J’ai mangé une saucisse blanche avec Werner…

Paris, Stube, currywurst
C’est toujours singulier de déplacer quelqu’un dans un endroit et de le voir à l’oeuvre. Un footballeur dans une boîte de nuit, un politicien dans un Salon de l’agriculture, un écrivain dans le réel. Aujourd’hui, nous avons imaginé et réussi à déplacer l’excellent Werner Küchler, le brillantissime directeur du Relais Plaza, dans une adresse de saucisses, bretzel et currywurst. C’est rue de Richelieu et depuis peu, passage Verdeau et même en kiosque dans le très sérieux Goethe Institut . Werner a quitté son costume impeccable pour une non moins nickel veste bavaroise à passements et revers. La même classe qu’il y a trois ans lorsque nous l’avions convié au McDonald’s du boulevard des Italiens. Stoïque, svelte et analytique.
 En fait, la saucisse doit se prendre avec les doigts et se laisser sucer. La croquer est absurde et culturellement choquant. Lorsqu’on a terminé, il ne reste que la peau. La saucisse blanche est extrêmement douce. Même si elle vient de Düsseldorf (et non de Munich), elle a été préparée par un dingo de la qualité, le patron, Gerhard Weber qui passe son temps à sourire. S’il est ainsi, c’est qu’il doit être sûr de son coup : un mélange de porc et de veau, des légumes, des oignons et zou ! Le currywurst, grand hymne berlinois, lui aussi parle avec énergie. Werner a un petit rictus désobligé (c’est encore culturel, donc important), car la kartoffelsalat se veut berlinoise (al dente, relevée au molosol) et non bavaroise, qui lui tire régulièrement quelques larmes d’émotion (marinée au vin blanc).
Werner nous explique alors que ce qui importe dans la cuisine allemande, c’est avant tout d’être ensemble : « De boire de la bonne bière, un bon vin, avec quelques nourritures solides et conviviales. C’est ainsi que nous sommes heureux et nous nous détendons. » On comprend mieux alors le babil simple mais énergique de ces plats de bonshommes et de bonnes femmes. Parfait pour un temps de pluie, de froid. Il y a là un langage convaincant, désarmant de simplicité et de franche bonté.
Tout le monde ici n’est pas là par hasard, mais de façon délibérée. Elle est franche du collier, va droit au but dans le buffet : saucisses, bières, strudels salés. Atmosphère joviale et gentille.
Comptez 7,80 eur:  vous avez la formule currywurst et petit pain, Beck’s à la pression ou Bionade. C’est parfait !

Paris, Stube, bretzel
Le Stube, 31, rue de Richelieu, Ier. Tél. : 01 42 60 09 85. Également STUBE VERDEAU, 23-27, passage Verdeau, IXe; Stube Goethe, 17, avenue d’Iena, XVIe.