Paris. Jean François Piège se tend son propre piège

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Jean François Piège se tend son propre piège

Quelle est la part d’inconscience et de hardiesse dans le nouveau restaurant de Jean François Piège? Se baptiser « le Grand Restaurant » et déclarer viser les trois étoiles. On pourrait croire que ce chef valeureux et parfois brillant provoque le sort, histoire de mieux l’éventrer. Qu’il pourfend la fausse modestie des chefs pour mieux s’autosacrer,  grimper tout seul sur son piédestal plutôt que d’attendre la courte échelle de l’Histoire. Mais que l’on sache, Alain Ducasse avait fait entrer dans l’une des clauses de son contrat avec la Société des Bains de mer l’obtention de trois étoiles dans les trois années.Il les décrocha trente mois après (1990). Guy Savoy eut la bonne idée de vouloir décrocher trois étoiles après son nouveau décor signé Jean Michel Wilmotte. Il l’obtint (2002). En tout cas, il faut être assez gonflé de se revendiquer d’un néo classicisme, et du plaisir des clients, alors que l’égophilie narcissique reste la nervure du métier. Faire plaisir aux clients ? C’est sans doute l’un des postulats les plus farfelus de cette rentrée, alors que la gastronomie marche sur la tête.Maintenant, on vous demande  quelles sont vos allergies, on vous précise l’heure à laquelle vous devez « rendre » la table avant même de vous souhaiter un bon moment. Voici donc Jean François Piège à deux doigts de l’Elysée, rue d’Aguesseau, rendre une copie vertueuse, bien arrimée à l’instar de ce cabillaud de Noirmoutier cèpes au four ou ces langoustines juste raidies dans une feuille de blé noir et des jus concentrés. Au bout d’un moment, on cherche les sous titres (il n’y en a pas), la brave manip’ (juste ténue). En fait, si l’on a bien compris, Jean François Piège semble vouloir siffler la fin d’une mi temps où les chefs faisaient un peu n’importe quoi (voir ailleurs s’ils y étaient). Il est en cuisine avec ses coéquipiers (chacun à sa place), fait une cuisine franche, lisible et distincte. C’est du premier degré (ouf!). Avec un élément nouveau: la sincérité. 

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Table en vue. On est très bien à la première table à gauche en entrant, et à celle en oblique à l’autre bout de la salle.

Dommage.  Prix meuh-meuh, mais nous sommes là dans un futur deux-trois étoiles. Réservation coton, il n’y a que 25 couverts.

DSC02499A emporter; les beaux fauteuils en cuir. Mais, il est fort probable que l’on vous ne laisse pas sortir ainsi. Et que l’on vous donne l’adresse où se les procurer.

Passage à l’acte

Le Grand restaurant, 7 rue d’Aguesseau,75008 Paris. Tel.:01.53.05.00.00. Pour réserver : www.jeanfrancoispiege-legrandrestaurant.com. Ouvert du lundi au vendredi, midi et soir

De 12h30 à 14h00 et de 19h30 à 21h00. Pas de service voiturier.

Décibels. 79db bruissement urbain. Le midi, quelques fanfarons.

Mercure: 21°c, ici on maitrise.

L’addition. Menus à 180€ et 220€ le soir, 80€ au déjeuner.

Minimum syndical. Au menu déjeuner bien entendu (80€) jouant le jeu: feuilleté noisette oignon hareng, turbot, et dessert (noisettes, lait d’amandes glacé, gelée de citron).

Verdict. Vaut le voyage.DSC02501

  • Zeross
    26 novembre 2015 at 8 h 05 min

    Je confirme, c’est une très grande table, avec des plats superbes, et malheureusement les prix qui vont avec.
    Je suis toutefois réservé sur le bruit en salle, parfois gênant, les tables étant relativement proches. Enfin, si les entrées et plats sont au top, le dessert est un peu décevant …

    • Parmentier
      27 novembre 2015 at 17 h 40 min

      Étonnant ZEROSS (anonyme), vous souvenez-vous du dessert qui ne vous a pas convaincu ?

      Parmi les desserts d’automne 2015 à la carte du Grand Restaurant de Jean-François Piège :
      1) Flouve odorante glacée, fine paille croustillantes, agrumes
      2) Sur l’idée d’une feuille d’automne
      3) Choco-Sarrasin infusé au lait entier, glacé, sablé, croustillants
      4) Mandarine, rose, safran, sésame, pâte à baba
      5) Noisette, lait d’amandes glacé, gelée de citron

      Les desserts réalisés par la Chef pâtissier Nina Métayer méritent le détour.
      Je suis fan et loin d’être le seul, depuis Le Meurice avec Camille Lesecq et Yannick Alléno
      puis au Raphaël avec et sans Amandine Chaignot, Nina réalise et invente des desserts
      d’exceptions avec un talent incontestable.
      Pour moi, beaucoup de savoureux souvenirs !

      Pouvez-vous ZEROSS, compléter vos points de suspension et nous raconter votre déception ?

  • laurent75005
    26 novembre 2015 at 16 h 00 min

    Vaut le voyage ?
    3 * donc ? 🙂

  • lobstermayo
    28 novembre 2015 at 3 h 09 min

    La photo montre un décor, assez surprenant comme un couloir sans fenêtre?

  • Zeross
    28 novembre 2015 at 17 h 24 min

    C’est le premier dessert, à base de flouve, qui est un peu en retrait. Quelques agrumes en cube et une boule de glace, même à la flouve (sorte de céréale) ne font pas un dessert mémorable.