Paris.Le Sot l’y Laisse, et vous ?

Une de mes préférées (encore !)

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Parfois, il est des tablées qu’il faut museler. Voyez vous le genre ? Des râleurs professionnels, des jamais contents, des jamais assez, des empêcheurs de manger en rond, des redresseurs de bananes… Vous les connaissez, ils vous pourrissent un dîner pour une miette de travers, un lardon l’oeil charbon. Parfois, il est nécessaire d’avoir des adresses qui remettent un peu de l’ordre de la maison, qui mettent fin au brouhaha acnéique. Celle-ci est posée dans une rue à la torpeur vespérale. La rue Alexandre Dumas grimpe lentement dans son Onzième assoupi lorsque cette devanture bordeaux interpose sa buée. Jusque là, rien de plus banal. La salle est même d’une banalité propre à raviver la compagnie, lui faire sortir la vapeur des oreilles. La clientèle est en majorité japonaise, car en matière de bonnes adresses, celle ci sait où mettre les pieds, d’autant que c’est un compatriote qui est derrière les fourneaux avec sa femme en salle. Eiji Doihara (associé avec Hide, du Petit Verdot) est devenu dingo de la cuisine française en découvrant dans sa tendre enfance une série télé consacrée à notre bon pays. Il a du voir les tgv fusant, les flambages au restaurant, la Tour Eiffel pointue. Il a suivi une formation et surtout est entré dans la maison Paul Bocuse, à Tokyo avec les trois fondamentaux de monsieur Paul : les bons produits, les bons assaisonnements et les bonnes cuissons. Ne pensez pas pour autant que vous aurez à faire  à une cuisine de décalcomanie. Eiji est allé plus loin. Il est en quelque sorte « monté sur les épaules de son maître ».

Voici donc une cuisine d’une telle technicité qu’elle peut sans enjambées glisser sur un naturel sensuel à l’instar de cette fricassée de sots l’y laisse aux champignons confits et poireaux grillés; ou encore ce colvert rôti sauce à l’orange. L’art de Eiji (qui est un formidable saucier) n’est pas de s’interposer, il souhaite juste que vous gardiez de son restaurant le souvenir d’une bonne viande, d’un bon poisson. Autre point important, Eiji pense que l’accueil est l’élément décisif. C’est Akiko, sa femme, qui se charge avec attention et jovialité, de langer les tables, de les accompagner comme notre tablée de fiers imbéciles qu’elle amadoua avec des attentions d’infirmière. Ces derniers se retrouvèrent sur le trottoir sonnés et dociles, le compliment excessif, la paupière enfin apaisée.

Les meilleurs tables. Pas évident, peut être devant la vitrine, dans un coin. Mais sachez que l’endroit n’est pas immense, il est surtout très sonore. Il vous reste à souhaiter une soirée calme;

Dommage. Pas donné (mais qu’est ce que c’est bon)…

A emporter. Les cartes de la maison et les confier à qui de droit.

Le Sot-L’y-Laisse,70 rue Alexandre Dumas, 75011 Paris, France

01 40 09 79 20 Fermé dimanche, samedi et lundi midi.

Mercure: 22°c lorsque la salle passe en surchauffe..

Décibels: 90db, c’est clair lorsque les convives sont contents, cela se sent.

L’addition. Le soir, comptez par personne 40-60 euros.

Minimum syndical: le menu du déjeuner à 24 euros.

Verdict: top !