Paris. Daroco, mezzo, mezzo

surcôté






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C’est à se demander si avoir du succès n’est pas une calamité pour un restaurant. Les médias à genoux, la ruée sur les réservations, l’enthousiasme aveugle, les frustrés qui se déchaînent sur les réseaux sociaux, les serveurs ne sachant plus où donner de la tête. Pfuit, il y a des jours où Alexandre Giesbert et Julien Ross, les instigateurs de ce restaurant (et de Roco, Roca, Rococo) doivent se ronger l’intérieur des joues devant tant d’injustice, d’incompréhension et de ravissement confus. Voici donc Daroco en lieu et place de la boutique de Jean-Paul Gaultier, rue Vivienne. Le lieu est superbe et les miroirs glissés dans un plafond déjà haut font un malheur. Une jolie fille tient la porte et une armée de beaux jeunes gens en marinière façon JPG, essaient de rattraper le temps, les assiettes et les commandes. Car le succès, c’est un peu cela, une sorte de courant d’air têtu, indiscipliné, fantasque, énervé. Cette clientèle est volage par excellence, un brin veule, toujours sur le départ : vous parlez d’un cadeau! Elle vient juste se faire tamponner son passeport des tables à découvrir sans tarder. Elle vit dans l’instant d’après. On en oublierait presque les nourritures, celles qui se font pâmer une partie d’un public aux enthousiastes explosifs. Qu’y a-t-il donc ? Un vitello tonnato un peu chiche et survolé par une salade vagabonde; un poulpe grillé un peu mollasson, rehaussé de melon (bien!), ricotta et marjolaine. La pizza (17 euros, purée !) a le souffle court et la cuisson pas assez violente, tandis que le tiramisu manque de mascarpone et d’ampleur. Alors, on regarde la clientèle.
Elle est dans son rush, son flush, s’esclaffe. Elle se mire en elle-même, tonne dans l’assourdissement musical. En fait, on se croirait à Paris et son excellence dans l’illusion, l’agilité et l’acidité . Daroco s’inscrit en creux, docile et habile, joue des coudes et passe devant . Faudra-t-il peut-être attendre que la calzone repose un peu, que le lieu trouve une clientèle plus apaisée et heureuse et là, peut-être…

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Les meilleurs emplacements. Attention, dès que l’on va vous placer, réagissez vite si la proximité est bruyante, car le repas peut devenir une tannée. Sans doute, la mezzanine en retrait heureux et autour du bar. Sinon, c’est la volière sous acide.

A emporter. L’idée de faire intervenir le melon de façon active dans un plat. Ici avec le poulpe, le mariage fonctionne joliment.

Dommage. Le bruit (doux jésus!) et les prix (ça fait beaucoup, non ?!)

Daroco, 6, rue Vivienne, 75002 Paris. Tél.: 01-42-21.93-71. Tous les jours de midi à 15h et de 19h à minuit (bien !)

Décibels : 92db aux heures de pointe !

Mercure : en ces jours cléments, jouable: 22°c.

L’addition. Daroco est un restaurant à la mode, donc ça se paie forcément: très vite dans les 70-100 euros pour un repas aimable sans plus.

Minimum syndical. Une pizza direct (17 euros) et un café (3 euros)

Verdict: mezzo mezzo mouais.