1/3 Hambourg, la cité salée

Hambourg, gare centrale

La deuxième ville d'Allemagne mêle à sa mélancolie hanséatique quartiers au sang plus que chaud, cosmopolitisme et audace architecturale. Un concentré d'énergie.
Comment gober cette ville immense ? Cette cité mythique de la Hanse… Près de 2 millions d'habitants, 105 quartiers. Des cieux terribles, comme une huître renversée avec ses hémorragies de gris étain, de violets furieux, de blancs froids et « sales » (Siegfried Lenz, écrivain) ; le reflet bleuâtre des blocs de glace l'hiver venu, les manteaux de pluie, la morsure du froid, les embuscades du vent… Mais ce soir à Blankenese, le quartier chic, en amont de la ville, l'air est divinement pur, si transparent que l'on voit aussi nettement la tasse de son café que l'immensité de vergers de l'autre rive (16 millions de pommiers, cerisiers, poiriers…). A présent, débutent les 75 kilomètres du port. On pourrait même entendre les poèmes mélancoliques de Hans Leip (l'auteur de Lili Marlene) décrire le quartier tout en escaliers ; les odeurs de poisson et de grog aux épices. Le site est à tomber (8 000 marches) avec ses maisons jadis de marins et de capitaines (aujourd'hui, ce serait plutôt ceux de l'industrie). L'Elbe joue des manches, de ses reflets blancs (Elbe, c'est alba, blanche). On n'imagine guère que la mer soit si loin (100 kilomètres). Un immense cargo, écrasé sous ses 5 000 conteneurs, vient vous le rappeler avec ses petits cubes de Lego. Dedans, il y a de tout, des ferrailles, des autos, de la viande, des vêtements… Approchons, comme lui, de la ville. Remontons le fleuve.

Hambourg, Tzen brucke, verres

L'heure est blonde, le couchant admirable
Il est 19 h 30, les touristes sont repartis à l'hôtel et se préparent pour la suite de leur circuit. Au port de Sankt Pauli, sur les pontons, au Brücke 10 par exemple, arrivent les travailleurs, les employés de bureau. On vient prendre un verre de blanc, une bière – l'Astra et ses formes rondes ambrées -, une brioche aux crevettes, quelques huîtres de Sylt. L'heure est blonde, le couchant admirable.
Il faudra alors découvrir un formidable souffle architectural, celui de HafenCity. Sur 157 hectares, la deuxième ville d'Allemagne est en train de réussir son pari, réhabiliter les friches portuaires (comme Liverpool, Anvers, Saint-Nazaire, Bilbao, Londres) pour caracoler parmi le peloton de tête des grandes cités maritimes. Pour cela, la ville va accroître de 40 % la taille de son centre. En 2020, plus de 12 000 habitants devraient réveiller cette cité qui ne dort jamais. Un maire y a perdu sa chemise (Ole von Beust, conservateur libéral), un autre (Olaf Scholz, SPD) éponge l'énorme déficit de la Philharmonique de l'Elbe, construite sur un ancien entrepôt de cacao et retaillée dans les obliques et les voilures par le cabinet Herzog & de Meuron. Lorsque le Queen Mary cornera son arrivée, on pourra même entendre Mahler soupirer. Livraison en 2013. Ou 2014. Ce sera alors le symbole de la ville, après le clocher de l'église Saint-Michel. HafenCity, superbe leçon d'architecture digne de Chicago, avec le musée des Sciences revu par Rem Koolhaas, le terminal de croisière arrondi par Massimiliano Fuksas.
Une sorte d'aristocratie donne à la cité ce cachet inimitable
Mais si cette ville ne ressemble à aucune autre en Allemagne, c'est aussi qu'elle est née cosmopolite. Ici, on préférait marier son fils à une Londonienne qu'à une brave fille de Bielefeld. La mère de Thomas Mann était brésilienne, l'horizon est ici le monde. On accueille sans ciller Turcs (95 000 concitoyens), Afghans (20 000) venus rejoindre les Polonais, Italiens, Grecs ; rien à voir avec l'arrivée en force des Chinois ; chaque année, le commerce avec eux augmente de 20 %. Si cette ville est née avec les commerçants et les armateurs, elle a gagné, à se frotter de la sorte avec le tweed et les épices, une sorte d'aristocratie, d'anglophilie, qui lui donne ce cachet inimitable. Il suffit de se mêler, dans les volutes edwardiennes de l'un des plus beaux hôtels d'Europe, le Vier Jahreszeiten, au bord du lac, ou encore d'aller dans le magasin Ladage & Oelke (le Hermès local), sous les arcades, à Neuer Wall, pour palper cette touche un brin snob, très cultivée, nonchalante. Presque esseulée, à l'heure du thé.

Hambourg, quartier Langenfeld

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    18 octobre 2012 at 5 h 50 min

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