Paris. Les Rouquins, vachard mais bon

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Ce genre d’endroit, il s’agit de le prendre avec les pincettes. Sur les réseaux sociaux, des petits chatons se sont pris des seaux d’eau froide sur le dos. Et ça grince, et ça couine sur l’accueil, les portions, les prix. A la limite, il faudrait continuer sur les desserts, l’entrée anonyme sur la rue du Château (juste une sonnette, une vitrine passée au blanc d’Espagne), ce soir là un chien qui aboie…Faut il continuer? Ou plutôt faut- il se se demander pourquoi l’adresse faisait salle pleine, gorgée d’une clientèle qui sait exactement ce qui l’attend. Il existe donc des lieux comme celui -ci, solide dans son bloc, ses humeurs, sa facilité. Et surtout proposant des assiettes probantes travaillées par un chef d’humeur: tartare de boeuf au couteau, The Poulpe, crevettes bleues Kanak en sashimi, ceviche de saint-jacques de la baie de Saint Brieuc, langoustines du Loch Ness poêlées, asperges vertes de Roques-Hautes et pancetta… Que des petits plats bien cernés, envoyés sur des ardoises, des planchettes et fusant net. Dans la grande salle donnant sur la cuisine, ses effluves, ses ruades, de solides tables de bois accueillent des convives fourchettant avec entrain, canonnant des bouteilles avec la même constance. A la notre, tout au bout, six-sept maîtres du monde en chemise et pull ras de cou, dispersent les scories de leur semaine. Verbe brillant, mot à trois-quatre syllabes. Ils piquent dans les plats assiette, et au détour d’un rebonds du CAC 40, arrêtent leur canon à neige conceptuel. Profitant d’un rare silence, l’un d’entre eux, pensif et comme frappé d’un saint esprit baladeur, déclare:   « c’est bon et pas ch… ». Voila, tout est dit. Les Rouquins ressemblent en fait à leur quartier à qui on ne l’a fait pas, un peu vachard, de la gouaille, des arguments et de l’atmosphère. Aussi, si vous y allez, essayez de piger la pliure de l’endroit: pull à col ras de cou, du tempérament mais au bon endroit, maitrise de l’espace et du temps (soyez clair et décidé) et tout ira pour le mieux du monde. Logiquement, on ne devrait pas tarder à s’y retrouver.

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Meilleur emplacement: la terrasse aux beaux jours doit être des plus agréable, mais le soir venu rien ne vaut la salle arrière. Entrez de préférence par le 146 du Château, plutôt que la terrasse.

Dommage. Les desserts un peu mous du genou. Fromages excellents.
A emporter. N’oubliez pas qu’ici c’est également le domaine de Richard Liogier, maestro des vins du Languedoc, et restaurateur avisé. L’âme des lieux. Cave attenante remplie de flacons indociles.

Les Rouquins,146, rue du Château,  75014 Paris. Tel.: 01-45-39-78-99. Fermé dimanche et lundi.

Décibels. Ha, tympans sensibles, ce n’est pas tellement l’endroit, quoique, en terrasse, il doit bien y avoir quelques enclaves…

Mercure. Avec l’arrivée des beaux jours, on peut varier le thème en se glissant près des fourneaux ou alors direction la terrasse.

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L’addition. Attention, on peut s’envoler en toute beauté et se retrouver les yeux brouillés au dessus de l’addition.Logique. Comptez alors dans les 50€; sinon en balisant bien, 40€.

Minimum syndical. Jouer la planche de charcuteries (18€), certes, mais c’est comme aller à Val d’Isère et ne pas prendre les remontées.

Verdict. Go, mais attention, il s’agit d’un bar à vin et non d’un salon de thé. On est d’accord ?!

  • Elise GUERRILLOT
    24 juin 2016 at 14 h 05 min

    Tout est si bien dit!
    Belle adresse, entre amis forcément

  • Marie
    24 juin 2016 at 21 h 19 min

    Tartare de bœuf et saint Jacques ! Tout ce que nous aimons ; merci pour l.adresse