Honfleur : Jeremy fait verre à part !

Régulièrement, Jeremy part se promener. Il nous revient parfois, songeur et mélancolique, taquin et effronté. Tout dépend du lieu et de ses humeurs…

La réputation de ce port n’est plus à faire. Ses habitants y sont décrits comme gouailleurs, moqueurs, vantards. Ce qui fait dire à certains qu’Honfleur est un Marseille miniature. Étrange, tant ce sont les parisiens qui font vivre ce charmant village normand… Ses galeries, ses restaurants, son bassin. Tout ça est rebattu. Et à part sortir en amoureux, les esthètes ne voient plus bien l’intérêt d’Honfleur. Plus rien n’y est authentique, c’est-à-dire confidentiel, mystérieux, préservé.

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Sauf si l’on décide de ne pas se contenter de cette image de carte postale qui sied aux touristes de masse. Et d’y venir en basse saison, c’est-à-dire l’hiver. Honfleur a séduit Baudelaire, Monet, Courbet, Serrault, Sagan. Et a vu naître Allais : ce lieu en a forcément conservé quelque chose. Une âme, une nostalgie, un esprit peut être, celui des buveurs attablés peints par Boudin ou du calme enneigé qu’admirait Monet. Pour y accéder, il faut lever le voile sur ses bonnes adresses. Oublier les galeries d’art. Et discuter avec les bonnes personnes.

Celles qui vous raconteront qu’autrefois, les chaloupes partaient en mer à la journée pour pêcher soles et autres poissons plats, mais que ce temps est aujourd’hui révolu, les grands bateaux du Havre, en face, ayant pris le pouvoir, à la recherche de la coquille pendant une semaine entière. Inutile de disposer d’autant de temps pour découvrir le charme oublié de ce bassin des impressionnistes. Un week-end suffira. Et cinq endroits.

Un hôtel : la Ferme Saint Siméon.

Le rendez-vous des impressionnistes qui, fascinés par la lumière de l’estuaire, fréquentèrent l’auberge au milieu du XIXe siècle. Aujourd’hui transformé en hôtel 5 étoiles, c’est avec une certaine magie que l’endroit a conservé son extraordinaire volupté d’autrefois. Les ardoises tapissent les toits comme les murs et toisent la Seine, enjambée par le Pont de Normandie. Le Spa est divin. On peut également y louer des petites maisonnées auxquelles on accède par un escalier en bois, depuis le jardin. Tout y est. Le beau linge. La carte subtile. Et la forêt autour.

20, rue Adolphe Marais, 14600 Honfleur – France +33 (0) 231 817 800 contact@fermesaintsimeon.fr

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Un bar : le Perroquet vert.

Idéal pour boire, au coin d’une cheminée ancienne reliftée, des cocktails au bar ou des bières de goût. A sa carte, la maison en a une cinquantaine, ou presque. Sa devanture verte accrochera forcément le regard. On y croise également des Anglais qui bavardent à l’heure du thé ou encore des couples attablés autour d’un Cognac, le dimanche soir vers 21h, qui ne veulent pas repartir vers Paris. Et également quelques pêcheurs qui viendront siroter un calva en fin de soirée.

52 Quai Sainte-Catherine, 14600 Honfleur, 02 31 89 14 19

 

Un restaurant (enfin, deux) : le Vieux Honfleur (pour le déjeuner)

Si la Reine d’Angleterre est venue déjeuner ici, c’est surement tout sauf un hasard, vous ne croyez pas ? C’est le seul restaurant valable sur le Bassin. Cuisine régionale. Le repaire également de Michel Serrault, qui aimait y déguster un bon poisson.

13 Quai Saint-Étienne, 14600 Honfleur, 02 31 89 15 31

L’Absinthe (pour le dîner) C’est LA bonne table d’Honfleur, le restaurant gastronomique par excellence, avec trou normand en prime. Ancienne maison de garde anglais pendant la Guerre de Cent Ans, l’endroit mêle authenticité rustique et luxe moderne. Le plateau de fromages est démesuré : demandez conseil pour accorder les saveurs. La salle est immaculée, douce, calme, agrémentée de jolies poutres apparentes. Chez ces gens là, on a de bonnes manières.

10, quai de la Quarantaine 14600 Honfleur, 02 31 89 23 23

Et encore : le SaQaNa, auquel Simon Says a déjà rendu visite.

Un musée : le musée Eugène Boudin.

En haut de la rue de l’Homme de Bois, sa rue, son musée. Boudin est le peintre d’Honfleur. Ses couleurs pastel ont sondé le ciel de l’estuaire à une époque où les paysages étaient loin de faire l’unanimité chez les amateurs d’art. Il aura fallu l’œil visionnaire de son compagnon Baudelaire pour que Boudin poursuive, persévère. Aujourd’hui, son musée accueille 2500 peintures, sculptures, dessins et gravures qui raviront les nostalgiques de cette douce époque.

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Rue de l’Homme de Bois, 14600 Honfleur, 02 31 89 54 00

Un brocanteur : le Grenier de Honfleur

C’est là, coincés entre un PMU et une agence immobilière, que se cachent quelques trésors. Ouvert depuis peu, ce dépôt vente regorge de vieilleries, d’objets chinés, de tableaux, bref, un lieu où l’on aime se perdre, admirer, écouter, car ceux qui tiennent ce genre d’échoppes sont intarissables sur les raisons qui les ont poussé à acheter ce bureau en noyer, cette immense malle ou cette lampe art déco.

40, rue de la République, 14600 Honfleur, 02 31 14 00 84

Jérémy Collado

  • Catherine Thenes
    12 février 2014 at 9 h 51 min

    Dans un bel article qui cite pèle-mêle Baudelaire, Boudin, Allais et la Guerre de Cent ans, pourquoi est-il écrit que les Anglais « déblatèrent » dans le bar Le Perroquet vert ?
    Est-ce une info ? Qu’apprend-on de plus sur Honfleur, ses bonnes adresses, son passé, son devenir, ses fantômes ?

  • Jeremy
    12 février 2014 at 15 h 58 min

    Voilà, « bavarder » est peut être le mot plus approprié. C’est peut être une info, peut être un indice, peut être autre chose, en tout cas c’est une petite anecdote qui vous prouve à quel point l’ambiance est cosy… 😉

  • Catherine Thenes
    13 février 2014 at 9 h 27 min

    J’entends bien votre volonté de restituer l’ambiance cosy du lieu. Mais vous cassez votre effet en utilisant le verbe déblatérer qui a une forte connotation d’agressivité, d’hostilité, de véhémence.
    Cela suggère que vos Anglais étaient en train de « casser du sucre » sur le dos de quelqu’un avec force effets de voix et de manches. Rien à voir avec une atmosphère feutrée…
    Les mots ont un sens, même quand ce n’est pas celui que vous leur prêtez.
    Cordialement et vive Honfleur (je garde vos bonnes adresses pour une prochaine visite sur place) !

  • Jeremy
    13 février 2014 at 10 h 49 min

    Dont acte !

  • Jacques Lamothe
    13 février 2014 at 23 h 24 min

    Mais enfin, si Jeremy, le jour où il est passé dans ce bar, a fait ce que l’on fait tous, écouter la conversation de nos voisins , saisir des bribes d une histoire d amour qui débute ou qui finit, entendre des Anglais lecteurs du Sun déblatérer sur les Français ( à Nice, pour parler de l’occupation essentielle qui consiste à dire du mal des gens, on utilise le verbe ficanasser) pourquoi ne le dirait il pas ?

    Jeremy, quand vous venez a Nice, on se rencarde.

    • Magali
      19 février 2014 at 9 h 49 min

      Cher Jacques, à Nice, le verbe « ficanasser » ne signifie pas dire du mal des gens, mais chercher à connaître et divulguer des potins sur les uns et les autres. Cela vient de l’expression « fica lou nas » « mettre le nez » dans les affaires des autres quoi ! Mais il est vrai qu’il s’agit de l’occupation principale non pas de Nice, en général, mais du Vieux-Nice ! Bien à vous.

  • Magali
    19 février 2014 at 10 h 09 min

    Quoiqu’il en soit et pour revenir à l’article, superbes photos !