Paris. Coretta et sa voilure haute

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Récemment pour M, le supplément du Monde, je me suis rendu à cette adresse du nord de Paris. Voici mon sentiment…

Voilà donc ce que nous avons hérité, car nous l’avons bien cherché. Ces restaurants délicieux aux fronts hauts et joliment pensants. Ils sont irréprochables et même si à la table voisine, un perverse narcissique tourmente le chef pour la cuisson d’un turbot (discussion ubuesque digne d’un Woody Allen), sincèrement, l’assiette tient la route et plus que ça, elle en bouche un coin. Le décor est contemporain, colorié avec soin, décrochant en coin et recoin, idoine pour les revues de décor. La clientèle ne déroge pas et, sans beaucoup gratter, il y a comme une sorte de mimétisme entre les plats et les jeunes couples pointus. Mais encore ? Il y a dans chacun d’eux, une part de mystère, de no comprendo, cette fameuse « part maudite » chère à Georges Bataille; cet élément manquant, abscons, fertile…Vous me suivez? . Non ?Pas grave. DSC02185Prenons, la daurade royale et ses choux violets, mures et bouillon d’hibiscus. C’est savant comme un bouquet de fleurs d’aujourd’hui. On reste épaté par les méandres chromatiques, ces idées perchées. On est  ravi car on ne comprend pas tout. Bah, tel est le lot de ces nouveaux restaurants sacrément bien taillés, haut perchés.DSC02190 On se dit alors que l’on a nous même engendré ces cuisines allusives, parlant huit langues à la fois, solidement écartelés entre cinq continents. Bientôt on saupoudra la laitue de Monaco avec du charbon gris-rose de Mars, agrémentée de chenilles d’Uranus. En attendant, ici, au dessus du parc Martin Luther King, chez Coretta (c’était le nom de la femme de Martin), c’est bien. Le public est enchanté, le service aussi. Cela s’appelle un bon restaurant, pas vrai ?

Les meilleures tables. C’est selon. En haut, c’est bien avec la vue et le coté cosy. En bas, donnant sur la cuisine ouverte, c’est plus convivial.

Dommage: c’est un peu à dache, sauf, bien évidemment, si l’on habite dans le coin.

A emporter: les petites cartes de visite déposées dans l’entrée. Parmi elles, il y a les coordonnées du Neva café (normal, ce sont les mêmes acteurs) une sacrée bonne table !

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Passage à l’acte

Coretta, 151 bis, rue Cardinet, 75017 Paris . Tel.: 01-42-26-55-55. Fermé le dimanche.

Décibels: 76db , atmosphère enjouée avec dictions parisiennes.

Mercure: 20°c, limite frisquet.

Addition: en se laissant aller, dans les 50€ par personne.

Minimum syndical: plat direct: 35€

Verdict: ah oui !

  • Pascal
    24 octobre 2015 at 10 h 50 min

    Passant régulièrement devant, nous nous disons à chaque fois que nous devrions essayer. Mais nous sommes systématiquement refoulés par son aspect poseur, prétentieux et bas de gamme, très bobo hipster, comme s’il était écrit à l’entrée : club privé.
    Mais récemment, nous avons lu de bonnes critiques. Voici la dernière en date. Il va falloir qu’on se force à y aller un de ces jours.