Récemment pour M, le supplément du Monde, je suis allé chez Dumonet, voici mon sentiment…
Osez, Joséphine
Cette adresse, vous ne risquez pas de la retrouver dans quelques listes mondiales, des guides avisés, des best of et autres gratins sponsorisés. Elle est planquée dans le passé. Ne pensez pas qu’elle y roupille en petit gilet, serviette langée sur l’estomac. Non, elle oeuvre. Probablement pour une postérité éloignée, mais surtout pour un public bien précis. Celui ci semble extrait d’un film des années 70, un film à la Sautet où l’on prenait le temps de déjeuner. On cherche le trépied d’une caméra, il n’y en pas. Si l’on clappe, c’est au dessus de son assiette. Les clients ne sont certes pas des universitaires maigrelets lisant un quotidien du soir; non, il y a de la hanche, du coussinet, de la brioche, de l’ampleur et du verbe. La bande son est à cet égard des plus riches: mots à trois-quatre syllabes, variations de ton, incises et apartés. Houla, on pourrait raconter tout cela pendant des pages entières. Allons donc droit au fait, finies les digressions. Place au plat. Il s’agit d’un feuilleté de pigeon. L’intitulé vous fait peur ? Tant mieux. Et cette sauce marron glacé (matez son brillant), lourde comme du pétrole? Et ce feuilleté de pommes de terre?! C’est un vrai délice scélérat. J’étais venu debout sur les freins, avaler une salade de gringalet, je me suis retrouvé en train de saucer religieusement, piéger les dernières traces de ce plat magique. Les tablées sont admirables. Il y a même signe indiscutable, vestige d’une gastronomie lointaine, ces marqueurs magnifiques: le célibataire dodu mangeant seul. Après cela, vous voudriez que je vous donne cette adresse précieuse? Parfois, on hésite et si on le fait, c’est avec une promesse. Y aller avec une jolie faim, le coeur en habit. L’adresse doit être dans un recoin de la page…
Meilleur emplacement. Dans l’entrée , ce n’est pas mal pour le défilé coloré. Mais visiblement, les recoins sont fort appréciés.
Dommage. Parfois le soir venu, les tablées américaines manifestent une joie très sonore et difficilement canalisable. Peut on leur en vouloir? (oui).
A emporter: la carte de visite de l’endroit et la refiler en douce.
Passage à l’acte
Chez Dumonet,117, rue du Cherche Midi, 75006 Paris. Tel.: 01- 45- 48- 52- 40. Métro: Duroc ou Falguière. Ouvert du lundi au vendredi, le déjeuner et le dîner. Fermé le week-end.
Décibels: animé parfois bruyant (92db).
Mercure: la température peut grimper allègrement à l’arrivée des gibiers.
L’addition: comptez 50-60 euros.
Minimum syndical: plat direct 36 euros le millefeuille de pigeon (avec ses cuisses confites) !
Verdict: miam miam !
popof
3 novembre 2015 at 18 h 32 minQuel équilibre entre verres et paons sur la première photo…superbe
Jacques Hiers
4 novembre 2015 at 23 h 27 minSalut Jean-Christian
Je vois avec plaisir que tu tiens toujours bien la barre. Bravo à toi et continue