Le restaurant de Marine Le Pen, chez Tonton

Il y a peu, le Figaroscope m'a envoyé dans le cadre d'un dossier sur les tables des politiciens, dans le restaurant de Marine Le Pen… relevé des copies…

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Chez Tonton, mon Front dans les mains

 

On imagine guère les politiciens s’attarder longuement sur les nourritures. On les voit plutôt parler à longueur de temps, parfois écouter et en profiter pour enfourner, vite fait,  ce qu’il y a dans l’assiette. Certes les ortolans de François Mitterrand ; certes, la tête de veau de Jacques Chirac, son repas chez Lipp avec Giscard… Mais tout cela appartient à l’imagerie, au sens ténu. Il y a peu encore la gastronomie avait mauvaise réputation, c’était un peu le ventre, un référent cocasse (gauche caviar), un raccourci imagé (triste comme un sandwich sncf). Maintenant, notre siècle perdu dans ses valeurs, se raccroche à elle, comme un désespéré à une rampe. On voit un ministre de la Culture plongeant son visage dans la vapeur d’une marmite ; bientôt, il sera bon de se laisser photographier à table comme naguère, à la sortie de l’église. En attendant, place à l’élection, aux politiciens pour lesquels mes petits camarades avaient la bonne idée de me faire cavaler jusqu’à Nanterre, dans le fief de Marine Le Pen. Après tout, je les connais : Ikéa à Pétaouchnouk. En attendant Fleury-mérogis et Tchnernobil.

Chez Tonton. Nous sommes dans une petite rue perdue. Des pavillons, du soleil, la tranquillité grillagée, un chien qui aboie, l’autre qui lui répond. Du déjà-vu, photocopié  à l’infini. Le restaurant apparaît comme un havre de paix. Pratique pour les Frontiste, leur siège n’est pas loin. Donc, ils se sont rabattus sur ce brave restau-bar portugais. Le patron, est derrière le bar. Tout le monde l’appelle Tonton. Donc, ici c’est chez Tonton.

Le décor. Vous allez aimer : pichet Ricard, écussons du Sporting de Lisbonne, écharpe du PSG, briques peintes en blanc, peinture simili-bois sur plâtre, lambris, solides chaises, bar soutenu par quelques habitués aux yeux mi-clos, carte postales de partout, béret de marin ciglé <Marine>… On pourrait rester des heures, d’autant que la télé est allumée. Au premier étage, on fête quelque chose, sans doute le plaisir d’être ensemble. À la fin du repas, ça surchauffe un tantinet. Et le percolateur a du mal à couvrir les interjections dont un exquis <Ta gueule !> fusant comme un jet de noyau de cerise. C’est drôle, on a envie de faire pareil. De se lever de table comme cette fonctionnaire réajustant son pantalon sur un ventre doux, changeant de voix pour parler, à l’écart, du dossier qui <avance>. Et pour cause : <Toutes les pièces sont à présent réunies>.

MAIS ENCORE…

L’assiette. Brave, honnête dans le cadre du menu  à 13,50 euros . Œuf mayo un chouia bâclé avec un jaune poussiéreux ; puis des calamars à la provençale solidifié par des frites avenantes. Mousse au chocolat valeureuse mais trop crémeuse.

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Le Front. On a beau laisser traîner l’oreille, le Front devait vaquer ailleurs. Des têtes un peu sévères et parlant politique laissent à penser qu’il y avait du Gaulois dans la salle, mais rien de bien terrible. Juste une France bigrement métissée, parlant en portugais, en argot, en demi-saoul, en français de télé. Pas de reconduction à la frontière pour autant, ni de vaches au cou ensanglantée.

Est ce cher ? Ah non, ça va.

Faut-il y aller ? Je pense vous avoir donné toutes les clés. Vous pouvez rester à Paris encore un petit moment.

Chez Tonton, 53bis, rue des Suisses, 92000 Nanterre. Tel. : 01 47 25 39 46. Fermé le dimanche. Comptez 13,50 euros au déjeuner.

(photos FS)