui comme l’oeuf ou la poule j’en sais rien,mais tant que le rouge se prend les pieds dans le tapis,c’est notre porte-feuille qui est soulagé pour un moment.