Alep

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Alep
(ar) حلب
De gauche à droite, de haut en bas :Citadelle d'Alep - Hammam Yalbugha   Bab al-Faraj et l'Hôtel Sheraton - Mosquée Al-Saffahiyah - Hôtel de ville  Alep au crépuscule - Parc public d'Alep  Ancienne ville d'Alep
De gauche à droite, de haut en bas :
Citadelle d'Alep - Hammam Yalbugha
Bab al-Faraj et l'Hôtel Sheraton - Mosquée Al-Saffahiyah - Hôtel de ville
Alep au crépuscule - Parc public d'Alep
Ancienne ville d'Alep
Administration
Pays Syrie Syrie
Muhafazah (محافظة) Alep
Maire Lama Mi'mar[réf. nécessaire] (maire officiel),
Ahmed Azouz[1] (président du Conseil local libre)
Démographie
Gentilé Aleppin
Population 1 693 803 hab. (2009)
Densité 8 915 hab./km2
Géographie
Coordonnées 36° 12′ Nord 37° 09′ Est / 36.2, 37.15 / 36.2; 37.1536° 12′ N 37° 09′ E / 36.2, 37.15 / 36.2; 37.15  
Altitude 379 m
Superficie 19 000 ha = 190 km2

Géolocalisation sur la carte : Syrie

Voir sur la carte Syrie administrative
City locator 14.svg
Alep
Ancienne ville d'Alep *
Patrimoine mondial de l'UNESCO
Coordonnées 36° 12′ Nord 37° 09′ Est / 36.2, 37.15 / 36.2; 37.1536° 12′ N 37° 09′ E / 36.2, 37.15 / 36.2; 37.15{{#coordinates:}} : impossible d’avoir plus d’une balise primaire par page  
Pays Syrie Syrie
Type Culturel
Critères (iii) (iv)
Numéro
d’identification
21
Zone géographique États arabes **
Année d’inscription 1986 (10e session)
Classement en péril 2013
* Descriptif officiel UNESCO
** Classification géographique UNESCO

Alep (حلب, alab en arabe ; Beroea dans l'Antiquité) est la ville principale du nord-ouest de la Syrie, chef-lieu du gouvernorat du même nom. En 2009, La ville compte 1 693 803 habitants. Le nom de la ville viendrait de « halab Ibrahim » (Abraham a trait) (arabe : حَلَب ḥalab, traire (le lait) ou Alep). Située au cœur d'une région prospère, c'est une des plus vieilles villes du monde. Cité disputée, elle occupe une position stratégique entre l'Anatolie et le plateau syrien. Dans les années 1950, le gouvernement envisagea de raser la vieille ville, l'un des principaux carrefours commerciaux de l'Orient pendant 4 500 ans. Toutefois, l'opposition tenace de magistrats, d'architectes et de mécènes fit échouer ce projet. Le centre de la ville a été classé au patrimoine mondial de l'humanité par l'Unesco en 1986.

Citadelle d'Alep vers 1900 avec mosquée en arrière-plan

Histoire[modifier | modifier le code]

Antiquité[modifier | modifier le code]

C'est une des plus anciennes villes habitées au monde : elle existe déjà à l'époque paléo-babylonienne (2004-1595 av. J.-C.), sous le nom de Halab. Des tablettes cunéiformes mentionnent même un centre urbain datant de 5000 ans. Elle est alors la capitale du royaume amorrite du Yamkhad. En 1595 av. J.-C., elle est prise par les Hittites et devient une grande étape pour les caravanes entre la Syrie et la Mésopotamie. Vers -1000 Alep devient la plateforme tournante du marché du savon dans le monde connu, position qu'elle garde jusqu'aux temps modernes. En 738 av. J.-C., elle est rattachée à l'Assyrie sous le nom de Halman. Elle est conquise par Alexandre le Grand en 333 av. J.-C. et passe ensuite aux Séleucides, qui la rebaptisent Beroia. Elle est ensuite occupée par les Romains en 65 av. J.-C..

Moyen Âge[modifier | modifier le code]

Entrée de la citadelle

En 540, le roi persan sassanide Khosro Ier incendie la ville que Justinien reprend et rebâtit.

Elle est conquise par les Arabes commandés par Khalid ibn al-Walid en 637. La ville s’étend et de nouveaux remparts sont érigés pour intégrer l’expansion. Les musulmans bâtissent les principaux monuments de la ville : la grande mosquée, bâtie en 715 par le calife Al Walid, reconstruite en 1129 par Nur ad-Din, la Madrassé Halawiyé (école), sur l'emplacement de l'ancienne cathédrale Sainte-Hélène, la citadelle, bâtie par l'Hamdanide Ali Sayf al-Dawla, les souks (marchés couverts), les khans (caravansérails).

Sous les Omeyyades, la ville connaît une certaine stagnation. En 944 où elle devient la capitale des Hamdanides. C'est l'âge d'or d'Alep. L'émir Sayf al-Dawla en fait un prestigieux centre littéraire et le point chaud de la lutte entre les musulmans et les Byzantins. En 962, Alep est prise et incendiée par Nicéphore Phocas. La ville est reprise et reconstruite mais ne recouvre pas sa splendeur. Elle passe ensuite aux Fatimides puis aux Seldjoukides. Possession du sultanat de Roum, elle est conquise en 1086 par Tutuş, émir de Damas, qui se proclame ensuite sultan seldjoukide de Syrie. À sa mort, ses émirats sont partagés entre ses deux fils, qui se détestent. Il va s'ensuivre une rivalité entre les deux émirats qui va survivre longtemps à l'extinction de la descendance de Tutuş.

En 1098 et 1124, Alep est assiégée par les Croisés, qui échouent devant ses murs. En représailles aux exactions commises par le comte d'Édesse en 1123 dans les environs d'Alep, le cadi de la ville fait détruire le chœur de la plupart des églises et les transforme en mosquées[2]. Lié à Mossoul qui le protège des attaques des Latins, l'émirat se retrouve dans l'empire zengide, avant de devenir le centre du pouvoir de Nur ad-Din. En 1183, il revient à Saladin et à la dynastie des Ayyoubides. Alep devient alors un grand centre de vie intellectuelle et religieuse ; de nombreuses madrasas y sont élevées ; sa citadelle et ses murailles sont rebâties. En 1260, Alep est prise par les Mongols avant d'être reprise par les Mamelouks en 1317. La ville renaît au XVe siècle pour devenir une grande place commerciale entre l'Orient et l'Occident, pratiquant surtout le commerce de la soie.

Époques moderne et contemporaine[modifier | modifier le code]

En 1516, elle est annexée par l'Empire ottoman, qui la conservera jusqu'en 1918. Au XVIIe siècle, la ville est la troisième de l'Empire avec 120 000 habitants. En 1682, dans son ouvrage Théâtre de la Turquie, où sont représentées les choses les plus remarquables qui s'y passent…[3], le missionnaire capucin Michel Febvre décrit une ville cosmopolite où quatorze religions différentes cohabitent formant autant de nations et de langues[4]. Parmi les non-chrétiens, il cite, les Turcs, les Arabes, les Kurdes, les Druzes, les Turcomans, les Yazidis et les Juifs. Parmi les chrétiens, il cite les Maronites, les Grecs orthodoxes, les Arméniens, les Syriaques, les Nestoriens, les Coptes[5]. Les minorités chrétiennes sont spécialisées dans la production textile[6].

À partir du XVIIe siècle, la ville connaît de nombreuses mutations. Le déclin des voies commerciales terrestres entre l'Extrême-Orient et le Proche-Orient entraîne celui de la ville. Les missionnaires catholiques venus d'Europe se déploient auprès des chrétiens orientaux de la ville[7] formant une élite chrétienne encore présente aujourd'hui dans la ville.

Le XIXe siècle est particulièrement troublé à cause du déclin de l'Empire ottoman. Entre 1812 et 1819, la ville est occupée par les janissaires révoltés. En 1822, Alep subit des destructions à la suite d'un séisme. En 1832, la ville passe sous administration égyptienne comme toute la Syrie. Les tensions entre les communautés sont exacerbées. En 1860, a lieu un pogrom antichrétien[8]. Au XIXe siècle, Alep joue un certain rôle dans la renaissance arabe : c'est d'Alep qu'est originaire le grand réformateur al-Kawakibi. À la fin du XIXe siècle, la ville se modernise et la périphérie se développe. Cependant, jusqu’en 1940, le tissu historique reste presque intact, une majorité des Alepins continuant d’y vivre.

Enlevée aux Turcs par les Britanniques d'Allenby en octobre 1918, la ville est placée avec la Syrie sous mandat français. Elle est l'éphémère capitale de l'État d'Alep entre 1920 et 1925.

En août 2012, l'armée syrienne libre décide de combattre le régime syrien à Alep pour essayer de faire tomber le nord de la Syrie du côté de l'opposition syrienne. Pendant l'été, elle est le théâtre d'une violente bataille opposant les forces loyalistes aux rebelles. Les rebelles disent alors contrôler la moitié de la ville et l'armée syrienne bombarde leur position avant une importante offensive devant mobiliser 20 000 soldats, contre 4 000 à 8 000 rebelles. Toutefois, en avril 2013, le sud de la ville est, désormais, sous le contrôle total de l'armée syrienne, ayant réussi à couper les connexions entre l'ASL et le Front al-Nosra[9].

Églises d'Alep[modifier | modifier le code]

Climat[modifier | modifier le code]

Relevé météorologique de Alep
Mois jan. fév. mar. avr. mai jui. jui. aoû. sep. oct. nov. déc. année
Température minimale moyenne (°C) 1 3 4 9 13 17 21 21 15 12 7 3 11
Température maximale moyenne (°C) 10 13 18 24 29 34 36 36 33 27 19 12 24
Précipitations (mm) 89 64 38 28 8 3 0 0 0 25 56 84 395
Record de froid (°C) -13 -10 -7 -2 0 9 16 15 7 5 -3 -8 -13
Record de chaleur (°C) 17 21 31 34 41 47 51 47 41 37 30 18 51
Source : BBC Weather[10]


Cuisine[modifier | modifier le code]

La cuisine d’Alep est une cuisine urbaine, très élaborée. Elle mélange des influences persanes, européennes, asiatiques et ottomanes. Deux techniques lui sont caractéristiques, il s’agit de celle du feuilleté, technique persane qui consiste à enrober de pâtes. Cela est très répandu pour les Haluwyat ainsi que pour les petits chaussons garnis comme les sambussak ou encore les ravioles. De même, la technique du farci pour les boyaux et les légumes évidés (courgettes et aubergines que l’on nomme mahchis), héritage ottoman. La cuisson type friture, d’origine méditerranéenne fut très développée par les Arabes. Les salades sont aussi passées à partir du XVIIIe siècle dans la Méditerranée arabe et sont aujourd’hui des mélanges variés de saveurs et de couleurs. Alep est enfin célèbre pour ses kibbé aux différentes formes, qui sont constituées d’une couche externe mélangeant bourghoul et pâte de viande fraîche et une garniture de viande hachée grillée avec des oignons et des fruits secs. Enfin, de nombreux condiments, aromates et épices, relèvent les plats, notamment le cumin, le sumac et le mélange des sept épices. D’un groupe religieux à l’autre les plats circulent, mais parfois la frontière devient non poreuse.

L’évolution la plus visible en termes de pratiques alimentaires concerne le développement des repas pris à l'extérieur. L’offre est croissante et contribue à ce déplacement progressif du lieu de consommation des repas. De nombreuses rues de la ville se transforment rapidement avec les nouveaux commerces et nouveaux espaces de consommation. L’émergence de nouvelles modes et pratiques alimentaires se fait au travers de ces nouveaux espaces de consommations. À l’origine, les restaurants sont destinés aux voyageurs de passage. Ils accueillent actuellement les familles, les hommes d’affaires et les groupes d’amis. La ville offre un éventail d’espaces de restauration à ambiances, décors, tablées et clientèles très variées. Certains restaurants délimitent un espace pour les femmes et les familles, et un espace pour les hommes.

Personnalités[modifier | modifier le code]

Voir la catégorie : Naissance à Alep.

Économie[modifier | modifier le code]

Alep, carrefour routier et ferroviaire, a retrouvé son ancienne activité commerciale. Son artisanat traditionnel est toujours florissant. Son activité industrielle se développe (industries agroalimentaires, textiles, cimenterie, verrerie, chimie, constructions mécaniques, etc.). Malgré le classement au patrimoine mondial de l'humanité, le tourisme n'est pas encore très développé. Pourtant la croissance de la ville s’accompagne d’un développement croissant de services pour les touristes : hôtels, restaurants et commerces reprennent ainsi possession des maisons nobles de la ville, des Khans… Alep possède un aéroport international (code AITA : ALP) ; l'aéroport est aussi le deuxième aéroport international de Syrie.

Sport[modifier | modifier le code]

La ville accueille sur son territoire le Stade international d'Alep qui a déjà accueilli une compétition internationale. La ville est aussi connue pour son club de football, Al Ittihad Alep l'un des meilleurs de Syrie et de loin le plus populaire.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Joan Tilouine, « Ahmed Azouz, l’homme qui rêve de reconstruire Alep », RFI, publié le 10 juillet 2013, consulté le 28 juillet 2013
  2. Jean Richard, Face aux croisés, L'histoire no 337, décembre 2008, p. 55
  3. Théâtre de la Turquie… Traduit d'italien en françois, par son auteur le Sr Michel Febvre, 1682
  4. Michel Febvre (ou Le Febvre, ou Lefebure), Justinien de Neuvy dit
  5. Bernard Heyberger, Le « bon temps » des Ottomans, L'histoire no 337, décembre 2008, p. 56.
  6. Bernard Heyberger, p. 58
  7. Bernard Heyberger, p. 61
  8. Bernard Heyberger, p. 59
  9. Alep : le piège se referme sur Al-Nosra!!!
  10. (en) Average Conditions Aleppo, Syria, BBC Weather (consulté le 2009-12-07)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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