Paris. Alcazar, vous aimez le nouveau décor ?

DSC02790Les brasseries ont une façon unique d’aborder la table. Elle est étrange. Elle l’était moins lorsqu’elles poussaient leur chant harmonieux, brassant (précisément) bières, âges et portefeuilles. Maintenant que le ratio des coûts est passé avec sa faux, le genre a un sérieux coup dans l’aile. Quelques brasseries essaient bien de sortir du lot, mais c’est toujours dans un contre-courant laborieux.

Prenez l’Alcazar, lancé il y a dix-huit ans par Sir Terence Conran. Il importait alors ce qu’il nous avait délicieusement pompé, à savoir l’art des brasseries. Il était passé au Balzar, en était ressorti sans doute horrifié, mais en tout cas charmé par ce DSC02791style de restaurant au départ enthousiasmant. L’Alcazar est arrivé en mettant un joyeux bazar. C’était pas mal du tout.

 

Dix-huit ans après, le décor a changé. Fini les lignes rouges, les horizontales, les verticales et l’emblématique suppositoire géant suspendu par deux braves câbles. Place à un nouveau décor à tendance feuillue, potagère. Il « végétalise », histoire d’être dans la nervure. Et visiblement, d’après son patron, l’épatant Michel Besmond, la clientèle « adore ». Mouais… Disons que c’est un joli capharnaüm multipliant les angles et les bavardages. Mais ça plaît (donc).

 

La cuisine fait aussi dans le joli, témoin ce cabillaud asphyxié dans un cumulus de mousse. Arty certes, mais shampouinant à mort, version Paic. Dessert plaisant à l’instar de cette pavlova « revisitée » (la plaie du siècle), nous privant des fruits confits pour une mangue consensuelle. Finalement, si l’on se contrefiche du décor (magnifique dans ses volumes) et de la table (convenable, tout de même), on peut passer un bon moment ici en se concentrant sur sa compagnie et l’instant présent. Ce serait sans doute le nouvel art des brasseries, tout en abnégation et en faire-valoir. Faut voir.

IMG_4564Place de choix

Dans l’axe des arrivées, toujours un moment enthousiasmant en fin de semaine, lorsque les Anglo-Saxons entrent sur leur trente et un.

Dommage

Le décor. Souvent ce sont les patrons qui se lassent (ils y vivent), rarement les clients.

Passage à l’acte

Alcazar, 62, rue Mazarine, Paris 6e. Tél.: 01-53-10-19-99. www.alcazar.f

Décibels. Jolie volière bruissant sérieusement, 80 dB.

Mercure. Convenable, 20°C.

L’addition. Comptez 50-60 € par personne.

Minimum syndical. Plat direct : 24 €

Verdict. Pour le spectacle de la clientèle : l’univers des galeristes et les Britanniques le week-end.IMG_4566