1/3 Guyane, un voyage en trois volets

Récemment, pour Air France Magazine, je suis allé avec le photographe Yann Stofer, en Guyane…Un vrai voyage paru dans le dernier numéro du magazine …

 

10 RAISONS POUR REGAGNER LA GUYANE

Le paradoxe savoureux des destinations qui « souffrent » d’une image, c’est d’en disposer d’une précisément. La Guyane n’est pas l’enfer vert promis. Ni un paradis, mais un pays (une région) parlant une langue inouïe: la forêt. Ajoutez à cela, la sensualité du temps étiré, la polyrythmie de la nature et vous héritez d’une boisson suave et enrobante.

1 la forêt a toujours raison

Inutile d’aligner les chiffres, ils sont tellement impressionnants (94% du territoire) qu’à terme, ils ne veulent plus rien dire. Ce qui est explicite en revanche, c’est son langage enveloppant. Elle est partout. Au début, on se mesure à elle, debout à la proue de la pirogue. Puis, on se tapit dès qu’un branchage vient caresser l’embarcation. Cette nature surpuissante n’apprend pas pour autant le langage de l’assujettissement, mais celui de la bienveillance. On y apprend de nouveaux mots: amarante, le bois violet,wapa, angélique, courbaril, moutouchi…Cette tempête douce, cette explosion feuillue ne s’apaisera qu’à la Cordillère des Andes. Entre temps, elle aura garder en son sein des amoureux du genre, venus se mettre au vert, s’extraire dans la sérénité.

2 Tano, la voix de Cayenne

Il a son « prime time » à la télé (Guyane Première), salue les gens comme un sénateur, mais n’est pas dupe. Ce quinquagénaire galvanisé par l’exposition de lui même, offre sans doute une des bonnes façons de percevoir Cayenne dans son sillage. On découvre alors une cité fraternelle, rebondissante de métissage. Il aime  cueillir Cayenne aux premières heures au marché, y piéger l’odeur de la ville (le boyon wara, sorte de déflagrations de viandes et poissons boucanés) et son gout (le fruit de la passion à la fois doux et acide). « Cayenne est comme un volcan endormi, dit-il, qui ne rêve que de surgir avec une démographie impressionnante. Si Saint Laurent est le poumon de la Guyane, Cayenne en est le coeur. »

Où trouver Tano à Cayenne ? Bar des Palmistes, l’Oasis,

chez C’risto, Iguana Café, le Royal Amazonia.

3 La sensualité, la médiane entre la fougue et l’indolence

Sans doute parce que le Brésil n’est pas loin, la Guyane hérite d’un tempérament mêlant la fougue et l’indolence. Cette médiane a le don de vous calmer en une demi journée. Curieusement, vous ne piaffez plus après un plat qui tarde à venir; au contraire, vous en oubliez l’heure (vrai cadeau) et ne pensez qu’en terme d’ombre et de soleil. Cette vie au jour le jour, vous glissera une autre façon de percevoir les moments. Même les oreilles oublient d’entasser les sons, elles les redécouvrent, pourraient presque se déplier pour guetter, cueillir. Ce matin, les petites grenouilles de l’hôtel déployaient une polyrtyhmie proche d’une musique captivante. Samba ? Samba ! La Guyane est la porte du Brésil.