Le Stresa, comme une pendule arrêtée…


Paris, Stresa, pates
Combien sont-ils comme ça ? Harry’s bar, Ritz, Tour
d’Argent… Les institutions. On pourrait même y glisser le Stresa. Immuable. Pas
concerné. Sursautant lorsqu’on parle de lui. Quoi, mes pâtes trop chères ?
Ma cuisine trop grassouillette ? Mais d’où sortent ces voix ? Qui
nous parle ? Quelle heure est il donc ? Le Stresa appartient à cette
étrange famille des pendules arrêtées. Ceci dit, deux fois par jour, elles
donnent l’heure exacte. Ça tombe bien, cela correspond à celle des repas. Dans
la rue de Chambiges, comme dans un retrait planqué, un ponton en teck, la
terrasse volette au vent, des gens affairés s’engouffrent dans l’antre du
restaurant comme dans un sas, un lounge d’aéroport. Les passagers sont soulagés :
ils sont venus, ils sont tous (encore) là. Se reconnaissent, se bisent, se
rassurent, se comptent presque. Les clients du Stresa sont comme de grands
enfants. Ils ont horreur qu’on leur raconte de nouvelles histoires. Ils veulent
les mêmes. Toujours les mêmes depuis cinquante ans.

La clientèle. Autant vous l’avouer, la spécialité ici, c’est le people. Vous êtes dans les pages d’un magazine. Il ne manque que les légendes numérotées. 1. Richard Anconina. 2. Didier Barbelivien. 4. Jean-Paul Belmondo. 5. son chien. C’est plaisant lorsqu’on n’a pas de problème d’ego. Il semble qu’ici ils aient été abondamment rassasiés. La mer recule lentement, la célébrité aussi, la plantation des cheveux également. Il est temps de mettre une écharpe autour du cou. De parler définitivement. Belles discussions au demeurant, décomplexées, vives: avions privés, Ibiza, retour à Paris, jardinier, nurse. La vie est encore belle. Il était grand temps que nous vivions…
Les plats. Lorsque l’on dit qu’ils sont bons, les gens ricanent, se gaussent, ne vous croient pas. Disons qu’ils sont joliment datés et horriblement chers. Ça vous va? Et dans la cuisine italienne, la datation est une aimable chose. Comme, du reste, dans la cuisine française. Stresa n’est pas une mauvaise fille, il faut la fréquenter telle quelle. Sinon, il y a mille autres adresses à Paris, mais aucune ne lui ressemble.
Mais encore
Le service. Il y a là cinq frères quasiment identiques, ce qui doit valoir des situations cocasses et des flous plaisants.
Est-ce cher? Dans cette béatitude ouatée et convenue, il n’y a que l’addition qui apporte un peu de piquant avec une précision saignante. Mais bon, s’esbaudit-on lorsqu’on présente une addition à Courchevel, Saint-Tropez, au Bacon à Antibes? Cela doit faire partie du charme poignant de ces goélettes s’éloignant dans un nuage de faux billets. Comptez 90 euros tout de même…
Faut-il y aller? Oui, une fois par an, rêvasser, s’indigner mollement et repartir.
Le Stresa, 7, rue Chambiges, VIIIe. Tél.: 01 47 23 51 62. Métro: Alma-Marceau.
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