Paris. Minchelli, toujours là !

DSC00543Récemment pour M, le supplément du Monde, je me suis rendu au 21. Voici mon sentiment !

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Il faudra s’habituer à ce que les bonnes tables ne soient pas toujours les plus en vue. Elles peuvent même rechercher la pénombre, l’accès en chicane, le double fond. Vous voici rue Mazarine qui lentement semble s’éteindre en rejoignant la Seine. La devanture ne dit rien avec ses noirs gainsbouriens. A peine une enseigne, juste un chiffre, celui de l’adresse, le 21. C’est tout. Les rideaux sont à hauteur de chapeau et même en se mettant sur la pointe des pieds , on n’y voit goutte. On cherche la sonnette. Il n’y en a pas. Poussez la porte, apparaîtra un de deux patrons. Il s’appelle Didier, réputé pour ses humeurs sinusoïdales. Parfois, il est exquis. D’autres moins. L’autre patron est en cuisine. Il s’appelle Paul Minchelli (le quasi anagramme de Michelin). C’est un dinosaure de la cuisine parisienne. Créateur, avec son feu frère Jean, du restaurant Le Duc, il fut l’un des touts premiers a lancer la mode des poissons crus (1966). Il est toujours là avec son caractère très spécial, et par chance, reste en cuisine au grand soulagement d’une clientèle parisienne, guère habituée à un humour aléatoire, gentiment lourd. Il doit toujours avoir cette dimension rêche des cyniques ; cette étrange pliure qui peut vous rendre « capable et désireux de se mesurer à tout », comme l‘écrivait le romancier Fritz Zorn.Exif_JPEG_PICTURE

Au dessus des casseroles, il reste un maître éblouissant du poisson. Son crédo : des cuissons (souvent vapeur) millimétrées, des courts bouillon aux algues, un trait d’huile d’olive, un éclair d’anis étoilé et zou ! J’aimerais voir votre tête au dessus de ces plats limpides comme le baiser de la mer. C’est fulgurant, impeccable. On l’imagine, prix musclés (100€), mais haute fidélité avec des compositions désarmantes comme ces mojettes de Vendée rehaussées de poutargue et de vanille. Clientèle au diapason réunies dans la pénombre étudiée autour d’une dizaine de tables, souvent des têtes connues, de Catherine Deneuve à Jean Toutou (APC), et le murmure civilisé de conversations percluses d’éléments de langages contemporains.

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Place de choix

Il y a bien entendu deux ou trois boxes pour quatre, et à l’étage trois tables dont deux plus basses pour les amateurs de détachement. Eclairage bienveillant.

 

Dommage

Desserts un peu à la ramasse, mais bon, ce n’est pas la clientèle qui s’en plaindra, les plats ont fait tout le travail, l’appétit est sur son nuage.

 

A emporter

L’idée d’utiliser chez soi, la poutargue (poche d’oeufs de mulet, salée et séchée) sur des pâtes, mais aussi comme ici sur des mojettes de Vendée avec un soupçon de vanille.

 

Passage à l’acte

Le 21, 21 rue Mazarine, 75006 Paris. Tel. : 01-46-33-76-90. Fermé le dimanche et le lundi.

Décibels : 72db en moyenne mais lorsque certaines tables rejoignent l’euphorie, ça grimpe (89db).

Mercure

21°C , l’affaire semble sous contrôle.

Addition

les pâtes aux oursins (51€), les sardines confites seweet & spicy (23€) ne sont étrangères aux additions dodues. Prévisible à usage également de filtre social.

Minimum syndical

Plat direct comme les merlans à la Corse (28€), mais ce serait aller à Val d’isère en économisant sur le forfait remonte- pente.

Verdict

Au moins une fois dans sa vie.

 

 

 

  • marie
    13 mars 2015 at 15 h 38 min

    toutes les choses à faire au moins une fois dans sa vie !