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Tokyo Cervigni nous emmène à la découverte du Grain de Riz…
Il y a certaines adresses que chacun d’entre nous souhaite garder uniquement pour soi, dans une sorte de narcissisme gourmand. Ces sont des lieux fétiches, qui soupçonnent la partie la plus vraie de notre caractère. Ils racontent nos passions et nos envies. On les garde pour nous, simplement pour qu’ils restent comme ils sont, dans la pureté dans laquelle nous sommes tombés amoureux.
Voici le Grain de Riz, table cachée à côté de la place Voltaire : petit univers pour se réfugier entre amis. C’est ici que Chi, ravissante cuisinière Vietnamienne, prodigue ses mets et son sourire.
Pourquoi aimer cette table ?
Parce que dans l’improbabilité de son décor, on devient complices de sa cuisine. Inutile de demander la carte, même l’ardoise dort depuis longtemps dans un coin du restaurant. Ici, on suit nos yeux, nos papilles. Et on indique les plats, posés un peu partout, qui nous font saliver le plus. L’un après l’autre, sans suivre aucun ordre logique :
Les feuilles aromatisées avec bœuf et citronnelle sont des bonbons de bonheur, le bouillon avec raviolis de crevette est intense et s’ancre à votre palais comme rien d’autre.
Ici, on est comme à Saigon. Il y a même des bouteilles avec des cobras noyés dans la liqueur posés sur les étagères. Le bon souvenir de cette minuscule table ne vous quittera pas facilement, comme son odeur d’ailleurs, qui se figera sur vos vêtements pour le reste de votre journée.
Tokyo Cervigni
Photos : Simone Tondo
Le Grain de Riz
49, rue Godefroy Cavaignac 75011 – Paris
Ouvert du mardi au samedi, déjeuner et diner.
Prix : Environ une quinzaine d’euros par personne, un peu plus si vous êtes gourmands.
Macha
29 août 2015 at 1 h 25 minCe lieu est un déchirement. Une frustration où la contradiction devient supplice. Actuellement le meilleur bobun de Paris, des saveurs intenses, de la musique dans l’assiette, de l’inspiration, de la vie, une bonne dose de bordel salutaire. Bref, tout le contraire des « cantines » léchées de mon quartier avec leurs menus insipides qui se ressemblent tous, fausse désinvolture étudiée, regards glacials, de l’arnaque assumée, crâne, généralement admise par le client. Seulement, même pour avoir avalé dans les pires bouisbouis de l’Asie des soupes à pleurer de bonheur et de piment, je reconnais atteindre là les limites de ma tolérance au crade. Entre la serpillière qui sert à nettoyer les tables et les couverts aux allures douteuses, c’est un vrai bouillon de culture. Je surmonte le dégoût et j’y reviens, priant pour que l’épidémie du clean chirurgical n’atteigne pas ce havre où barbouille le génie. J’y reviens le regard fuyant, esclave des petites crêpes au boeuf et aux arômes. Le point de rupture où le plaisir, indissociable de la révulsion, devient vice. Encore…