Paris. Cette ici

IMG_20150307_144346Le quartier n’est pas facile. Il est comme exacerbé, Saint-Germain-des-Prés s’évapore dans le lointain, Montparnasse rumine, Vavin pétille. Paris est un peu rêche dans le coin, comme insatisfait, pas content. Bref, en pleine forme. Vous imaginez d’être restaurateur dans le coin ?

Pourtant, il y a de la haute volée, rouée et solide : Le Dôme, Le Select, La Rotonde. Il y a des pépites racées comme Toyo, des madrés (Caméléon, Marcel), des impavides (le Duc). Et puis, dans cette rue Campagne-Première, il y a le Cette, au numéro sept. Ou si vous préférez comme Sète, le port, dans une première orthographe, rue de la Campagne du même nom.DSC01326
Vous y êtes ? Nous y sommes. Mais avant de rentrer dans ce bistrot, regardez bien cette rue. Vous pouvez aussi marcher au beau milieu, il n’y a guère de passage le soir venu. Vous pourriez même tituber comme dans l’ultime danse flottante de Jean-Paul Belmondo dans A bout de souffle (1960). C’est ici. Il était las. Sur Internet, les avis à propos de cette adresse sont parfois mordants. On reproche l’accueil, des prix élevés dans les entrées. Pourtant, pour y être allé un soir avec de joyeux drilles, je n’ai pas perçu le passage du papier de verre. Bien au contraire, une cuisine enlevée, bistronomique par Katsunori Nakanishi (ex-Ourcine), de ces fameux chefs japonais assénant un savoir-faire impeccable, avec un zeste de rigueur et une francophilie sans nom.

Ça fait de jolis plats comme cette salade de poulpes de Cadaqués, taboulé et persil, ou encore ce pigeon du Poitou, jus de cuisson, salsifis et chanterelles. Certes pas donné (32 €) mais entier et puissant. Les vins poussèrent si bien ce soir-là que, tel saint Thomas, je suis repassé le lendemain midi pour vérifier s’il n’y avait pas des mirages dans l’air. Pif, paf, même leçon, assenée buste droit pour une clientèle vive, contente. J’ai cherché le point de rouille, la miette de travers… Rien. Service enjoué d’une Italienne si italienne, d’un jeune homme content d’être là et du patron quadrillant le tout. La morale de l’histoire ? Hum, il n’y a pas vraiment de morale si ce n’est la vôtre. Il s’agit donc d’y réserver.DSC01331

Le Cette, 7, rue Campagne-Première, Paris 14e. Tél. : 01-43-21-05-47. Fermé samedi et dimanche. Petits déjeuners assurés dès 9 heures.

Décibels : 77 db. Montées à 82 db avec une tablée d’imbéciles heureux (la nôtre).

Mercure : 21°C, la température monte près des cuisines et descend près de la porte.

Addition : On fera attention, quitte à partager des entrées. Compter 45 € par personne. Formules déjeuner à partir de 20 €.

Minimum syndical : un plat direct avec un verre de vin.

Verdict : vous savez tout pour y aller.DSC01333

 

  • Denis Roche
    30 avril 2015 at 13 h 30 min

    superbe table, la simplicité dans toute sa splendeur! Ah la cuisson du magret!
    et la maison reste telle que je la connais même depuis la venue et l’approbation de F.Simon!