Les aventures de Kei, le sacre du printemps

Paris, Kei, rue

Vous connaissez notre ami. Nous l'avons accompagné dans ses débuts, la difficulté de trouver une adresse, de ne pas trop se faire arnaquer… Pour la première fois, comme je le connaissais d'amis communs, je me suis permis de lui parler. Régulièrement, nous prenions des cafés ensemble. Il me demandait mon avis. Ce n'est pas franchement mon travail de dire ceci ou cela. Le travail de critique n'est pas celui de conseiller. Il faut choisir son camp en quelque sorte. Alors, je l'ai plutot écouté, plutôt que de ramener ma fraise. Du reste, les seuls conseils que j'ai pu lui donner, il ne les a pas suivis ! Comme pour le menu dégustation. Ce qui entre nous, m'enchante. J'aurais eu l'air malin s'il m'avait suivi. Ce qu'il y a de bien, c'est qu'il s'est suivi lui même et pour cela, j'ai beaucoup de respect pour Kei.

voici le dernier repas pris fin juin …

Paris, kei, restaurant

 

 

I l y a dans le restaurant de Kei Kobayashi tout un cérémonial qui a de quoi rebuter. Un décor glabre, une retenue sérieuse, et puis le principe des menus dégustations qui continuent de rester une sorte de tue-l’appétit avec leur procession de plats, décidés par le chef. On le sait, s’il y a bien quelque chose d’intime, c’est son appétit et sa liberté. Les chefs aiment empiéter, à leurs risques, sur ces domaines. Mais ils ont alors intérêt à viser pile entre les deux yeux. Voici donc Kei, jeune prodige, élevé au sein du giron ducassien (le Plaza Athénée avec Jean-François Piège puis Christophe Moret), se lançant sans crier gare dans la haute gastronomie. Le jeu était dangereux, surtout en lieu et place d’un Gérard Besson déchu Michelin. Et pourtant, Kei a réussi une chose incroyable. Une année après son ouverture, il décrochait l’étoile au Guide rouge. Surprise ? Pas vraiment lorsqu’on voit sa démonstration brillante, poétique, niveau deux étoiles.

Paris, Kei, poisson
L’assiette.

Les compositions de Kei répondent à un métissage soigneusement présenté. On retrouve, bien entendu, son inspiration japonaise avec des plats dressés comme des paysages, alternant douceur et vivacité, contrepoints et arythmies. C’est surtout une sorte de condensé assez sidérant de multiples terroirs, ceux-là mêmes qu’il visite avec son épouse lorsqu’ils partent en vacances : Alsace, Italie, Provence… Kei crée un langage très personnel avec, à la clé, un ratissage mondial des produits (ça, c’est la touche Ducasse, l’ouverture d’esprit) et un toucher d’une incroyable délicatesse : homard rôti sur carapace, tête farcie aux tomates, girolles et queue de homard, copeaux de noisettes fraîches ou encore coffre de pigeon rôti et laqué au condiment miso épicé, cuisse confite glacée au jus… À chaque plat, on plonge dedans, intrigué, rarement déçu car il y a là une exigence et un rendu des saveurs axé sur les grands fondamentaux gastronomiques.

Paris, kei, dessert fraises
MAIS ENCORE

Le service.

Au tout début, l’équipe était singulièrement guindée mais depuis, le succès et l’assurance aidant, cela s’est doucement décoincé avec une spontanéité, une fraîcheur rassurante. Parfois même, un second vient apporter son plat. C’est alors désarmant dans cette dimension pastorale, bucolique d’une cuisine offerte.

La clientèle.

Beaucoup de foodies et de gastronomes rendant l’atmosphère studieuse et calme.

Faut-il y aller ?

Assurément.

Est-ce cher ?

À partir du 1er juillet, au déjeuner, formules à 45 euros et 78 euros. Dîner en deux versions : 90 et 110 euros. Pas donné, mais ça vaut franchement le coup.

Kei. 5, rue du Coq-Héron, Ier. Tél. : 01 42 33 14 74. Tlj sf dim. et lun. Métro Les Halles, Louvre-Rivoli.

 

  • almaserena
    31 juillet 2012 at 17 h 21 min

    Et hop ! neuvième brosse à reluire pour le successeur de Besson et de la Belle Aurore. Résultat :portions de mannequins et addition de nababs. Notre François non masqué survivra-t-il à quelques mois sans une nouvelle visite thuriféraire?

  • Kitsch'N tips
    1 août 2012 at 7 h 36 min

    C’est mon prochain étoilé!Je savais la réputation de ce fameux Kein, mais votre article aura fini de me convaincre de m’y ruer. Merci!

  • lfrileux
    1 août 2012 at 20 h 11 min

    Très belle expérience de mon coté chez votre ami : service délicieux et cuisine précise & enthousiasmante.
    Un de mes récents coups de coeur, avec Akrame, tous les deux très largement au dessus selon moi de beaucoup d’adresses sur-médiatisées de l’est parisien.

  • pops
    2 août 2012 at 5 h 31 min

    Kei veut voyager loin menage sa monture

  • Zeross
    2 août 2012 at 7 h 24 min

    Je partage le niveau qui tend vers le 2 étoiles. J’y suis allé en janvier, et quelle claque : des plats vifs, précis, surprenant … Tout ce que j’attends d’un restaurant ! Et contrairement à vous, cher François, j’aime bien laisser le Chef nous emmener dans son monde.
    Enfin, pour lfrileux, je place Kei au dessus d’Akrame, ne serait-ce que pour la salle. On est un peu tassé et c’est bruyant chez Akrame. Heureusement, l’assiette compense.
    Dans un style ressemblant, je préfère Sola.

  • pierre
    2 août 2012 at 10 h 51 min

    oui à la poésie de Kei qui m’a aussi emballé notamment la cuisson parfaite d’un pigeon , le graphisme éclatant d’un dessert aux agrumes ; il faut aussi visiter et gouter la cuisine de son compatriote chez Sola , une merveille !! et Akrame toujours et encore ! Pierre

  • Kenji
    5 septembre 2012 at 6 h 48 min

    :Great list Emilie! An animal style bregur from In & Out is admittedly a guilty pleasure of mine after a long day on the convention floor.Two of my personal favorites are Kona Grill and Roys; both have great sushi and food with a wonderful mix of American and Eastern flavors.I will be in Vegas this weekend and look forward to some of your recomendations![]