L’Hôtel et sa cuisine obsessionnelle…

Paris, Hotel, salle fauteuil

 

 

C’est drôle, cet Hôtel appartient à ces adresses immuables, creusant son sillon, le buste droit, le regard dans le lointain, l’Histoire dans le dos. On connaît cette dernière. Elle ruisselle de patronymes ailés, de légendes asséchées, d’anecdotes à déciller les plus endurcis. Celle que j’aime me raconter sans relâche, c’est la période Bianca Jagger. C’est ici qu’elle fut consignée, tout juste enceinte, à la position allongée. Pas un pas, pas un geste. Bah, il y a des prisons plus désobligeantes. Régulièrement, ses amis passaient la voir. Certains étaient discrets. D’autres moins. Imaginez un instant, les Rolling Stones débarquer dans l’étroite et ravissante rue des Beaux Arts. Imaginez treize limousines, clignotantes. Vous y êtes ? Nous y sommes…

Paris, Hotel, tete de moine
Par une sorte de fatalité savante, la direction s’est mise dans l’idée de délivrer ici une assiette de niveau une étoile. Il faut croire que le guide apparemment si mystérieux dans ses verdicts, ne doit pas l’être autant qu’on ne le pense. Après tout, il suffit de s’asseoir cinq minutes au-dessus d’un cappuccino, d’aligner quelques chiffres, de gonfler sa poitrine et de faire badaboum dessus, pour que dans les deux années qui suivent, l’astre stellaire vienne penaudement se poser sur la cheminée. Du reste, beaucoup font cet exercice, et ne se loupe que de très peu. Ici donc, les chefs se suivent, si l’on a bien compris – (à présent, c’est Julien Montbabut)- , mais l’assiette reste stoïque dans son exemplarité. Les saint jacques sont subitement poêlées avec des salsifis avec une écume de vanille ; l’agneau présente une belle alternance de pommes de terre moelleuses et de tronçons cuits à la perfection ; le tout procède avec une précision chirurgicale. Pas de faux-pas, visiblement, le chef doit avoir posé le « patron », comme en couture (un calque, si vous préférez), avec les pointillés, les emmanchures, les revers. Il a les bons fournisseurs, le bon éclairage et, ventre saint gris, s’il ne décroche pas le pompon, c’est à ne plus rien comprendre à l’ordre du monde. Est ce bon pour autant ? Paradoxalement, oui. Les câbles et poulies stratégiques ne brouillent pas trop les plats.

Question service, on retrouvera le mélange classique de juniors rosissant et de majeurs professionnels. Clientèle joliment bigarrée entre les prospères pensionnaires descendants en jet lag défroissés, et quelques couples de voisins venus égrener sciemment leur patrimoine.

Faut-il y aller ? Oui, pas mal et fort joli, bonbonnière efficace pour un renouvellement de bail.

Est ce cher ? Bonbon

Paris, Hotel, lampe
! Comptez 150 euros par personne, vin compris.

L’Hôtel, le restaurant, 13, rue des Beaux Arts, 75006 Paris. Tel. : 01 44 41 99 00.

  • Adrien de Food In Paris
    25 janvier 2014 at 15 h 45 min

    Il est à noter que l’endroit a beaucoup de charme, est confortable et intimiste. Le genre de planque idéale pour un dîner en tête à tête.
    Le bar très cosy est pas mal non plus, et quant à la mini terrasse l’été, qui ne délivre qu’une ou deux table, c’est un régal de raffinement.